Affaire charbon fin : le dossier renvoyé au mois d’octobre

Appelé au rôle au tribunal de grande instance de Ouagadougou, hier 7 août 2019, le dossier sur l’affaire de charbon fin a été renvoyé en octobre prochain à la demande des avocats des prévenus et des personnes poursuivies.

Mercredi 7 août 2019. L’entrée du Tribunal de grande instance de Ouagadougou grouille de monde. Devant la salle d’audience n°2, de nombreuses personnes attendent. A l’intérieur, plus d’une vingtaine de douaniers en tenue et des travailleurs du Bureau des mines et de la géologie du Burkina (BUMIGEB) en t-shirt. Les uns et les autres s’impatientent face à l’appel et au renvoi automatique des dossiers du jour. Fait marquant de cette salle, le manque de microphone agace plus d’un. Les avocats défilent devant le tribunal et défendent chacun son client. Ce n’est que le procureur et certains avocats qui arrivent à se faire entendre. Près de deux heures après le début de l’audience, le dossier tant attendu, est enfin appelé et aussitôt renvoyé. La salle se vide dans un brouhaha.

Avocat associé à SCPA Trust Way, conseil de l’Etat, partie civile dans ce dossier, Me Rodrigue Edasso Bayala évoque deux raisons qui justifient le renvoi : la première, le Tribunal est irrégulièrement composé et la seconde est due à la demande des avocats des prévenus et des personnes poursuivies. «Il s’agit d’une juridiction spécialisée, chargée de connaître les infractions en matière économique et financière et de crimes organisés. Les magistrats qui composent cette chambre ont été nommément désignés et ont suivi une formation à cet effet», précise-t-il. Malheureusement, un des membres, selon Me Bayala, est en vacances, ce qui fait que la juridiction n’est pas régulièrement composée. Pour Me Moumouny Kopiho, conseil de la société Essakane SA, le renvoi est demandé parce que beaucoup d’avocats se sont constitués ce même jour.

Aussi, dit-il, vu le niveau et l’ampleur du dossier, on ne peut pas le retenir car, il faut qu’ils en prennent connaissance. «Nous sommes venus pour défendre les intérêts de la société Essakane SA qui a toujours rejeté toutes les accusations formulées contre elle. C’est une société hautement citoyenne qui est le premier employeur privé du Burkina Faso avec 2500 emplois permanents et qui a reversé au titre de l’année 2018, près de 45 milliards au Trésor public. C’est une société qui produit 15 tonnes sur les 50 productions annuelles de tout le pays», rappelle Me Kopiho. Pour cela, pense-t-il, lorsque l’on accuse une telle société d’avoir fraudé pour moins de 100 kilo d’or, il y a de quoi se défendre et ne pas laisser lyncher des sociétés qui ont vocation à travailler normalement. Cette affaire, commencée en décembre 2018 avec la saisie des containers, a causé un préjudice à la société Essakane SA, selon lui. Il a révélé que ce n’était pas la première fois que la société exporte le charbon. «La première opération, croit-il, a eu lieu sous la Transition et il y a eu trois ministres qui ont connu le dossier». Il avoue être surpris que cette fois, l’affaire prenne une telle ampleur au point de monter la population et l’opinion publique contre la société.

Tielmè Innocent KAMBIRE

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