Vaincre ensemble

Hier dimanche 12 mai, une énième série d’attaques non revendiquées a semé la mort dans la commune de Dablo dans le Centre-Nord du pays. Le bilan, selon les autorités communales, fait état de six personnes tuées, dont un prêtre et cinq fidèles catholiques au moment de la messe dominicale.

Ainsi donc, des attaques revendiquées aux attaques anonymes, les représentants de l’Etat, et plus gravissime, des communautés religieuses en sont venues à être prises pour cibles. Comme en représailles à l’intensification de la lutte contre l’entreprise terroriste sur le sol burkinabè depuis le déclenchement de l’opération à succès «Otapuanu» début mars 2019 dans les forêts du grand Est et la libération de quatre otages occidentaux des griffes des cellules terroristes par une action conjointe de nos Forces de défense et de sécurité (FDS) et de leurs homologues français et américains. Face aux insidieux tirs au flan de l’ennemi, qui espère saper le vivre-ensemble, la nation doit résister. Il faut impérativement préserver la paix sociale.

Cette paix qui ne va jamais de soi et sur laquelle il faut veiller pour déceler tout ce qui mine, petit à petit, les équilibres chèrement acquis et perturbés, souvent involontairement, par ignorance ou par négligence. Il n’est donc pas question de lâcher prise face à la complexité évidente de la donne sécuritaire actuelle.

L’ennemi tente de tisser sa toile sur la terre de nos ancêtres, mais il ne parviendra pas face à la bravoure du peuple. C’est en cela, qu’il faut saluer l’accroissement des moyens et des capacités opérationnelles des forces armées nationales, grâce notamment à des appuis extérieurs. Cette action conjuguée a permis d’apporter une riposte conséquente, qui a permis de tuer dans l’œuf des projets d’attentats, de démanteler et de neutraliser des cellules terroristes. Et plus récemment de mener avec succès des opérations militaires en collaboration avec des pays amis. La libération des otages français, sud-coréen et américain est la parfaite illustration de cette collaboration, qui devra se renforcer au fil du temps. De sources sécuritaires introduites, cette opération a été menée de bout en bout avec le détachement de l’armée française et les forces spéciales burkinabè.

Du suivi du convoi des ravisseurs depuis la frontière du Niger jusqu’à l’assaut auquel 15 à 18 de nos «boys» ont pris part, rien n’a été laissé au hasard. En amont, la collaboration entre l’Agence nationale de renseignement (ANR) et la Direction générale des services extérieurs (DGSE) a tourné à fond pour fournir, en liaison avec les services américains, les renseignements opérationnels qui ont permis de libérer les otages. Malheu-reusement, deux militaires français sont tombés sur le champ d’honneur. Si l’opération a été un succès, de nombreuses questions taraudent les esprits. Y a-t-il eu des négociations préalables ou non avec les ravisseurs ? Sur quoi ont-elles buté ? Pourquoi en est-on arrivé à une option militaire ?

Les jours à venir nous permettront, peut-être, de lever un coin de voile sur ces questionnements. Il faut espérer que cette coopération militaire conjointe, voulue par le Burkina Faso au terme des accords du 17 décembre 2018, puisse se poursuivre dans d’autres circonstances. Ce qui permettra de délivrer, au besoin, d’autres otages aux mains des groupes qui écument le Sahel, depuis plusieurs années et de réduire l’extrémisme et ses dangereuses dérives communautaires.

Par Mahamadi TIEGNA

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