Justin Konseiga : De serveur de bar à chef d’entreprise à Niamey

Justin Konseiga, propriétaire de la chaine des restaurants «Sonda Sonda » au Niger : « Il faut travailler et rester concentré sur son but ».

Au nombre des Burkinabè qui vivent au Niger, Justin Konseiga, s’est fait une réputation dans la restauration. Patron de la chaine (trois) de restaurants Sonda-Sonda à Niamey, la capitale, il a pourtant débarqué sur les bords du fleuve Niger en 2016. Dès lors, il construit petit à petit sa réputation de jeune chef d’entreprise prospère dans son pays d’accueil.

Depuis qu’il est rentré à l’école, Justin Konseiga, ce jeune originaire de la commune de Saponé, à une dizaine de kilomètres au Sud de Ouagadougou, n’avait jamais goûté à l’échec jusqu’en classe de 3e où il échoue au Brevet d’études du premier cycle (BEPC) en 2009. Avec cette déconvenue, il refuse de reprendre la classe, fait ses adieux à l’école et décide de trouver son chemin ailleurs. Aujourd’hui, il gagne paisiblement sa vie de propriétaire de restaurants sur la rive droite du fleuve Niger, à Niamey.

Il pourrait même ajouter fièrement cette phrase de Loa Tseu : « L’échec est le fondement de la réussite », au nom Sonda-Sonda (« vite vite » en langue Djerma) de sa chaine de restaurants qui figure au fronton de ses établissements. C’est dans un mélange d’odeurs de grillades et de lamelles de pomme de terre qui pétillent dans les casseroles que nous le rencontrons dans un de ses restaurants en plein centre de la capitale nigérienne où il officie tous les soirs de 17h à 5h du en ce 30 décembre 2020. Pendant que des clients s’attablent pour savourer, qui du poulet ou du poisson braisé, qui des brochettes ou de l’attiéké, d’autres, de leurs véhicules, interpellent le patron pour lancer leurs commandes. Entre ces sollicitations, Justin Konseiga, le jeune homme de 29 printemps (né le 26 août 1992), avec un sourire permanent, passe vite à la confidence sur son parcours qui l’a conduit jusqu’au Niger.

Lorsqu’il rate le BEPC en 2009, il quitte son Saponé natal pour Ouagadougou où réside son père. Il commence à travailler comme serveur dans un bar-restaurant de la capitale burkinabè. Dans l’exercice de ce métier, il rêve d’ouvrir son propre restaurant. En 2013, le jeune Konseiga quitte le Burkina Faso pour le Bénin voisin où il dépose sa valise à Cotonou, la capitale. Avec ses petites économies, il ouvre un petit restaurant. Mais le succès n’est pas au rendez-vous. Il abandonne et va travailler dans un hôtel de la place. Là-bas, il flaire le bon coup. « La plupart des Nigériens qui séjournaient à l’hôtel étaient très généreux avec moi. Ils me laissaient de gros pourboires. Il y en avait qui me donnaient 5 000 F CFA ou 2 000 FCFA. J’ai senti que je pouvais faire de bonnes affaires dans le pays où sont originaires mes bienfaiteurs. C’est pourquoi, j’ai décidé de venir à Niamey en 2016 », confie-t-il, le regard quelquefois tourné vers ses fourneaux.

Huit mois difficiles

Les restaurants « Sonda Sonda » proposent essentiellement
de la grillade et des frites.

Dans son pays d’accueil, il traverse huit mois difficiles qu’il met toutefois à profit pour réunir les ustensiles de cuisine afin d’ouvrir un restaurant. Avec l’aide de bonnes volontés qui ont remarqué son sérieux, il obtient l’essentiel et démarre ses activités dans le quartier Anikoara. Très vite, Justin Konseiga est adopté par ses clients pour la rapidité et la qualité de l’accueil. Ils le surnomment « Sonda Sonda », qui veut dire « vite vite » en langue Djerma, très parlée au Niger. La réputation de ses plats attire de plus en plus la clientèle. Au menu, il propose, entre autres, des poulets et du poisson braisé, des brochettes, des frites de pomme de terre, de la banane plantain et de l’attiéké.

Au fil du temps, M. Konseiga veut marquer son territoire. Il baptise simplement son restaurant « Sonda Sonda ». Le nom sonne local et est très vite adopté. Chaque jour le convainc qu’il a fait le bon choix en venant au Niger d’autant plus qu’il refuse chaque soir du monde dans son petit restaurant. Ayant de grandes ambitions, il fait venir son cousin du Burkina Faso et ouvre un deuxième restaurant à Niamey, au quartier Rond-point-Eglise. Là aussi, la clientèle raffole de ses merveilles culinaires. « Les Niaméyens apprécient bien nos plats. Ils trouvent qu’il y a une différence d’avec les leurs. De plus, nous vendons nos plats à des prix raisonnables. Nous proposons le poulet et le poisson à 3000, les plats de frites à 1000 F. Ces prix sont largement en-deçà de ce que proposent les autres restaurants de même standing », argue-t-il.

Le Niger,« une destination idéale »

Justin Konseiga voit loin. Il prospecte d’autres localités du Niger. Son choix se porte sur Maradi, 3e ville située dans le Sud Niger et considérée comme la capitale économique du pays. En 2020, il y ouvre son 3e restaurant. Aujourd’hui, c’est un jeune chef d’entreprise comblé qui emploie une trentaine de personnes, nigériens et burkinabè. Son secret, affirme Justin Konseiga, c’est la passion pour ce qu’il fait. « Mon père a été chef cuisinier dans un hôtel à Ouagadougou. Cela m’a aussi inspiré dans mon choix de faire de la restauration », assure-t-il. Discret sur son chiffre d’affaires, le jeune Konseiga concède tout de même qu’il en est satisfait. Le loyer des trois restaurants et de son logement, lui coûtent le million F CFA par mois.

Avec son Burkina natal, il garde un lien solide, puisqu’il y séjourne régulièrement pour voir son épouse et son garçonnet de deux ans. « J’ai déjà acheté un camion pour ramasser le sable au pays. J’ai deux taxis compteurs à Abidjan en Côte d’Ivoire. Je soutiens également mon épouse dans sa carrière musicale. Mon grand projet est de réunir dans les cinq prochaines années, 500 millions F CFA pour acheter d’autres camions afin de bien me lancer dans la vente du sable », déclare, Justin Konseiga. Pour lui, le Niger a été une destination idéale puisqu’il s’y sent mieux. « Chez moi, à part ma famille, personne ne me connaît. Il y a des personnalités qui me connaissent ici. Je me suis fait des relations qui m’ont aidé à mettre en place mon entreprise », conclut-il, le regard plein d’assurance.

Karim BADOLO
(De retour de Niamey
au Niger)

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