Gouvernement Kyélem : des Burkinabè souhaitent le retour de la paix

A la suite de la présentation du nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Appolinaire Joachim Kyélem de Tambèla, des Burkinabè, interrogés aux quatre coins du pays, expriment, entre autres, à travers ce micro-trottoir, leurs attentes vis-à-vis de cette équipe gouvernementale. Il s’agit notamment de la lutte contre l’insécurité et la crise humanitaire.

Rasmané Semdé, membre de l’ODJ/Koudougou « Je suis prêt à consentir ce sacrifice » « Je suis très satisfait de la composition du gouvernement du Premier ministre Appolinaire Joachimson Kyélem. Premièrement nous avons un Premier ministre qui a une tendance purement révolutionnaire proche de Thomas Sankara et sa volonté de réduire du nombre de portefeuilles ministériels est une preuve qu’il s’inscrit dans cette logique révolutionnaire. Cela est à saluer dans un contexte de lutte contre le terrorisme où la réduction du train de vie de l’Etat est une nécessité impérieuse. La reconduction de certains ministres du gouvernement tombé est aussi une preuve qu’on n’a pas jeté le bébé avec l’eau du bain. Les attentes des Burkinabè sont déjà connues, la question sécuritaire en tête des préoccupations des populations. Il faut saluer le recrutement militaire et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) lancé et qui devrait être le point de départ pour la restauration de l’intégrité du territoire. Nous devons, nous jeunes, nous faire enrôler dans ces opérations afin de sauver la patrie des forces du mal à tout prix. Dans une guerre, il y a toujours des sacrifices et moi je suis prêt à consentir ce sacrifice pour que vive ma Nation. Sinon, croiser les bras et tout attendre du gouvernement est illusoire ».

Hamidou Traoré, acteur de la société civile à Gaoua : « j’ai foi en ce gouvernement » « Toute la population du Burkina Faso attendait ce nouveau gouvernement. Il y a des anciens qui sont revenus, ce qui veut dire que ces derniers sont prêts à travailler et à épouser la philosophie du nouveau gouvernement. Je suis convaincu que si on met les hommes qu’il faut à la place qu’il faut, tout ira pour le mieux. Il faut également faire appel à tout un chacun pour la restauration de l’intégrité du territoire. J’ai foi en ce gouvernement et je prie que Dieu les assiste afin qu’il puisse sortir le pays de cette situation. Le Burkinabè est intègre et ses analyses visent la bonne marche des choses. Donc lorsqu’il est dépité par rapport à sa situation, il est obligé de sortir de son carcan pour manifester d’une manière ou d’une autre. J’invite donc ces ministres à être à l’écoute du peuple burkinabè et ils pourront réussir leurs missions ».

Bayouré Denis Ouédraogo, membre de la société civile du Zoundwéogo : « nous les attendons surtout aux résultats » « Je n’ai pas d’appréciation en tant que telle sur la composition du gouvernement parce que c’est le choix du président de la Transition. C’est lui qui a choisi ses hommes en tenant compte du fait qu’il devra rendre compte des résultats qu’ils pourront lui permettre d’engranger à la fin de son mandat. Nous, nous les attendons surtout aux résultats. Qu’ils travaillent au retour de la paix et aussi à la réconciliation de tous les filles et fils du pays. La réconciliation est un sujet important parce que même le terrorisme auquel nous faisons fasse aujourd’hui, un jour, nous devons nous réunir forcément autour de la table de la réconciliation pour un retour définitif de la paix. Je leur souhaite, en tous les cas, bon vent et qu’ils réussissent leur mission ».

Yandi Lompo, citoyen à Fada N’Gourma : « il faut maintenant aller au charbon » « Il faut, d’emblée, saluer la diminution du nombre des postes ministériels. Cela va, sans doute, contribuer à diminuer le train de vie de l’Etat. Le plus urgent est la restauration de l’intégrité du territoire. La reconquête de l’ensemble des territoires permettra de résoudre de nombreux problèmes. Les secteurs de l’éducation, de la santé et des infrastructures routières doivent être également une priorité pour le gouvernement. En tous les cas, j’estime qu’en tant que Burkinabè, chaque membre du gouvernement connait bien les défis. Il faut maintenant aller au charbon. Je souhaite voir à l’œuvre un gouvernement véridique et qui est prompt à montrer la réalité de la situation aux populations. Cela va renforcer la confiance entre les gouvernants et les gouvernés et motiver chaque citoyen à s’engager. Il faut, enfin, travailler à impliquer toutes les composantes de la société ainsi que l’ensemble des localités dans les actions de développement ».

