Abdallah Golo, secrétaire permanent de la relève sportive: « Les EFORS se portent très bien »

Pour Abdallah Golo, secrétaire permanent de la relève sportive, les EFORS existaient sous le CNR en 1983 lorsque Thomas Sankara avait suspendu toutes les fédérations.

La VIe édition de la compétition des Ecoles de formation pour la relève sportive (EFORS) s’est tenue, du 6 au 12 juillet 2025, à Ouahigouya dans la région de Yaadga. Au sortir de ces jeux, le Secrétaire permanent (SP) de la relève sportive, Abdallah Golo, dresse à travers les lignes qui suivent le bilan de la compétition, évoque les activités de la compétition et les perspectives pour en faire de véritables leviers de renouvellement de l’élite sportive au Burkina Faso.

Sidwaya (S) : Les 6e jeux de la relève sportive viennent de s’achever à Ouahigouya. Quel bilan en faites-vous ? 

Abdallah Golo (A.G.) : Le bilan, c’est d’abord le pari de Ouahigouya qui a été gagné parce que ce n’était pas très évident vu les conditions particulières de la zone. Mais Ouahigouya a réussi en termes de mobilisation, d’accompagnement, de sécurité. Toutes les conditions étaient vraiment réunies et les choses se sont très bien déroulées. Nous avions 884 athlètes dont 140 filles, 669 garçons et 75 entraineurs qui ont pris part à cette VIe édition de la compétition. Ce sont des motifs de satisfaction quand on sait que beaucoup de gens ne connaissent pas les EFORS. 

S : Quel était le défi particulier de ces 6e jeux ?

A.G. : C’était de faire connaitre les EFORS parce qu’on n’en parlait pas suffisamment. C’était aussi de montrer aux Burkinabè et aux yeux du monde que des enfants ont été formés et qu’il y a de la matière au niveau de ces écoles de formation de la relève. Et que surtout l’argent du contribuable burkinabè n’a pas été jeté par la fenêtre comme ce que certains tentaient de faire croire. Les EFORS existaient sous le CNR en 1983 lorsque Thomas Sankara avait suspendu toutes les fédérations. Beaucoup de champions sont sortis de ces écoles de l’époque. Nous n’avons donc pas inventé la roue. C’est cette expérience qui est revenue sous une autre forme que nous appelons EFORS. 

S : Sur le plan technique les attentes ont-elles été comblées vu qu’on avait affaire à des apprenants ?

A.G. : A ce niveau, il y a également des motifs de satisfaction car nous avons vu de beaux spectacles. Si nous devions faire une évaluation de ces athlètes, je dirais qu’il y a de la matière. On sent que les enfants s’appliquent, ils apprennent aux côtés des coachs dans la rigueur et la discipline et le niveau est fort appréciable.

S : Quelle est la suite à donner à ces champions qui se sont illustrés dans les différentes disciplines lors de cette compétition ?

A.G. : Il y a déjà beaucoup qui jouent dans les équipes nationales notamment en volleyball, en basketball, en lutte, en cyclisme, en athlétisme. Il y a une compétition de scolaires en Algérie au mois d’août et il y a près d’une quinzaine d’athlètes des EFORS dans sept disciplines sportives qui ont été sélectionnés en équipe nationale pour participer à ces jeux. Il faut dire que la carrière d’un sportif se complète en club et il y a déjà certains qui, étant dans les EFORS, sont dans des clubs. J’en veux pour preuve les EFORS-Centre au sein desquelles plus d’une dizaine de joueurs évoluent à l’Académie foot plus (AFP) de Amado Traoré. Ces produits des EFORS ont été utilisés pour jouer le championnat U15 de football pour lequel ils ont été finalistes, il y a quelques jours. Il s’agira donc pour nous de signer des conventions avec les clubs pour pouvoir suivre la carrière de ces sportifs. Mais cette promotion des EFORS sera accompagnée par l’Etat jusqu’en 2028 pour atteindre huit ans de formation car une formation complète en football par exemple dure huit à dix ans. Nous nous sommes rendu compte que les cinq ans prévus au départ étaient insuffisants.

S : Parlant des EFORS, comment se portent ces écoles six ans après leur naissance ?

A.G. : Les EFORS se portent très bien. Les coachs continuent de faire leur travail, le ministère continue d’accompagner et les perspectives sont bonnes. C’est sur la base de ces écoles de formation de la relève que le ministère a demandé au Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, de faire de la formation une réalité. Le président a été attentif et a accompagné le ministère à travers la construction de 13 académies de sport dont le lancement a été effectué et c’est au profit de la formation des EFORS dans l’ensemble des régions du pays. On n’y fera uniquement que de la formation comme ce qui se passe ailleurs. 

