L’ONG IPAS et le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN) se mettent ensemble pour « rompre le silence sur les avortements non sécurisés en Afrique francophone ».
Une trentaine de journalistes issue de 10 pays francophones ont décidé avec l’appui de l’ONG IPAS de ne pas se taire sur les avortements clandestins et non sécurisés. Ils unissent leurs efforts pour travailler sur le thème : « rompre le silence sur les avortements non sécurisés en Afrique francophone ». En effet, le vendredi 22 décembre 2021, les deux partenaires ont organisé, un webinaire sur ledit thème. Cette conférence s’inscrit dans le cadre de la campagne régionale médiatique sur les droits sexuels et les avortements sécurisés en Afrique de l’Ouest et du Centre, soutenue par Ipas, dont la mise en œuvre va être effectuer par le REMAPSEN. L’objectif est de promouvoir les droits humains et leurs impacts sur la mortalité évitable en Afrique francophone.
Selon le directeur de l’IPAS Afrique francophone, Sosthène Dougrou, 25 millions d’avortements non sécurisés sont pratiqués chaque année dans le monde et 97% de ces avortements ont été pratiqués dans les pays en développement dont l’Afrique. « Entre 2015 et 2019, une moyenne annuelle de 73,3 millions d’avortements provoqués ont été enregistrés au monde. Presque tous les cas d’avortement à risque avaient été réalisés dans les pays en développement. En Afrique, au moins 6 millions de femmes interrompent leur grossesse dans des conditions dangereuses », a-t-il ajouté.
Aussi les statistiques révèlent que plus de 9 femmes sur 10 en âge de procréer vivent dans des pays dont la législation en matière d’avortement est restrictive. Pour les spécialistes, imposer des restrictions, n’empêche pas le recours à la pratique de l’avortement, mais augmente la probabilité que les femmes utilisent des méthodes dangereuses qui mettent potentiellement en danger leur vie.
Au Burkina Faso, selon l’annuaire statistique 2017, il a été enregistré 40 988 avortements dont 38 925 spontanés, 1943 clandestins et 120 thérapeutiques. Le taux des avortements n’est pas exhaustif, en raison de la difficulté à dénombrer ceux qui n’ont pas été signalés, du fait de leur caractère clandestin. Dans le Pays des Hommes intègres, l’avortement est autorisé par la loi pour protéger la santé de la femme enceinte ainsi que dans les cas de viol, d’inceste ou de graves malformations fœtales.
Les organisations de la société civile et les ONG dont IPAS milite pour la domestication du protocole de Maputo que les pays francophones ont signé. En République Démocratique du Congo (RDC), Dr Jean Claude Mulunda de IPAS, a partage les expériences de ce pays avec les journalistes. Il a indiqué que Kinshasa enregistre 400 avortements non sécurisé par jour. Cependant, les efforts de IPAS et des OSC commencent à porter fruit au niveau des lois et des programmes politiques. Une invite a été faite aux journalistes de travailler à la vulgarisation du protocole de Maputo et d’interpeler les Etats à le respecter.
Boureima SANGA
Protocole de Maputo
Article 14: Droit à la santé et au contrôle des fonctions de reproduction (2)(c). Les États prennent toutes les mesures appropriées pour : protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus.
« Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, relatif aux droits de la femme en Afrique » (Maputo : Union africaine, 2003)
B.S.