Reine Bénédicte Kinda, stagiaire à l’ISTIC : « ce gouvernement est bon » « Je trouve que la composition du gouvernement est acceptable. Il y a de nombreux civils avec à la clé cinq femmes. Certaines croyaient que le gouvernement serait composé en grande majorité de militaires. Mais, ce n’est pas le cas avec le gouvernement du Premier ministre Apollinaire Kyélem. Je trouve que cela est bien. A mon avis, chaque ministre est là où il faut. Pour moi, ce gouvernement est bon ».

Souleymane Ouédraogo, commerçant à Ouagadougou : « ce n’est pas un gouvernement de vengeance » « Personnellement, j’apprécie la composition de ce nouveau gouvernement. Et je ressens une certaine combativité chez le président du Faso et son Premier ministre. La reconduction de Bassolma Bazié est une chose positive. Cela témoigne que ce n’est pas un gouvernement de vengeance. Je suis satisfait et je souhaite qu’ils réussissent tous ».

Arouna Romba, stagiaire à l’ISTIC : « la formation du gouvernement n’est pas du tout mal » « Le nombre de ministres est passé de 25 à 23. C’est à saluer. Je tire mon chapeau au Premier ministre pour avoir choisi cinq femmes comme ministres ainsi que les cinq autres ministres de l’ancien gouvernement qu’il a gardés. Cela montre que c’est l’intérêt supérieur de la Nation qui a été mis en avant. Avec cette équipe gouvernementale, le terrorisme sera réduit ».

Boureima Sankara, vendeur de friperie à Ouagadougou : « les ministres nommés sont à la hauteur » « Je suis content de la formation de ce nouveau gouvernement. Le choix du Premier ministre me convient. Je pense que les ministres qu’il a nommés sont à la hauteur des attentes des populations. Mais le seul bémol pour moi, il s’agit de la reconduction de certains ministres. Mais, je pense aussi qu’à ce niveau le chef du gouvernement a estimé que ce sont des ministres qui ont bien travaillé, c’est pourquoi il les a gardés. Je souhaite qu’ils se mettent au travail le plus vite afin de réussir leur mission »

Djibril Ouédraogo, fonctionnaire : « ils n’ont pas droit à l’erreur » « Le Premier ministre a formé un gouvernement serré de 23 ministres et c’est déjà une bonne chose dans un contexte où le pays a besoin de ressources pour faire face à l’insécurité et à la crise humanitaire. Et les cinq ministres du MPSR1 qui ont été reconduits sont des personnes qui travaillaient de manière excellente. La reconduction de Bassolma Bazié, par exemple, ne m’étonne pas. Il était à l’écoute de tout le monde. Dans ce gouvernement, il peut être d’un apport capital pour le président et pour le Premier ministre. Nous avons deux militaires au niveau de la défense et de la sécurité. Étant des anciens dans l’armée, je pense qu’ils pourront unir les différents corps pour combattre le terrorisme. Je ne connais pratiquement pas les nouveaux ministres, mais je me dis que c’est au regard de leur intégrité et de leurs compétences qu’ils ont été choisis. Ils n’ont pas droit à l’erreur »

Ousseni Kanazoé, inspecteur de l’enseignement du premier degré à Tenkodogo : « c’est un gouvernement de combat » « Nous prenons acte du nouveau gouvernement qui vient d’être formé. On pourra l’apprécier objectivement lorsque nous le verrons à l’œuvre, car on reconnait le bon maçon au pied du mur. C’est un gouvernement de combat comme l’avait souligné le Premier ministre lui-même. La charte de la Transition avait prévu 25 ministres au maximum, mais on est à 23. C’est déjà bon. Les personnalités qui ont été conviées dans ce gouvernement sont compétentes et ont été retenues en toute connaissance de cause. C’est une appréciation positive puisque certains ministres ont été reconduits. Il y a Basolma Bazié que certains ont apprécié pendant ses huit mois de gestion. Sa reconduction est due certainement aux réformes qu’il avait engagées et je pense qu’il va continuer sur cette lancée pour l’intérêt supérieur de son pays et particulièrement celui des travailleurs. Comme c’est un gouvernement de combat, il doit travailler dans les meilleurs délais à réduire l’action des groupes armés qui sévissent dans notre pays depuis quelques années, car le président lui-même avait souligné, il faut aller très vite ».

