L’heure du sursaut national

Le 61e anniversaire des Forces armées nationales est intervenu hier lundi 1er novembre 2021 dans un contexte toujours marqué par la menace terroriste. Le thème « 61 ans au service de la défense de notre patrie : tous ensemble pour un hommage aux Forces armées nationales et pour un engagement décisif pour vaincre le terrorisme ! » fait largement écho à cette actualité sécuritaire délétère.

Dans son discours prononcé à l’occasion, le ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, le Gal de brigade, Aimé Barthélemy Simporé, a fait cas d’un document de stratégie produit qui va apporter « une plus-value décisive à la lutte contre le terrorisme ». Pour une mise en œuvre efficace de ladite stratégie, le ministre en charge de la défense nationale a rappelé l’impérieuse nécessité pour la nation de se tenir debout comme un seul homme afin de « déclencher un sursaut national » contre l’hydre terroriste.

En premier lieu, les forces de défense et de sécurité, la hiérarchie tout comme les hommes de troupe ont été invités à se mobiliser davantage pour défendre le territoire que les ancêtres nous ont légué. Sur la même lancée, il a fait appel « aux citoyens, aux jeunes, aux femmes, aux commerçants, aux fonctionnaires, aux travailleurs du privé, aux agriculteurs, aux éleveurs, aux artisans, aux artistes, aux sportifs, aux élèves et étudiants, aux membres de la société civile, aux leaders religieux et communautaires de se lever pour le sursaut national ».

En clair le ministre en charge de la défense nationale voudrait dire que la mise en œuvre efficiente de la stratégie contre le terrorisme engage la responsabilité de tous les Burkinabè. La stratégie a beau être peaufinée par les experts les plus fins et pétris d’expériences, elle ne saurait être opérationnelle tant que toutes les composantes sociales ne joueront pas concrètement leur partition. Tout le monde est unanime que la réponse militaire n’est pas la seule solution contre le fléau du terrorisme.

Même si c’était le cas, elle aura besoin de s’appuyer sur d’autres forces. Les FDS ont beau s’éreinter sur le théâtre des opérations contre les « fous du Dieu » qui ont juré notre perte, si elles ne bénéficient pas du soutien effectif des populations, les multiples efforts consentis ne produiront pas l’effet escompté. Il est donc temps pour chacun de sortir des postures attentistes et fatalistes pour fédérer les énergies contre l’ennemi commun.

Le combat contre le terrorisme sera vain tant que certains Burkinabè penseront avoir trouvé une occasion de s’enrichir en conspirant avec les forces du mal. La lutte contre les terroristes sera vouée à l’échec tant que des Burkinabè croiront avoir trouvé une opportunité de se venger des autres. Les sacrifices de nos braves FDS seront inutiles tant que des Burkinabè passeront le temps à jeter l’anathème sur les autres.

Toutes les fois que quelqu’un se débinera de ses responsabilités, c’est une parcelle de pouvoir qui sera laissée aux terroristes. Quelle que soit la capacité d’organisation des terroristes, ils ne peuvent pas faire le poids devant une nation unie, forte, consciente de ses responsabilités. Si les terroristes sèment la psychose depuis six ans dans notre pays, c’est parce qu’ils ont trouvé des lézardes dans la nation, favorables à leur volonté de nuire.

Il y a un temps pour se complaindre, mais il y a aussi un temps pour se réveiller et affronter son destin. Une chose est sûre, personne ne saura vivre dans la quiétude dans un pays sous menace terroriste, même ceux qui alimentent ou soutiennent cette chimère. Ils sont nombreux ces Burkinabè qui sont prêts à aller au front pour défendre le pays. Toutefois il est du ressort de l’autorité de prendre l’initiative qui permette de mobiliser ces énergies.

Au-delà de l’appel au sursaut national lancé par le ministre en charge de la défense nationale, il faudrait que les premières autorités posent des actes qui participent véritablement à la mobilisation de tous contre la nébuleuse terroriste. C’est un impératif que de donner les gages concrets qui vont impulser cette dynamique populaire contre ce fléau. Avec une bonne dose de volonté, soutenu par un sens de l’écoute, l’on peut espérer le sursaut national tant souhaité pour endiguer cette folie meurtrière.

Karim BADOLO

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