Facebook ou face de bouc ?

Il y a des gens qui pensent qu’il suffit de se connecter sur Internet pour paraître plus net. La toile n’est pas la panacée, parce que de toute façon, avant cette fameuse toile, nous vivions heureux. Internet a révolutionné la communication en réduisant le monde en un village planétaire, sans frontières ni barrières. Avec Internet, on peut tout faire en bien comme en mal. Prenez Facebook, c’est simplement fabuleux !

Mais que ne voit-on pas sur Facebook ? On y trouve toutes sortes de « faces de bouc », toutes sortes de tronches parfois mal rabotées, mais bien appréciées par de menteurs contemplateurs qui se leurrent. Tous les moules, toutes les maquettes de têtes se trouvent sur Facebook. Du « boubou » qui grimace aux froufrous des chouchous en passant par les délires des foufous, il y a de quoi être fou. Chacun se taille un daguerréotype d’un prototype atypique et le balance sur les murs de la toile en jubilant sous le poids des flagorneries des commentaires parfois puérils.

Comme c’est enfantin tout ce baratin et ces potins sans fin ! Même les plus belles laideurs de l’espèce se vantent d’être les plus charmantes, les maxi des sexy. Il y en a qui vivent de ce narcissisme d’un autre âge et c’est vraiment dommage de voir des pères de famille se prêter au jeu avec indélicatesse et maladresse. Torse nu, en petite tenue, sous la douche, à table, au lit, l’intimité se meurt sur Facebook. Nous ne parlerons pas de ces filles en guenilles qui arpentent les colonnes du net comme des « canettes périmées », à la recherche de preneurs sur d’autres planètes.

Dans cette gamme, nos sœurs s’exhibent à la limite : des « gigots d’hirondelle » aux « poitrines de vitrine » en passant par les peaux épluchées, il y en a à voir et à revoir et il y a même pire. Elles finissent par tomber dans les bras du malhonnête « sexyvore », brouteur de « crudités » et de « mauvaises herbes » mal tondues. Sur Facebook, vous pouvez manger des brochettes au WC et être submergé de compliments superbes : « cool !», « balaise !» « propre ! ».

Comme c’est sale tous ces errements aux senteurs d’excréments ! On me dira que c’est la jeunesse, que c’est la mode et que nul ne doit rester en marge de son temps. Soit, mais le temps que certains consacrent à ses platitudes inquiète. Pour ceux-là, Facebook est une activité à part entière. Parfois au bureau d’impénitents commis gambadent sur le web, au détriment du travail qui attend. De clic en clic, on se chatouille jusqu’au déclic, on s’embrouille pour du fric, tous les coups sont permis pour arracher le rendez-vous du compromis, avant de se quitter sur un cric.

Il y en a qui ont décroché par défaut un mari de défauts ou une femme infâme sur Facebook. Il n’y a pas de mal à cela si ça dure. Sur Facebook, on n’a pas besoin de se connaître pour se croiser et se familiariser. Voilà pourquoi, vous recevrez des invitations tous azimuts pour amitié ; ces amis qui vous pleuvent de partout et vous harcèlent souvent pour des futilités. Ces amis qui passent leur temps à s’écrire des « teufs » et des « meufs » et se quittent avec des « lol » avant de s’esclaffer en se vantant d’être l’homme le plus connecté de la terre.

Il y a même des bébés sur Facebook ; d’impénitents parents chics ou chocs n’hésitent pas à balancer leur trophée de rejeton au fronton de leur page. Les photos de sexe, de mariage ou de décès pullulent sur Facebook. Et faites attention, dans cette catégorie du merdier, on vous jettera à la figure les images les plus obscènes aux plus atroces, avec force détail. Vous apprendrez la mort de votre fils, votre fille ou de votre mari en direct sur Facebook, 30 minutes après son décès.

C’est pour tout cela que l’autre face de Facebook est une poubelle, une plateforme de pagailles de racaille digne de marmaille. Vous pouvez nous traiter de rétrograde ou de rustique conservateur, mais selon notre entendement, il y a des choses réservées au domaine privé. Il y a des valeurs socioculturelles à préserver. Acceptez notre souffrance de vous voir en petite tenue sur Facebook ou embrasser goulument votre copine ou votre femme à travers des « selfies » qui font fi du bon sens.

Comprenez notre amertume quand vous publiez les rondeurs amorties et les profondeurs nauséabondes de vos corps sans valeur. Mais si Facebook vous fascine tant, balancez-nous davantage d’images obscènes et d’horreur. N’oubliez pas de nous lancer les propos les plus abêtissants. Nous vous répondrons toujours comme vous aimez : lol ! Churrrrr ! N’importe quoi !

Clément ZONGO

clmentzongo@yahoo.fr

Laisser un commentaire