Le président du Conseil constitutionnel (CC), Me Barthélémy Kéré, a animé une conférence de presse pour annoncer la célébration prochaine des 25 ans de l’institution le lundi 21 juillet 2025, à Ouagadougou.
Créé par la loi organique du 27 avril 2000, le Conseil constitutionnel (CC) fête son 25e anniversaire en 2025. Les premiers responsables de l’institution ont décidé de marquer d’une pierre blanche ce jubilé d’argent à travers une série d’activités. Elles ont été présentées à la presse le lundi 21 juillet 2025, à Ouagadougou. Aux dires du président du CC, Me Barthélémy Kéré, un colloque international sera organisé à Ouagadougou, du 29 au 31 juillet 2025, sur le thème : « Deux décennies de fonctionnement du Conseil constitutionnel : contribution à la construction de l’Etat de droit et perspectives ». En outre, a-t-il indiqué, des tournées régionales de sensibilisation sont prévues au cours de la célébration, en vue de rapprocher le Conseil constitutionnel des citoyens. Une session de renforcement de capacités des membres du CC est aussi au programme, a noté Me Kéré. Selon lui, cette activité sera organisée en partenariat avec le Conseil supérieur de la magistrature et le Fonds des nations unies pour le développement (PNUD). La commémoration des 25 ans du CC sera aussi marquée par la publication d’un recueil de jurisprudences, commenté par des experts burkinabè, retraçant les décisions majeures rendues de 2002 à 2024. « Ce programme vise à faire de cette célébration une rampe de lancement vers un CC plus accessible, efficace et enraciné dans les aspirations démocratiques du peuple burkinabè », a précisé le président de l’institution. D’ores et déjà, il s’est réjoui des acquis déjà engrangés en 25 ans de vie de l’institution. Pour lui, le CC a joué, avec brio, durant toutes ces années son rôle de gardien de la Constitution et de pilier de la démocratie.
Par ailleurs, a ajouté Me Kéré, le CC s’est imposé comme un acteur influent par sa jurisprudence. « Il a enrichi le bloc de constitutionnalité, étendu la portée des droits garantis et tranché des questions majeures, comme l’adhésion à l’Union africaine (2001), la censure de lois organiques non conformes (2005, 2007), ou encore l’interprétation du contexte sécuritaire dans la révision constitutionnelle de janvier 2024 », a-t-il détaillé.
« 25 ans, c’est un tournant »
Bien qu’étant une institution autonome qui incarne la séparation des pouvoirs, de nombreux défis s’opposent au CC, selon son premier responsable. Il a cité entre autres, l’obsolescence de ses textes fondateurs qui nécessitent, à ses dires, une relecture. Il s’agit selon lui, d’adapter la loi organique pour renforcer l’efficacité du Conseil constitutionnel, clarifier le statut de ses membres, encadrer l’autosaisine et permettre l’accès direct des citoyens.
En outre, le contexte national et régional d’instabilité politique et sécuritaire appelle le CC à une réflexion profonde sur son rôle, foi de son premier responsable. « Dans un monde marqué par la quête de souveraineté et la remise en cause des modèles hérités, le juge constitutionnel doit être à la fois gardien des principes fondamentaux et acteur d’une refondation ancrée dans les réalités endogènes. C’est dans cet esprit que nous préparons une réforme ambitieuse, pour hisser notre Conseil au rang des juridictions constitutionnelles modernes, garantes des droits, de la stabilité institutionnelle et de la démocratie », a-t-il déclaré.
Mais qu’est ce qui va changer pour l’institution après cette célébration ? Ont voulu savoir les journalistes. « 25 ans, c’est un tournant », est convaincu Me Barthélémy Kéré. Il est persuadé que les recommandations du colloque vont permettre de rapprocher davantage l’institution de la population. Du reste, son souhait est de rendre le CC plus moderne. « Actuellement, ni nos textes, ni nos décisions ne sont sur notre site. Nous devons donc travailler de telle sorte que la communication avec le public soit plus fluide », a-t-il indiqué. Mais déjà, le recueil de jurisprudences va permettre, foi de Me Kéré, d’ouvrir l’ensemble des décisions du CC au public avec des clés de consultation pour élargir le débat entre l’institution et les citoyens.
Nadège YAMEOGO
Tambi ZONGO