Ethiopie : Les prémices de la désescalade ?

Les appels incessants de la Communauté internationale pour une cessation définitive de la guerre dans la région du Tigré, en Ethiopie, semble, désormais porter fruits. Les récentes évolutions de la situation sécuritaire, observables du coté des belligérants, attestent, à suffisance, cet état de fait. En effet, dans un communiqué rendu public, vendredi dernier, le Front de libération du peuple du Tigré(TPLF) s’est engagé à se retirer de la région d’Afar et à cesser immédiatement les hostilités.

Dans la foulée, les rebelles tigréens ont, aussi, appelé le gouvernement de Abiy Ahmed à prendre des mesures « concrètes » pour faciliter l’accès sans restrictions au Tigré, tel qu’il avait lui-même signifié, il y a peu. Faut-il le rappeler, le conflit, dans cette région, a éclaté en novembre 2020, lorsqu’Addis-Abeba y a envoyé l’armée pour déloger le TPLF, soupçonné de velléité sécessionniste. La conséquence a été malheureusement le fait d’avoir enregistré de nombreux morts, avec à la clé plusieurs déplacés. Depuis lors, la région traverse une grave crise humanitaire jamais égalée, malgré les médiations et autres injonctions de part et d’autres de la Communauté internationale, à l’effet de mettre fin à ce conflit meurtrier.

Autant dire qu’avec le retrait annoncé des rebelles de la localité d’Afar dans le Tigré, qu’ils occupaient depuis des mois, l’on est amené à penser à une désescalade de la violence, voire la fin de la guerre, avec l’espoir de voir l’aide humanitaire se mettre en branle pour sauver le peuple de la misère. Car, c’est par la zone d’Afar que l’aide humanitaire est censée transiter jusqu’au Tigré pour soulager ses six millions d’habitants. Toutefois, faut-il y voir dans ce retrait des forces tigréennes, le signe d’une défaite cuisante, en raison du succès des offensives de l’armée du gouvernement fédéral ?

Ou s’agit-il de la mise en œuvre d’un accord encore tacite entre Addis-Abeba et les insurgés tigréens ? Dans la situation actuelle, il serait hasardeux de prétendre trouver réponses à ces appréhensions du fait de la dimension géostratégique de cette guerre. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le retrait des combattants sécessionnistes du Tigré est à saluer, à plus d’un titre. Sans trop de pessimisme, l’on peut déjà présager qu’il permettra une relative accalmie et, bien plus, d’abréger substantiellement la souffrance et l’affliction des populations qui n’ont besoin de rien d’autres que la paix et la quiétude. Il reste tout de même à espérer que ces annonces ne soient que de simples professions de foi. Surtout, où aucune action lisible et visible tendant à faire taire, ad vitam aeternam, le crépitement des armes n’est encore tangible.

Et dans ce sens, les parties prenantes au conflit, en l’occurrence le premier ministre Abiy Ahmed et les chefs militaires du Tigré, devront faire table rase de leurs intérêts égoïstes en donnant, autant que faire se peut, des preuves plausibles de bonne volonté en vue d’enterrer la hache de guerre. A tout bien considérer, les positions adoptées de part et d’autres pourraient être une occasion à saisir afin de mettre fin à cette crise qui fait vaciller le pays d’Hailé Sélassié, depuis deux années. En désespoir de cause, le risque de déstabilisation de la corne de l’Afrique ne serait pas à écarter avec des répercussions certaines sur le reste du continent. C’est d’ailleurs pourquoi, la Communauté internationale gagnerait, en ce qui la concerne, à s’impliquer davantage dans ce dossier, poursuivre les appels à la cessation de la violence et à aplanir les divergences de vue pour atteindre les objectifs escomptés. Gageons donc que dans de plus brefs délais, un processus de paix, accepté de tous, puisse voir le jour pour accompagner l’Ethiopie à aller vers la paix.

Soumaïla BONKOUNGOU

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