Nouveau gouvernement du Burkina Faso : biographie express de quelques « heureux élus »

Fort de 23 membres dont deux ministres d’Etat, le nouveau gouvernement du Premier ministre, Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla est connu depuis le mardi 25 octobre 2022. En plus de cinq ministres du gouvernement de son prédécesseur, Albert Ouédraogo, que sont Bassolma Bazié de la Fonction publique, Olivia Rouamba des Affaires étrangères, Aminata Zerbo de la Transition digitale, Robert Lucien Jean Claude Kargougou de la Santé et Karamoko Jean Marie Traoré, chargé de la Coopération régionale, le nouvel exécutif compte 20 « têtes » plus ou moins connues du commun des Burkinabè. Biographie express de quelques-uns de ces « heureux élus ».

Aboubacar Nacanabo, le fiscaliste avéré Il fait l’une des entrées fulgurantes, mais pas aussi surprenante que cela au gouvernement. Expert en fiscalité internationale et cadre de la Direction générale des impôts (DGI), Aboubacar Nacanabo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est le nouveau ministre de l’Economie, des finances et de la Prospective. M. Nacanabo a successivement été vérificateur à la Direction des grandes entreprises (2007-2013), chef de brigade de vérification de la Direction des grandes entreprises (DGE), de 2013 à 2014, puis chargé d’études à la Direction du contrôle fiscal (2014-2015), chef de service d’assiette (2015-2017), chef du service de contrôle sur pièces (de mars 2017 à janvier 2022), pour devenir commissaire du gouvernement auprès de l’Ordre national des experts comptables et comptables agréés. Chevalier de l’Ordre du mérite de l’économie et des finances avec agrafe fiscalité, il est auteur de près d’une dizaine de publications dans le domaine. Formateur, panéliste, modérateur de panel ou conférencier, il a aussi mis ses compétences d’assistant technique au service d’administrations du Sénégal, des Iles Comores, du Togo, de la Namibie, du Bénin, du Rwanda et du Sud Soudan. Dans le milieu, il est qualifié de « cadre de haut vol, très respecté dans les régies financières et qui ne se lasse jamais de chercher et d’apprendre ».

Bibata Nebié, les droits humains, l’autre atout Native de Ouahigouya dans le Nord, Bibata Nébié, née Ouédraogo, magistrate de grade exceptionnel, fait son entrée dans le gouvernement par la « porte » de la Justice et des Droits humains, en plus du portefeuille de chargée des Relations avec les Institutions. La nouvelle Garde des Sceaux qui remplace Barthelemy Kéré à ce poste est titulaire d’une maîtrise en droit, option droit des affaires de l’université de Ouagadougou, en plus d’un diplôme de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM). Bénéficiaire de plusieurs formations sur les techniques de cassation, la répression des crimes internationaux, les droits humains, le blanchiment d’argent et la criminalité transfrontalière, entre autres, Mme Nébié était jusque-là secrétaire générale du ministère qu’elle dirige désormais. Bien avant, elle a trainé sa bosse comme conseiller à la Cour des comptes (octobre 2021 à avril 2022), présidente de chambre à la Cour d’appel de Ouagadougou, de 2018 à 2021 et cumulativement présidente de la Commission nationale de la concurrence et de la consommation (CNCC), membre du Comité consultatif de la concurrence de l’autorité régionale de la concurrence de la CEDEAO et présidente de la Chambre de discipline du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Bibata Nébié fut également directrice de cabinet de son ministère actuel, de février 2015 à juin 2017, présidente du Tribunal pour enfants de Ouagadougou, d’octobre 2013 à février 2015, directrice de l’éducation à la citoyenneté du ministère de la Promotion des droits humains, de 2008 à 2011 et présidente du Tribunal d’instance de Ouagadougou, de 2003 à 2008. Auteur de « Droit judiciaire privé : l’Instance, (Collection Précis de Droit burkinabè) », elle est Chevalier de l’Ordre de l’Etalon et Chevalier de l’Ordre du Mérite de la justice et des droits humains, avec agrafe droits humains.