Hoeffi Abdoulaye Dicko, directeur exécutif du centre pour la bonne gouvernance au Sahel : « la population attend beaucoup de ce gouvernement » « Sur la forme du nouveau gouvernement, d’abord j’apprécie positivement la réduction du nombre de portefeuilles ministériels surtout dans le contexte de crise que le Burkina Faso traverse. En outre, ce gouvernement compte des femmes ministres, je crois que cela est à saluer également dans la mesure où les femmes travaillent autant que les hommes sinon mieux. Enfin, un autre aspect important, c’est la célérité avec laquelle le président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré a nommé son Premier ministre. Celui-ci, à son tour, s’est attelé à mettre en place son gouvernement. Ce sont des points louables. Quand il y a un changement, la population doit sentir le changement. Dans le fond, je me pose des questions sur la suppression du ministère plein de la réconciliation nationale. Est-ce à dire que la réconciliation nationale ne sera pas une priorité dans cette crise sans précédent que vit le pays ? Qu’en est-il du dialogue avec nos frères qui ont pris les armes ? Je note également que le ministère des affaires coutumières et religieuses n’existe plus… Pour ma part, on aurait pu fondre en un seul ministère la réconciliation nationale et les affaires coutumières et religieuses pour mener un bon dialogue pour une réconciliation réussie ».

Mady Bazié journaliste, directeur de publication de Ouest info : « à l’ensemble des burkinabè de savoir faire bloc autour de ce gouvernement » « Il est trop tôt pour apprécier le gouvernement de la Transition, mais comme le dit un adage, c’est au pied du mur qu’on reconnait le bon maçon. Mais dans la forme je pense que le président et le Premier ministre ont fait appel à des personnalités plus ou moins neutres contrairement à l’ancienne Transition qui avait donné l’impression de vouloir restaurer un ancien ordre. Cette neutralité est non seulement un atout dans la mise en œuvre des questions urgentes, mais va permettre de mobiliser l’ensemble des Burkinabè. C’est du reste ce dont le pays a besoin pour relever le défi sécuritaire et la cohésion nationale. Pour cela, on a affaire à un exécutif dans lequel les Burkinabè se retrouvent. Et jusqu’à preuve du contraire, il est difficile en ce moment de coller à un membre du gouvernement actuel l’étiquette d’un parti. Maintenant, il sied d’aller vite et bien. C’est du reste la position du président du Faso qui a su donner l’exemple en nommant son Premier ministre juste après sa prestation de serment et son investiture. A l’ensemble des burkinabè de savoir faire bloc autour de ce gouvernement afin de lui donner les moyens de faire face à l’ennemi commun »

Nestor Koama, ambassadeur de la paix : « le retour d’anciens ministres témoigne de l’absence d’une chasse aux sorcières » « Le gouvernement actuel répond aux aspirations du peuple burkinabè, notamment dans le volet réduction du train de vie de l’Etat. Jadis, on voyait des gouvernements pléthoriques atteignant parfois la trentaine. Aujourd’hui, conscient des enjeux du moment et de la rareté des ressources économiques, le président de la Transition a réduit considérablement le nombre des membres de l’exécutif. En ce qui concerne la reconduction d’anciens ministres, je ne vois aucun inconvénient. Nous sommes dans une dynamique de réconciliation, de recherche d’une paix durable et non dans un esprit de chasse aux sorcières. Ainsi, je demande aux populations de se calmer, d’attendre de voir les membres du gouvernement Traoré à l’œuvre avant de faire des critiques constructives ».

Idrissa Tiendrebeogo, commerçant de friperies : « nous ne pouvons que prier pour le gouvernement » « Nous ne pouvons que prier pour les membres du nouveau gouvernement, afin que Dieu les accompagne à faire la volonté du peuple. Nous sommes fatigués de parler, nous n’avons plus confiance en personne. L’essentiel est qu’ils travaillent à mériter notre confiance en effectuant les tâches pour lesquelles ils ont été nommés ».

