Financement des pertes et préjudices : L’expérience du Burkina Faso partagée à la COP27

Le Burkina Faso a présenté son expérience dans le domaine du financement des pertes et préjudices liés au changement climatique, notamment en matière d’indemnisation des préjudices causés par les animaux sauvages, à la 27e Conférences des Nations Unies sur le climat, le jeudi 10 novembre 2022, à Charm El Cheikh, en Egypte.

Selon le directeur général du FIE, Dr Jean Marie Sourwèma, les dégâts causés par les animaux sauvages ont fait l’objet de réparation à hauteur de 300 millions F CFA sur la période 2016-2021.

La délégation burkinabè présente à la 27e Conférences des Nations Unies sur le climat poursuit le partage de ses expériences en matière de lutte contre le changement climatique. Après la présentation de ses actions en matière d’adaptation le 8 novembre dernier, le pays des Hommes intègres a une fois de plus exposé son expérience pays dans le domaine du financement des pertes et préjudices liés au changement climatique, plus précisément ses pratiques en matière d’indemnisation des préjudices causés par les animaux sauvages, le jeudi 10 novembre à Charm El Cheikh, en Egypte. Le Fonds d’intervention pour l’environnement (FIE) est la structure nationale chargée de la gestion des dégâts causés aux populations par la faune. Selon son directeur général, Dr Jean Marie Sourwèma, le phénomène est une réalité ; elle affecte la vie des populations rurales. Face à la crise climatique, les pertes et dommages touchent durement les communautés locales des pays en développement, notamment le Burkina Faso, considéré selon l’indice Global Adaptation Initiative (GAIN) comme le 14e pays le plus vulnérable au monde au changement climatique, a-t-il souligné. Et de préciser que sur la période 2016-2022, le FIE a enregistré plus de 1100 plaintes liées aux dégâts causés aux populations par les animaux sauvages tels que les éléphants, les crocodiles, les buffles, les lions, les hippopotames, les hyènes. Ces pertes portent, entre autres, sur des plantations d’anacardiers, de manguiers, de rôniers, de goyaviers, d’orangers ; et ont fait l’objet de réparation par le FIE à hauteur de 300 millions F CFA sur la période 2016-2021. Le phénomène s’explique par la dégradation des habitats des animaux sauvages du fait des facteurs climatiques comme les inondations, les sécheresses, les tempêtes, la désertification, la perte de la biodiversité, a expliqué M. Sourwèma.

Manque de consensus

Le directeur général des Eaux et Forêts, le colonel Barnabé Kaboré, a indiqué que le changement climatique doublé de la pression agricole engendre une fragmentation des habitats des animaux sauvages, perturbant leurs habitudes de vie.

Les attaques de fauves sur le bétail et les humains, des herbivores sur les récoltes sont aussi dues à la raréfaction des proies naturelles, à la dégradation de la végétation ou des cours d’eau. Le directeur général des Eaux et Forêts, le colonel Barnabé Kaboré, a indiqué qu’il y a une forte population d’animaux sauvages sur tout le territoire national. Mais le changement climatique doublé de la pression agricole sur les ressources naturelles a engendré une fragmentation leurs habitats et une perturbation de leurs habitudes de vie, notamment les itinéraires traditionnels des éléphants. Ces facteurs sont à l’origine de la recrudescence ou de l’aggravation des conflits homme-faune, a-t-il précisé. Les dommages nés de ces conflits ont des conséquences environnementales, socio- économiques importantes sur les communautés. Ils engendrent la perte des récoltes et du bétail, l’impossibilité de rembourser les dettes liées aux intrants agricoles, la famine, la crainte d’emblaver de grandes superficies agricoles, la migration des populations, les pertes en vie humaine et animale, la destruction des arbres utilitaires fruitiers ou pourvoyeurs de produits forestiers non ligneux, l’aggravement de la pauvreté. Malheureusement, la question du financement de ces pertes et préjudices manque jusque-là de consensus au sein des négociateurs de la COP27, a fait savoir le coordonnateur national groupe de plaidoyer sur la question, Moumouni Compaoré, par ailleurs chargé de plaidoyer à Oxfam Burkina. Il réfute l’argument selon lequel le financement de l’adaptation prend systématiquement en charge la question des pertes et préjudices. Ce qui, selon lui, n’est pas vrai ; car les dommages causés interviennent après les efforts d’adaptation par exemple du producteur qui, malgré ses initiatives adaptatives, se retrouve sans production.

Un cas d’école

Pour lui, il temps que la COP mette en place un mécanisme spécifique de financement conséquent des pertes et préjudices qui, jusque-là, n’existe pas, a insisté M. Compaoré. Répondant aux questions des participants, le directeur général du FIE a fait savoir que le dédommagement des dégâts causés par les animaux est intégral, à la hauteur de la perte subie par la victime. Chaque année, une ligne budgétaire de 50 millions F CFA est prévue pour faire face aux pertes et préjudices provoqués par les animaux sauvages. Il y a des années où la valeur des pertes dépasse le budget prévu, a-t-il ajouté. Mais que fait le Burkina Faso pour prévenir les conflits homme-faune ? Les aménagements dans les aires protégées, les formations et les sensibilisations des populations, l’utilisation des méthodes repoussant l’avancée des animaux sauvages vers les champs sont autant d’actions d’anticipation menées, a répondu le directeur général des Eaux et Forêts. Les panélistes ont tous reconnu la nécessité de mettre en place un mécanisme de financement des pertes et préjudices au niveau international, au regard de leur impact négatif sur la vie des populations. Sur le plan national, M. Sourwèma a recommandé d’accréditer le FIE à des mécanismes de financements pour mobiliser des finances adaptées aux pertes et dommages, de mettre en place un mécanisme de sécurisation des espaces de conservation, d’aménager convenablement les entités forestières afin de permettre aux éléphants de rester dans leur biotope. Selon un délégué du Sénégal, l’expérience du Burkina Faso mérite d’être présentée à la COP, car des exemples de gestion des pertes et préjudices ne courent pas les rues en Afrique. Son pays est disposé à s’inspirer de l’exemple du pays des Hommes intègres qui est un cas d’école.

Mahamadi SEBOGO Windmad76@gmail.com

Laisser un commentaire