Infections urinaires : « Les personnes diabétiques sont les plus à risque », Pr Fasnewindé Aristide Kaboré

Une infection urinaire est une infection des voies urinaires, c’est-à-dire des reins, des uretères, de la vessie et de l’urètre. Elle est causée par des bactéries qui entrent dans le corps et s’installent dans les voies urinaires.  Elle peut toucher tout le monde, mais elle est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Le Pr Fasnewindé Aristide Kaboré, chef de service urologie du Centre hospitalière et universitaire, Yalgado Ouédraogo (CHU YO), par ailleurs président de la société d’urologie du Burkina Faso explique.

Les infections urinaires sont des affections médicales fréquentes aussi bien dans les milieux hospitaliers que dans la communauté. Le chef de service urologie du Centre hospitalier et universitaire, Yalgado Ouédraogo (CHU YO), Pr Fasnewindé Aristide Kaboré indique que l’infection urinaire est une colonisation des voies urinaires par des microbes pathogènes, pouvant entrainer un certain nombre de symptômes qui caractérisent donc l’infection urinaire. Il rappelle que les urines sont stériles normalement et le passage des microbes dans l’urine est une anomalie qui survient dans certaines conditions qui vont entrainer une infection qui se manifeste cliniquement. Selon lui, il y a trois groupes de personne à risque. Il s’agit des personnes ayant des pathologies préexistantes avec une baisse de l’immunité, de la capacité de l’organisme à se défendre contre les infections. Il y a des personnes qui ont des problèmes d’immuno-dépression, comme l’infection à VIH/SIDA, celles qui sont sous immuno-suppresseurs, soit dans le cadre d’une insuffisance rénale ou d’autres pathologies comme les patients qui ont bénéficié d’un don d’organe, des maladies comme le diabète qui favorise les infections.

Il y a aussi les patients qui ont une insuffisance hépatique qui sont exposés. Aussi les femmes représentent un autre groupe de population à risque. Car chez elles, il y a une proximité de l’appareil urinaire, du nerf urétral, du vagin et du rectum. Pour lui, il est plus facile pour la femme d’avoir une infection urinaire venant soit du système génital, par le vagin ou par le rectum en colonisant les urines par effets de proximité. « Cet élément anatomique chez elles favorise les infections, c’est-à-dire que l’urètre qui ramène les urines de la vessie vers l’extérieure au moment de la miction est court et cette brièveté chez la femme fait que les germes peuvent passés plus facilement pour coloniser les voies urinaires », souligne-t-il. Le troisième groupe qui est exposé, sont les hommes, surtout ceux âgés, lorsqu’ils commencent à avoir des difficultés avec la prostate. Les enfants aussi sont exposés aux infections urinaires, car il y a certains qui naissent avec des malformations de l’appareil urinaire et vont favoriser les infections urinaires. Pour le Pr Kaboré, ces infections sont causées par des bactéries qui vont coloniser les voies urinaires. En général, la porte d’entrée de l’infection de l’appareil urinaire c’est l’urine. Mais, chez la femme, confie-t-il, c’est par le méat urétral qu’il y aura des microbes qui vont, soit provenir du système digestif, donc de l’anus et du rectum, ou provenir du vagin et vont ensuite coloniser les urines en passant par l’urètre. A l’entendre, ce terrain (les femmes, les hommes, les patients immunodéprimés) va favoriser le développement et la pullulation des microbes. Le germe le plus fréquent au niveau de l’infection de l’appareil urinaire est l’Escherichiacolis. C’est un germe digestif qui se retrouve plus incriminé dans les infections urinaires. Il atteste que les personnes diabétiques sont le plus à risque, parce que le diabète va entrainer une baisse des capacités de l’organisme à se défendre. « Cela va se traduire par des infections beaucoup plus fréquentes chez le patient diabétique. Aussi, le diabète va entrainer des désordres du fonctionnement de l’organisme et donc empêcher celui-ci de déployer ses facteurs de défense », laisse entendre Pr Kaboré. Le diabète va entrainer des anomalies au niveau des vaisseaux qui sont extrêmement importants pour agir au moment de l’infection et l’inflammation pour permettre la défense de l’organisme. « En réalité, le diabète va déstabiliser les capacités de défense de l’organisme et favoriser la survenue des infections », confie-t-il.

La fièvre, un signe alerte de l’infection

Le chef de service urologie du CHU YO explique que les infections urinaires se manifestent premièrement par la douleur, des brulures lorsque le patient urine. Et de noter que le deuxième symptôme qui n’est pas très fréquent, et qui doit être un signe d’alerte d’une certaine gravité de l’infection urinaire, est la fièvre. « Lorsque le malade a de la fièvre et qu’il urine avec des douleurs, cela peut être le signe d’une infection urinaire. Il aura des difficultés pour uriner. Les urines vont sortir plus lentement, et il va uriner plus fréquemment dans la journée comme la nuit. Il n’arrive donc pas à différer lorsqu’il a une envie d’uriner », détaille-t-il. Des complications peuvent survenir. Selon le Pr Kaboré, la première complication survient lorsque l’infection passe dans le sang et se généralise à l’organisme. Elle peut être très grave et entrainer une septicémie qui peut entrainer le décès du patient. Aristide Kaboré prévient que l’infection urinaire peut évoluer vers le rein et entrainer son infection. Il fait savoir que cette infection peut évoluer vers la destruction du rein et entrainer une insuffisance rénale. Certains types de calculs urinaires (encore lithiase) peuvent être une autre complication possible qui se fait dans le temps. Le président de la société d’urologie du Burkina Faso révèle que la prise en charge des infections urinaires a beaucoup évolué. De nos jours, il y a des critères extrêmement clairs pour savoir ceux que l’on doit traiter et ceux que l’on ne doit pas traiter forcement. Il conseille aux patients qui manifestent des signes d’infections urinaires, de se faire consulter pour éviter de se retrouver à traiter des infections parce qu’elles ont été mal traitées. « Chez les femmes qui font des infections urinaires à répétition dans l’année, beaucoup d’entre elles font de l’automédication quand elles sentent les symptômes, car elles savent comment la maladie se manifeste maintenant. Cette pratique est dangereuse parce qu’elles risquent de développer des résistances bactériennes et ne plus être sensibles aux médicaments » ,dit-il.

Des mesures d’hygiène

Pour prévenir les infections urinaires, Pr Aristide Kaboré souligne qu’il y a une série de mesures qui existent. Pour ceux qui ont des infections ponctuelles passagères, il préconise une hygiène générale. Mais chez les femmes, elles doivent éviter l’utilisation de sous-vêtements synthétiques et privilégier ceux en coton, car les fibres synthétiques gardent plus la chaleur et favorisent plus la macération de la zone vulvaire qui fait que les microbes peuvent facilement passer du système digestif ou du système génital vers l’urine. Lorsque celles-ci vont aux selles, elles doivent également se nettoyer de l’avant vers l’arrière ou de l’urètre vers l’anus, mais n’est pas faire le contraire, car cette action va plus mobiliser des germes qui vont entrainer des infections urinaires. Pr Kaboré exhorte les patients à boire assez d’eau pour permettre d’apurer un certain flux d’urine qui va empêcher les germes de se fixer sur l’appareil urinaire. La consommation des fruits et la phytothérapie permettent aussi d’éviter les infections urinaires.

Wamini Micheline OUEDRAOGO

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