L’ancien président français, Valéry Giscard d’Estaing (VGE), est décédé le mercredi 2 décembre 2020 à l’âge de 94 ans. Troisième président de la Ve République française, il est arrivé au pouvoir, sous la bannière de l’Union pour la démocratie, précédé de deux faits majeurs. En effet en 1974, une crise pétrolière bouleverse la donne économique. Mais, déjà ministre de l’Economie dans le gouvernement de Georges Pompidou, l’énarque avait su poser les bases d’une économie qui « résiste » bien aux turbulences des effets néfastes du pétrole en crise.
C’est la période où les Français disaient haut et fort que « la France n’a pas de pétrole, mais elle a Valéry Giscard d’Estaing » comme pour saluer le génie de cet homme décrit comme « surdoué » et affable. En plus de cette réussite apparente, VGE s’attaque à des réformes qui lui survivent jusqu’à aujourd’hui.
Six au total qui ont « révolutionné » la société française, parce qu’à l’époque ces réformes étaient osées. A côté, il a, avec le chancelier allemand de l’époque, Helmut Schmidt, lutté pour une Europe plus forte. Il se met dans les traces d’un certain général de Gaulle, pas celles de son prédécesseur immédiat Georges Pompidou.
Gaullisme sans être Gaulliste ? En tout cas, VGE va réussir avec son allié allemand à mettre en pôle position la nécessité d’une Europe unie, forte face aux enjeux politico-économiques. Là aussi, c’est la réussite. Puisque, même après son mandat présidentiel, fini « abruptement » en 1981, l’Europe sollicitera ses compétences pour asseoir ses textes. Il serait celui qui a proposé l’Euro en lieu et place de l’Ecu.
Deux images fortes collent à Giscard d’Estaing.
En France, il demeure l’homme des réformes. Giscard d’Estaing, malheureusement, n’a pas toujours pu jouir des fruits de ses réalisations. A-t-il été habité par cette affaire dite de diamant qui l’a précédé au pouvoir lorsqu’en 1971, il a reçu du président Jean Bedel Bokassa plusieurs carats de métal vert ? Oui, assurément, puisque malheureusement, celui qui était au centre de ce deal, le président Jean Bédel Bokassa, alors président de la République centrafricaine, en 1979, soit deux ans avant la fin du premier septennat de VGE, se fait introniser empereur avec une suite sanglante de milliers d’enfants tués. Si la presse africaine à l’époque était moins bruyante, celle hexagonale a bien rué sur les brancards.
Ceci explique-t-il son échec en 1981 face à François Mitterrand ? En tous les cas, Giscard a été battu et parti comme il est arrivé, par surprise. Son dernier message aux Français en dit long sur son dépit. Mais à la vérité, il ne s’est jamais éloigné de la politique. Il mordra la poussière en voulant devenir maire d’Auvergne ou être rédacteur dans un journal. Rêvant de devenir littéraire, VGE n’a pas réussi là-bas non plus. Aujourd’hui, le nonagénaire laisse, à Abidjan, un grand boulevard de huit kilomètres qui porte son nom. Excepté cela, l’on retient de Giscard d’Estaing, l’affaire des diamants.
Jean Philippe TOUGOUMA