Macron sur un boulevard

Il n’y a pas eu de surprise dans les résultats du premier tour de la présidentielle française, du dimanche 10 avril 2022. Comme l’ont prévu les sondages, le chef de l’Etat sortant, Emmanuel Macron, est arrivé en tête avec 27,84%, suivi de Marine Le Pen (23,15%). Le troisième au classement est Jean-Luc Mélenchon de La France insoumise (LFI), avec 21,95% des voix, qui a creusé un gros écart avec les 9 autres candidats en lice. Les deux figures de la politique française en tête du scrutin vont livrer un ultime combat au second tour, le 24 avril 2022.

Ce n’est pas la première fois, que Macron et Le Pen fille, respectivement candidat de La république en marche (LRME) et du Rassemblement national (RN), ex- Front national (FN), sont face-à-face au second tour. Ce scénario s’était déjà présenté en 2017, et le président Macron était sorti vainqueur du duel, avec 66,10% des suffrages exprimés contre 33, 90 % pour Marine Le Pen. L’histoire va-t-elle se répéter en faveur de Macron ? Sauf un miracle, la probabilité que le locataire du palais de l’Elysée reste aux affaires est très forte. Il faut interroger l’histoire pas très lointaine de la politique française pour s’en apercevoir. Jamais un candidat de l’extrême droite n’a réussi à occuper le fauteuil présidentiel, quand bien même il parvenait à aller au second tour.

A l’étonnement général, l’ex-maitre à penser du RN, Jean Marie Le Pen, qui s’est éclipsé de la scène politique à cause du poids de l’âge, avait réussi à aller au second tour de la présidentielle de 2002, après moult candidatures. Son rêve, de voir ses idées pour les moins choquantes (islamophobie, antisémitisme, nationalisme…) prospérer en terre française, s’était par la suite envolé. En effet, un front républicain, rassemblant à gauche comme à droite, avait été constitué au profit du challenger de Le Pen, Jacques Chirac, vainqueur de l’élection.

Marine, qui marche sur les traces de son père, exit quelques désaccords, a fait le même exploit en 2017, avant de sombrer dans les urnes. Le Front républicain était encore passé par là. La candidate de l’ex-FN a réédité sa prouesse en 2022, mais il semble évident qu’elle va connaitre le même sort qu’il y a cinq ans. C’est à croire, qu’il existe, une malédiction de la présidentielle dans la famille Le Pen. S’il faut admettre une percée de l’extrême droite en France, ces dernières années, il faut noter que la majorité des Français ne sont pas manifestement prêts à franchir le pas, en élisant un extrémiste à la tête du pays.

A chaque fois qu’un candidat de l’extrême droite fait une percée au second tour, le front républicain, se met en branle pour lui barrer la route. Pour le front républicain, il faut à tout prix préserver les valeurs et principes fondateurs de l’Hexagone, notamment la liberté, l’égalité et la fraternité. Il n’est pas question de laisser la direction du pays à des aventuristes. Marine Le Pen n’est donc pas en terrain conquis et elle en a pleinement conscience. Le candidat classé troisième à la présidentielle de dimanche, Mélenchon, a déjà appelé ses partisans à ne pas donner une seule voix à la candidate du RN, sans pour autant orienter son vote sur Macron.

D’autres voix s’élèvent aussi pour demander aux Français d’éviter le choix de l’extrême droite. Il suffit de lire entre les lignes, pour comprendre que c’est du tout sauf Marine Le Pen. Macron est manifestement sur un boulevard, lui qui partait dès le début favori de la présidentielle face à ses adversaires, dont la plupart sont à la recherche de leurs marques ou en perte de vitesse. Le gros atout de Macron, c’est surtout le bilan jugé positif de son premier mandat, axé sur la transformation de l’économie et la rénovation de la vie politique. Les lignes ont bougé dans nombre de domaines, même si tout n’est pas rose. Des efforts ont été faits en matière de soutien aux entreprises et sur le pouvoir d’achat des Français.

Le taux normal d’impôts sur les sociétés a baissé progressivement depuis 2018, passant de 33 à 25 %. Macron avait également promis supprimer la taxe d’habitation pour 80% des foyers, notamment les classes moyennes et populaires. Il a tenu promesse : allégée de 30% en 2018, puis de 65% en 2019, cette taxe n’existe plus depuis 2020. Seuls points noirs, la justice et la sécurité où des investissements sont encore attendus. En tous les cas, Macron a toutes les chances de conserver son fauteuil. Aux urnes de nous édifier, le 24 avril 2022 !

Kader Patrick KARANTAO

karantaokader@gmail.com

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