Roukiatou Sawadogo commerçante ambulante : « ils doivent se concentrer sur leur mission première » « Nous ne connaissons pas encore leurs compétences. Cependant, nous espérons qu’ils vont se pencher sur ce pourquoi ils ont été nommés à savoir ramener la stabilité, la paix au pays. Ils doivent aussi s’atteler à réduire le coût de la vie ». Micheline Ouédraogo, coiffeuse à Ouagadougou : « le gouvernement doit se focaliser sur la restauration de la paix » « Cette décision de réduire l’effectif du gouvernement est à saluer, car cela témoigne de la volonté des autorités à mener efficacement la lutte contre l’insécurité. J’espère que le chef de l’état va emboiter les pas de Thomas Sankara. Le nouveau gouvernement doit se focaliser sur la restauration de la paix, de la sécurité, de l’unité, de la cohésion sociale. Le pays ne peut pas se développer sans la paix et la sécurité ».

Amadou Traoré, agent au ministère de l’Education nationale : « on espère qu’ils seront des exemples » « C’est à travers leurs actions qu’on pourra les juger. Nous espérons qu’ils seront des exemples pour que ceux qui sont en bas puissent s’en inspirer. Je souhaite donc bonne chance et beaucoup de courage au nouveau gouvernement. Le plus urgent selon moi est qu’ils s’attaquent à l’insécurité. Car sans la sécurité, il n’y a pas de développement. Toutes nos prières vont donc à l’endroit de cette nouvelle équipe afin que Dieu les guide et surtout qu’ils prennent en compte les vraies aspirations des populations. Les populations ont trop souffert. Je pense particulièrement aux milliers de déplacés internes qui ne souhaitent que retourner dans leurs localités d’origine. Le gouvernement devrait travailler à cela ».

Sandra Marie Reine Rouamba, sociologue : « le président a été très sage dans ses choix » « Je pense que le président a été très sage dans ses choix. Surtout le choix du Premier ministre que j’ai eu l’occasion de suivre à la télévision lors de plusieurs débats. C’est une personne que j’apprécie pour son franc parler. Je trouve qu’au regard de la situation actuelle du pays, un homme de cette trempe saura nous en sortir à travers des prises de décisions franches et honnêtes. Quant à l’équipe gouvernementale, je ne connais pas tous les ministres, mais il y a certains noms tels que celui de Basolma Bazié que je retiens. Et je pense qu’ayant à ses côtés des hommes qui n’hésitent pas à dire ce qu’ils pensent et à se battre pour les intérêts de la Nation, le nouveau Premier ministre connaitra beaucoup d’avancées ».

Jules Bassolé, agent de l’Etat : « je suis très satisfait du nouveau gouvernement » « Je suis satisfait du nouveau gouvernement du moment où il est conduit par Me Apollinaire Kyélem de Tambèla que nous connaissons tous à travers les médias et qui est très convaincant et patriote. Quant aux membres du gouvernement, je connais certains comme Basolma Bazié. Il connait très bien le monde des fonctionnaires, il connait nos difficultés et je pense que ce qu’il a déjà fait au ministère est très édifiant. C’est un travailleur et un patriote. Nous attendons beaucoup de lui. Il y a les salaires qu’il doit remettre à plat et aussi le problème de l’IUTS qu’il doit revoir pour répondre aux attentes des travailleurs. En tous les cas nous leur souhaitons bonne chance et plein succès dans leurs missions ».

Germain Kiemtoré, photographe : « j’attends de les voir à l’œuvre » « Etant donné que les ministres viennent d’être nommés, j’attends de les voir à l’œuvre avant d’apprécier. Pour le moment, il ne sied pas de devancer l’iguane dans l’eau pour porter un jugement. Mais d’ici à un mois, je pense qu’ils pourront être évalués en fonction des décisions qu’ils prendront sur le terrain et des actions qu’ils vont entreprendre. Notre plus grande attente est qu’ils s’attaquent à l’insécurité car c’est cela même qui a été à l’origine du coup d’état. Ils doivent faire ce qu’il y a à faire pour que les populations soient satisfaites ».

Propos recueillis par

– Romain Beyon NEBIE

– Joseph HARO – Mamady ZANGO

– Joanny SOW – Timothée SOME

Estelle KONKOBO (Stagiaire) – Nadège YAMEOGO

– Noufou SAWADOGO – Adama SEDEGO

– Souaibou NOMBRE – Wanlé Gérard COULIBALY

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