Technologie: des mobylettes à essence devenues des motos électriques

Le promoteur Hamidou Kaboré explique comment charger les batteries.

Avec l’apparition dans les années 2000, des motos à vitesse que sont la « Yamaha, Best, Crypton, Sanili, Aloba, Nano Spark, Finn, Rato, Winner, Sirius, Scooter », les vieilles mobylettes comme la Peugeot CT, la Tassaba, la P50, la Camico, la Nindja et la Delta sont aujourd’hui délaissées et pour la plupart oubliées, à tel point qu’il est difficile d’avoir encore le carburant (le mélange) pour les faire fonctionner. Mais grâce au génie créateur du Technicien généraliste spécialisé dans l’électro mécanique, Hamidou Kaboré, ces engins ont retrouvé une seconde vie. Transformées en motos électriques, elles sont aujourd’hui des engins plus rapides, efficaces, économiques et écologiques. Découverte de son atelier !

Technicien généraliste spécialisé dans l’électro mécanique depuis 2005 au lycée technique de Ouagadougou où il a passé le Baccalauréat F3, Hamidou Kaboré a créé son atelier
de travail dénommé « Savane électricité moderne » en 2006.

Situé au quartier Pissy, l’atelier est spécialisé dans l’électricité bâtiment, câblage, énergie solaire, réseau, maintenance et installation. Mais depuis 2024, Hamidou Kaboré, recycle les vieilles mobylettes en panne ou abandonnées pour les transformer en mobylettes électriques.

Tout est parti d’un constat que ces mobylettes sont vendues à vil prix, soit à 1 500 FCFA, alors que de par le passé, il fallait débourser des centaines de milles F CFA pour se
les procurer. « Il fallait être d’une certaine classe sociale pour pouvoir en acheter », indique le technicien. De là, l’idée lui est venue de faire un recyclage en les revalorisant, d’où leur transformation en motos électriques. « J’ai commencé par transformer ma propre
mobylette que je possédais en faisant des modifications au niveau du moteur. Au lieu d’utilise le carburant, j’ai installé un moteur électrique, chargeable à tout moment », confie le promoteur qui est visiblement satisfait du résultat de son innovation. Tout est donc parti de là. 

3 étapes  dans la transformation

 « Pour la transformation, nous faisons d’abord la soudure, c’est-à-dire la tôlerie de l’engin. A cette étape, l’engin est modifié à une forme souhaitée par le client pour lui donner un nouveau visage. Ensuite, il y a la phase électronique qui consiste à mettre un moteur 100% électrique en lieu et place de celui à essence et enfin l’étape de finition qui est la peinture », explique-t-il. La mobylette à l’état neuve est 100% électrique avec un tableau de bord qui indique le kilométrage et un écran de charge qui indique le niveau de la batterie. 

« L’usager n’a plus besoin de pédaler pour démarrer, il lui suffit juste d’appuyer sur le bouton de démarrage et la mobylette s’active et est prête à rouler. L’autonomie de la

Le prix de la BN-25 varie entre 275 000 F CFA et 325 000 F CFA.

charge est de 60 km et lorsque la batterie est déchargée, le signal apparaît sur l’écran de bord. Il suffit de brancher le chargeur à une prise. Cela peut se faire aussi avec les plaques solaires. On peut aussi la recharger à 200 F CFA avec des particuliers », ajoute Hamidou Kaboré. A travers cette technologie, celui-ci épouse la maxime qui dit que « rien ne se perd, tout se transforme ». Pour son approvisionnement, l’atelier collecte les mobylettes abandonnées ou vendues. « On les reçoit de partout. Certains viennent juste se débarrasser des déchets encombrants », soutient M. Kaboré. 

Des engins écologiques

 Il a nommé sa trouvaille la « BN-25 » faisant référence à Burkina nouveau 2025. Elle est munie d’un phare avec des clignotants, le tout conditionné d’un système de sécurité à base d’une commande d’alarme. Avec le système électrique, plus question de polluer l’air du fait des gaz d’échappement.

« C’est donc une moto écologique car elle contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre qui sont relâchés par le fonctionnement des moteurs à essence », relève le promoteur. En plus, les batteries sont renouvelables et disponibles sur le marché. La BN-25 est économique car l’usager ne dépense que le prix de la charge qui est de 200F CFA pour 60 km, alors que pour le carburant  (le mélange), l’usager peut dépenser 2 000 F CFA voire plus et ce type de carburant se fait de plus en plus rare de nos jours. Le prix de la BN-25 varie entre 275 000 F CFA à 325 000F CFA l’unité. Il lui faut deux semaines de travail intense pour arriver à transformer une moto. « Nous avons déjà réalisé et livré une douzaine de mobylettes électriques pour différents clients à Ouagadougou et dans d’autres villes du Burkina Faso », indique le technicien Kaboré.

L’aventure du « génie de la mécanique » ne se limite pas aux mobylettes, il transforme également les vieilles motos à vitesse  à l’image des Scooter, Sparks 115. « Certes, au commencement, il était question de rénover les vieilles mobylettes, mais aujourd’hui avec les effets du changement climatique, il est important d’avoir des motos électriques pour réduire la pollution tout en répondant au besoin de la clientèle », renchérit-il. 

Les motos à vitesse sont également transformées en électrique.

Hamidou Kaboré ambitionne de fabriquer des mobylettes électriques « made in Burkina ». Mais faute de moyens, il se concentre sur le recyclage et la transformation des vieilles mobylettes en attendant. Il aurait bien besoin d’une plus grande visibilité, d’un apport en matériel et d’une main d’œuvre plus abondante. 

« Nous avons besoin de l’aide de toutes les bonnes volontés et partenaires pour dynamiser ce secteur d’activités pourvoyeur d’emplois », plaide le promoteur. 

Un suivi technique

Lorsque le client entre en possession de sa nouvelle mobylette, l’atelier lui offre une garantie et un suivi d’un an. Le suivi couvre les réparations des pannes. « Si le client est loin de l’atelier, un technicien le rejoint pour la réparation. Il faut signaler que les pannes sont rares vu que ce sont des engins électriques », nous informe-t-il. Yassia Maïga est un client venu pour récupérer sa nouvelle mobylette électrique.

Il déclare avoir appris l’existence de l’atelier de recyclage des vieilles mobylettes à travers les réseaux sociaux. « Après avoir pris rendez-vous avec le promoteur, j’ai envoyé ma vieille bécane pour transformation », confie-t-il. Visiblement satisfait du travail, M. Maiga estime que cette rénovation va lui permettre d’économiser sur le prix du carburant. « J’apprécie beaucoup ma nouvelle mobylette électrique car elle est facile à manipuler », se réjouit-il. 

Grâce à cette technologie de rénovation, le promoteur emploie 5 agents dans son atelier. Des étudiants viennent faire des stages en vue de maîtriser sa technique de fabrication. M. Kaboré salue l’initiative du gouvernement qui prône et valorise le savoir-faire endogène tout en créant de l’emploi pour les jeunes. 

Gbetcheni Bertrand 

Constantin KAMBIRE 

 

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.