La désinformation, l’autre ennemi

Des vidéos, des photos et des audios sont devenus viraux, ces dernières semaines, sur la toile au Burkina Faso. Entre autres, on peut faire référence aux photos montrant le Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, en compagnie de prétendus agents du groupe de sécurité privée russe, Wagner. Il y a aussi les audio prêtés à des personnalités et les publications tendancieuses qui tendent à inonder les réseaux sociaux et « certains médias». A quelle fin ? Seuls les auteurs de ces publications pourraient répondre. Depuis le début de la guerre contre le terrorisme, on assiste régulièrement à la publication de fausses alertes sur des attaques et à l’exploitation d’images truquées ou renvoyant à d’autres réalités.

Ces publications sont faites certainement à dessein pour en rajouter à la psychose, mais aussi partagées naïvement et même ardemment défendues par des cibles pour qui, certaines sources constituent une parole d’évangile. Or, honneur et crédibilité semblent ne pas être le souci de ces sources, car on ne désinforme pas de bonne foi. Ils sont aussi conscients qu’une bonne partie des populations ne dispose pas du minimum de recul face à ces informations, dont elle n’a aucune certitude sur les fondements. Une chose est sûre, la désinformation vise la manipulation des opinions, même si l’effet escompté parait parfois positif. Chacun en fait usage jusqu’au jour où il en devient victime et se trouve atteint dans sa dignité. Elle demeure donc un processus de création ou d’amplification de psychose dans un pays en guerre comme le nôtre où les esprits sont déjà fragilisés par les événements quotidiens.

Quoi qu’on dise, la réponse à cette problématique est l’élaboration, sinon l’application de textes, au même titre que ceux adoptés contre les cybercriminels. Face à une volonté farouche de nuire à tous, seule une législation « corsée » permettra de mettre en place les digues imprenables contre ces agissements malveillants. Au-delà de la législation, il est plus qu’impérieux de former les ressources humaines compétentes et capables de traquer ces fabricants de Fake news tapis dans l’ombre avec la vile intention de traumatiser davantage une population qui souffre déjà des ravages du fléau terroriste. Une structure comme la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLC) fait un travail formidable de traque de cyber escrocs et autres propagateurs de propos aux relents haineux et nauséeux à l’encontre de communautés ou de personnalités. Il serait alors judicieux de renforcer les moyens matériels et techniques d’une telle structure et d’autres connexes afin de freiner les élans malsains de ces oiseaux de mauvais augure qui polluent la toile de leurs cris d’orfraie. Aux grands maux, dit-on, il faut apporter les grands remèdes. L’on ne devrait donc pas lésiner sur les moyens adéquats pour étouffer l’écume de ces adeptes de l’apocalypse.

Il conviendrait également d’adjoindre aux moyens, un effort de sensibilisation par rapport à tout ce qui est proposé comme contenu sur la toile. Apprendre aux citoyens à avoir le recul nécessaire face aux flux d’informations qu’ils reçoivent pourrait, dans une certaine mesure, amenuiser les ravages de la désinformation. Il relève aussi de la responsabilité de chacun de faire preuve de retenue et de bon sens dans l’usage qu’il fait des réseaux sociaux. Avant de partager une information sur la toile, chacun devrait prendre la peine de mesurer sa pertinence, à tout le moins son utilité. C’est pourquoi, l’éducation aux médias s’impose aujourd’hui plus que jamais comme un rempart à ce fléau. Dans un contexte où l’ennemi sait se faire discret, la conscience citoyenne devrait être aussi affûtée pour mieux le cerner dans sa propension à vouloir faire le mal. Chaque citoyen est interpellé.

Assetou BADOH badohassetou@yahoo.fr

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