S : Le processus a été progressif depuis 2019. Combien d’EFORS sont opérationnelles à nos jours et en termes de maillage du territoire où est-ce que nous en sommes ?

A.G. : Les 26 écoles de la formation de la relève sont opérationnelles. Aucune n’a fermé. Il y a le fait peut-être que les effectifs bougent. Un enfant qui se trouve à Dori et dont les parents sont affectés à Ouagadougou, rejoint systématiquement l’EFORS du Centre. C’est pour cela que vous trouverez l’EFORS football du Centre par exemple avec plus d’une trentaine de pensionnaires, sinon au départ c’est 25 pensionnaires par école. Dans toute formation, il y a la déperdition mais à notre niveau, elle est moindre parce que les enfants et les parents ont travaillé au maintien des apprenants dans ces écoles pour le sérieux et la rigueur qui s’y trouvent.

S : La formation telle qu’envisagée dès le départ se poursuit-elle comme il le faut ?

A.G. : Oui la formation telle qu’envisagée au départ a été entamée et se poursuit normalement. C’est vrai que les moyens promis au départ n’ont pas tout de suite suivi sinon la détermination, la philosophie et le même engagement qui ont été à la base de la création de ces écoles n’ont pas changé. Malgré les difficultés, les coachs respectent le quota de trois entrainements par semaine et les programmes sont renouvelés chaque année en fonction de l’évolution des enfants, en fonction de leur âge. 

S : Qu’est-ce qui est fait pour pallier le manque de moyens et surmonter les difficultés ? 

A.G. : L’espoir est permis car même si nous attendons l’effectivité, il y a eu des recommandations des assises nationales du sport concernant la relève et l’une d’elles a trait à l’adoption d’un programme spécial d’appui à la relève sportive. Le dossier a eu l’aval du Conseil des ministres. C’est pour améliorer la prise en charge des encadreurs, la prise en charge du fonctionnement des écoles en termes d’équipements, de prise en charge médicale, d’assurance, de communication, de recrutement de la deuxième promotion à partir de 2026, de formation des entraineurs et des officiels techniques, etc. La première phase de ce programme devrait se dérouler de 2025 à 2029 et les plus hautes autorités sont en train de s’activer pour que ce programme soit une réalité afin que nous ne rencontrions plus les difficultés constatées par le passé.

S : Qu’en est-il des autres perspectives ?

A.G. : Il est demandé dans le programme d’appui dont je parlais, de décentraliser cette formation de la relève sportive car ce sont des écoles de l’Etat pour lesquelles les prétendants ne payent aucun franc, ni pour l’adhésion ni pour la formation, mais uniquement sur la base du talent brut qui permet de réussir aux tests. Il est donc demandé de créer dans chaque commune du Burkina Faso au moins deux écoles communales de formation de la relève sportive qu’on appelle ECOFORS qui sont en réalité déjà crées juridiquement. Il y aura également les écoles provinciales de formation de la relève sportive, les EPROFORS et au niveau des régions nous aurons les académies de sport qui vont engloutir les EFORS actuelles pour finaliser leur formation. Lorsque les académies seront fonctionnelles, nous aurons au minimum trois catégories dans ces académies pour toutes les disciplines (minimes, cadets et juniors).  Il est envisagé une compétition inter communale entre les ECOFORS et les meilleurs vont se retrouver au niveau des provinces pour animer les écoles provinciales et la compétition inter provinces dans chaque région va permettre de désigner les meilleurs qui vont se retrouver dans les académies de sport. Et l’ensemble des académies vont compétir aux  jeux nationaux de la relève avec des écoles privées de formation de la relève sportive et nous allons sortir des équipes-type dans chaque discipline sportive pour l’élite, les équipes nationales de notre pays. 

S : Avez-vous un cri du cœur ?

A.G. : C’est de faire encore un plaidoyer auprès des hautes autorités, au regard de l’urgence qu’il y a, à mettre en œuvre le programme d’appui à la relève sportive qui doit couvrir toutes les communes du Burkina. Ceci, au regard de la résilience de nos populations et leur réinstallation dans leurs terroirs. Parce que lorsque nous détectons des talents dans les compétitions de l’OSEP ou de l’USSU-BF, il manque des structures d’accueil pour les encadrer. Et le programme permettra à chaque élève de pratiquer le sport de son choix jusqu’à l’université, car il y aura la réhabilitation et la création des infrastructures sportives à tous les niveaux de la chaine. 

Interview réalisée par 

Voro KORAHIRE  

 

  

 

 

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