Lumumba : la dent, unique relique de l’icône de l’indépendance congolaise, remise à sa famille par la Belgique

Patrice Lumumba, ce Premier ministre au destin tragique et fulgurant, est entré dans la légende le 30 juin 1960, avec un discours contre le racisme des colons qui en a fait une icône des indépendances africaines.

La dépouille de Patrice Lumumba dans un cercueil avec le drapeau congolais sur le parvis du palais d’Edgemont à Bruxelles. Le 20 juin 2022. © RFI/Paulina Zidi. Sidwaya.info. Editions Sidwaya

Plus de 61 ans après sa mort, la dépouille de Patrice Lumumba, le Premier ministre congolais, a été restituée à sa famille et à son pays ce lundi 20 juin 2022. Il s’agit d’une dent conservée toutes ces années par l’un des policiers belges qui avaient été chargés de faire disparaître toute trace du héros national.

La justice belge l’a remise à ses enfants, Juliana, Roland et François lors d’une cérémonie privée. La dépouille a ensuite été mise dans un cercueil de bois sombre qui a été conduit à l’ambassade de RDC, première étape de son retour en terre congolaise.

La cérémonie s’est déroulée en présence des autorités belges et congolaises. Le Premier ministre belge, Alexander de Croo a « réitéré les excuses du gouvernement ». Des excuses que Louis Michel avait déjà présentées en 2002, alors qu’il était à l’époque chef de la diplomatie belge. Alexander de Croo a cette fois évoqué les regrets et la responsabilité morale des dirigeants belges dans cet assassinat.

Le Premier ministre congolais, Jean-Michel Sama Lukonde a pour sa part salué : « Lumumba notre héros national », ajoutant que la date du 20 juin 2022, « entre dans les annales de l’histoire. C’est tout un continent, l’Afrique, qui célèbre le retour de l’un de ses dignes fils ».

Patrice Lumumba, ce Premier ministre au destin tragique et fulgurant, est entré dans la légende le 30 juin 1960, avec un discours contre le racisme des colons qui en a fait une icône des indépendances africaines.

« Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres », déclarait-il à Kinshasa lors de la cérémonie officielle marquant la naissance de la République démocratique du Congo.

Mais Lumumba n’aura été chef du gouvernement du Congo nouvellement indépendant que pendant deux mois et treize jours, du 30 juin au 12 septembre 1960, rappelle le philosophe congolais Emmanuel Kabongo, professeur à l’Université pédagogique nationale (UPN) de Kinshasa et auteur de plusieurs publications sur Lumumba.

Le gouvernement de Lumumba est neutralisé par le président Joseph Kasa-Vubu et le chef de l’armée Joseph-Désiré Mobutu, qui installent des Commissaires généraux, un gouvernement constitué essentiellement d’étudiants et des rares universitaires congolais.

Arrêté, déchu, humilié, torturé, le martyr de l’indépendance du Congo est exécuté en pleine brousse à 50 km d’Elisabethville (actuelle Lubumbashi, sud-est) par des séparatistes katangais et leurs hommes de main belges. Il avait 35 ans.

Le parcours fulgurant de Lumumba s’est achevé le 17 janvier 1961, six mois et demi après son allocution retentissante devant le roi Baudouin.

Après la Belgique, la dépouille de Patrice Lumumba s’envolera pour la RDC mardi soir. Elle marquera une première étape dans son village natal, Onalua devenu Lumumba-ville, dans le Sankuru. Puis ce sera Kinsangani, lieu de l’émergence de la conscience politique du héros, où il a notamment fondé son parti, le Mouvement national congolais, s’inscrivant dans une logique panafricaniste. Et enfin, la dépouille sera présentée à Shilatembo, lieu de son martyr, près de Lubumbashi, au Katanga.

Sidwaya.info

Source : rfi.fr et AFP

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