«Les enseignants – ceux du cours maternel autant que ceux des universités – forment une armée noble aux exploits quotidiens, jamais chantés, jamais décorés », disait Mariama Bâ, éducatrice et romancière sénégalaise. Au Burkina Faso, la donne change progressivement et dans le bon sens. En effet, comme depuis quelques années, l’excellence en milieu scolaire a une fois encore été célébrée par les plus hautes autorités du pays. Avec la présence effective du Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, le monde de l’éducation s’est donné rendez-vous, le vendredi 23 août 2024, pour récompenser les meilleurs apprenants et encadreurs de l’année scolaire 2023-2024.
Au-delà des prix en nature et en espèces reçus par les lauréats, ces récompenses sont une reconnaissance au sommet de l’Etat d’une catégorie particulière d’Etalons méritants dans leur secteur d’activité : celui du combat sans cesse contre l’ignorance, le terreau de beaucoup de maux de la société dont le terrorisme auquel le pays est confronté.
A quelques semaines de la rentrée des classes, cette cérémonie vaut son pesant d’or parce qu’elle invite les lauréats à redoubler d’efforts dans la culture de l’excellence et interpelle tous les acteurs du système éducatif à s’inscrire dans cette dynamique. D’où les félicitations du premier des Burkinabè qui visent à les galvaniser et à les amener à maintenir le cap. « Grace à eux, le Burkina Faso tient debout. Donc nous ne pouvons que les remercier », s’est réjoui le capitaine Ibrahim Traoré.
En dépit d’un contexte austère à l’apprentissage et à l’encadrement dans certaines zones, des femmes et des hommes ont donc combattu le bon combat pour sortir les enfants, l’avenir de toute une nation, de tentations diverses. La prouesse d’enseignants et d’apprenants des zones à fort défi sécuritaire qui sont même parvenus à se hisser au haut du podium, illustre à la fois une résilience et une prise de conscience pour gagner en partie la bataille contre les forces du mal grâce à l’action conjuguée de la craie et du stylo pour façonner un citoyen guidé uniquement par l’intérêt supérieur de la Nation.
La réouverture des établissements scolaires dans les localités libérées résulte elle aussi, d’une volonté constante de gagner une autre bataille pour que des enfants ne soient pas abandonnés à eux-mêmes au point de constituer à l’avenir, une autre épine pour la Nation. Il est donc indispensable de célébrer l’école sous tous ses aspects afin de forger l’Etat, dynamiser la République et construire la Nation.
Sans forcément être le passeport idéal pour un emploi dans l’administration publique ou le secteur privé, l’école a au moins le mérite d’aider à grandir, à s’assumer, d’éveiller les consciences, de pousser à la réflexion et de fournir les rudiments d’une certaine autonomie voire une indépendance dans la vie active.
A l’image de l’Appel de Gaoua en 1984 sur la qualité de l’enseignement, il sied dans le contexte actuel, d’asseoir une vision claire de l’école burkinabè afin que celle-ci serve de rempart contre toute menace existentielle. Sauver l’école burkinabè à ce moment précis de l’histoire du pays est aussi un challenge, au même titre que tous les autres enjeux de survie comme la reconquête du territoire, la sécurité alimentaire, etc. Le savoir, le savoir-faire et le savoir-être sont incontournables pour tracer en toute sérénité les sillons du progrès en s’appuyant sur des générations présentes et futures, conscientes de leurs responsabilités.
Manquer ce virage sera une catastrophe parce que pour détruire une nation, il suffit de s’attaquer à son système d’éducation. Cette menace, le peuple burkinabè et ses dirigeants actuels n’en sont pas moins conscients. C’est pour quoi, malgré l’adversité, le système éducatif burkinabè tient toujours la dragée haute en Afrique francophone.
La rencontre annuelle de distinction en milieu scolaire apparaît donc comme un tremplin pour rappeler à tout Burkinabè la nécessité de cultiver l’excellence quel que soit le domaine d’activités. La lueur d’espoir entretenant le sentiment d’un Burkina nouveau doit être capable de redonner à l’école burkinabè ses vertus en consacrant la respectabilité et la dignité de l’enseignant en même temps qu’elle renvoie l’apprenant et les parents à leurs devoirs et obligations.
Au moment où la devise du pays « La Patrie ou la mort, nous vaincrons », est de mise et pour que l’appellation « Homme intègre », ne soit pas un vain mot, il est impérieux de bâtir une citoyenneté vertueuse. Une telle ambition ne peut reposer que sur une école qui promeut l’excellence, l’intégrité et la dignité.
Par Assetou BADOH