La 1re session de soutenances de Masters de recherche et intervention au département de philosophie et de psychologie de l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou a eu lieu le mardi 15 décembre 2020. L’étudiante, Maïmounata Marie Béatrice Kéré a ouvert le bal avec pour thème de mémoire : « Travail de deuil et trouble de stress post-traumatique chez trois femmes déplacées internes à Barsalogho suite à des conflits communautaires et attaques terroristes ».
Le département de philosophie et de psychologie de l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, plus précisément la filière psychologie, accueille ses premières soutenances de Masters. La session inaugurale s’est ouverte le mardi 15 décembre 2020 dans l’enceinte du temple du savoir. C’est l’étudiante Maïmounata Marie Béatrice Kéré qui a eu la primeur de soutenir son mémoire de Master de recherche et intervention, option : psychologie clinique et psychopathologie. « Travail de deuil et trouble de stress post-traumatique chez trois femmes déplacées internes à Barsalogho suite à des conflits communautaires et attaques terroristes », est le thème de son mémoire. Au cours d’un stage professionnel sur le site des personnes déplacées internes (PDI) de, dans la région du Centre-nord, Maïmounata Béatrice Kéré, s’est intéressée aux femmes qui ont perdu des proches, notamment leurs époux, du fait des attaques terroristes ou du conflit communautaire de Yirgou. Durant son stage, elle s’est rendu compte que ces dernières avaient des difficultés à faire le deuil des êtres chers, d’où l’intérêt d’appréhender leur situation sous l’angle psychologique. Trois femmes âgées au moins de 18 ans ayant perdu leurs époux ont été retenues pour son étude. Il est ressorti de ses analyses qu’un trouble de stress post-traumatique entrave le travail de deuil chez ces dames. Selon l’impétrante, les « symptômes de réviviscence et d’hyperactivation » et « l’attachement de type ambivalent ou anxieux-dépendant » constituent des obstacles au dépassement de deuil chez ces femmes au regard des circonstances de décès des êtres chers. « Le travail de deuil chez les femmes déplacées internes est entravé par la sévérité du trouble de stress post-traumatique. La menace ou la reproduction à long terme d’événements critiques constituent également des entraves au travail de deuil chez ces dernières », a-t-elle expliqué. Pour Mlle Kéré, le travail de deuil se comprend selon Freud par un processus de « désinvestissement du défunt », c’est-à-dire l’intégration de l’événement dans la psyché à travers une prise de conscience de la perte de l’être cher et son acceptation. « Comme indications psychothérapeutiques, notre analyse a montré qu’il faut passer par un processus de dégagement de l’impact traumatique à travers le déchocage psychique et émotionnel ; et la restructuration cognitive et l’autonomisation affective », a indiqué la psychologue.
« Prise en charge psychosociale »
En termes de perspectives d’études, Maïmounata Marie Béatrice Kéré, a confié qu’elle souhaite élargir l’échantillon à plusieurs personnes.
Le jury, présidé par Pr François Kona M’Bra de l’université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan en Côte d’Ivoire a salué le travail de l’étudiante qui s’est distinguée par une maîtrise du thème.
« Le thème abordé par Mlle Kéré est d’actualité. Tout le monde est conscient des conséquences perverses des violences qui ont cours dans la sous-région font courir à la population. Il importe, pour atténuer la souffrance qui découle de ces conséquences, que les spécialistes et les techniciens prennent leur part de responsabilité. Les résultats de ce travail peuvent être exploités pour la prise en charge psychosociale des déplacés internes endeuillés », a souligné le Pr M’Bra. Le responsable pédagogique du Master de recherche et intervention en psychologie, Dr Léopold Badolo, a soutenu que le travail de Mlle Kéré fait une « bonne impression ». « Elle a adopté une démarche théorique claire et a une maîtrise du langage psychologique. En dépit de quelques imperfections, c’est un travail de qualité », a-t-il précisé. A l’unanimité, le jury a octroyé la mention « Très Bien » avec la note de 17/20 à Maïmounata Marie Béatrice Kéré. La première promotion de Master en psychologie date de l’année académique 2017-2018. C’est sur test de recrutement qui se fait l’inscription au Master. Pour cette première session, ce sont une vingtaine d’étudiants qui devront soutenir leur mémoire. La seconde vague est prévue pour janvier 2021. Le responsable pédagogique a laissé entendre que c’est un long processus entamé depuis 2011 pour aboutir à la mise en place du Master. Dr Léopold Badolo a traduit sa reconnaissance à ses collègues du département de philosophie qui ont soutenu leur initiative du Master de recherche et intervention en psychologie.
Karim BADOLO