Dr Dénis Ouédraogo, en terrain connu En remplacement de Innocent Kiba, le Dr Denis Ouédraogo s’installe dans le fauteuil de l’Agriculture, des ressources animales et Halieutiques. Cet enseignant-chercheur en sciences économiques au département de sociologie et économie rurale de l’Institut du développement rural (IDR) de université Nazi-Boni (UNB) à Bobo-Dioulasso, depuis 2004 est titulaire d’un doctorat en Economie et socio-économie du développement obtenu en 2002 à l’université de Ouagadougou. L’économie agricole, l’économie des ressources naturelles et de l’environnement, l’évaluation et l’analyse d’impact des projets et programmes de développement, l’analyse de l’économie des ménages sont entre autres domaines de compétence du nouveau ministre. De 1998 à nos jours, Dr Dénis Ouédraogo a conduit des travaux de recherche et dispensé des cours d’économie, de politique agricole et environnementale, de création et d’organisation des entreprises agricoles, d’économie de l’environnement, de planification et de gestion du développement et de commerce international dans des centres de recherche et universités africains et internationaux. Auteur et co-auteur de plusieurs publications scientifiques, Dr Ouédraogo est membre de African Growth and Development Modelling Consortium (AGRODEP). C’est dire donc qu’il « progresse » en terrain connu, lui qui a été directeur général du Centre agricole polyvalent de Matourkou (Bobo-Dioulasso), devenu Ecole nationale de formation agricole (ENAFA), entre mars 2016 et juillet 2022 et Directeur général de la promotion de l’économie rurale (DGPER) au ministère en charge de l’agriculture de septembre 2013 et mars 2016.

Nandy Somé, l’efficacité dans la discrétion Elle s’occupe désormais du ministère de la Solidarité, de l’Action humanitaire, de la Réconciliation nationale, du Genre et de la Famille. Pour autant de portefeuille, il fallait une rompue de l’administration publique. En effet, Nandy Somé, née Diallo, administrateur civil de formation, géographe, formatrice en Etat civil et en gestion alternative des conflits, est depuis ce 25 octobre 2022 à la tête d’un ministère de taille, au regard des questions humanitaires et de réconciliation dont elle doit s’occuper entre autres. Mme Somé qui a occupé, entre autres, les postes de haut-commissaire du Houet (Bobo-Dioulasso), gouverneur du Centre-Nord (où elle a organisé le 11-Décembre à Kaya) et de directeur de cabinet du Médiateur du Faso, était jusqu’à sa nomination, secrétaire générale du ministère des Affaires religieuses et coutumières. Discrète, elle est réputée être une « bosseuse » qui donne satisfaction.

Simon-Pierre Boussim : un expert en planification stratégique le ministère de l’Energie, des Mines et des Carrières échoit désormais à Simon-Pierre Boussim. Expert en planification stratégique, en budgétisation par résultats et en suivi-évaluation de projets et programmes, ses activités l’ont conduit en Europe, en Amérique, en Afrique et en Asie. Doctorant en administration publique à l’université d’Ottawa (Canada), titulaire d’un DEA en économie de l’université de Ouagadougou et d’une maîtrise en administration publique (évaluation de programmes) de l’Ecole nationale d’administration publique de Québec, il dispose d’un bagage de connaissances sur les questions de finances publiques. Cadre du ministère en charge des finances au Burkina Faso, après son diplôme d’administrateur des services financiers obtenu à l’Ecole nationale des régies financières (ENAREF), il est enseignant dans la même école en macroéconomie approfondie. Bien avant, M. Boussim a été assistant d’enseignement à l’université Ouaga II (aujourd’hui université Thomas-Sankara), l’université de Koudougou et à l’Ecole d’études politiques de l’université d’Ottawa.

Le Pr Adjima Thiombiano sur les pas du ministre Ouaro Les nouveaux visages du gouvernement, c’est aussi le Pr Adjima Thiombiano, professeur titulaire en biologie et écologie végétales depuis 2011. Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, le Pr Thiombiano occupait jusqu’à sa nomination, le poste de président de l’université Thomas Sankara où il a remplacé en mars 2018, le Pr Stanislas Ouaro, lui aussi ex-ministre en charge de l’éducation nationale. Directeur général de l’Institut des sciences (IDS) de 2014 à 2018, ce natif de Fada N’Gourma (octobre 1966) fut également président du Conseil scientifique de l’Office national des aires protégées, de 2010 à 2014 et chef de département de biologie et physiologie végétale de l’UFR/SVT à l’université de Ouagadougou de novembre 2006 à novembre 2011.

Dr Augustin Kaboré : de SG à ministre de l’environnement A la faveur du nouveau gouvernement, le ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement change de main. Jusque-là secrétaire général du département ministériel (depuis juin 2021), le colonel des Eaux et Forêts, Augustin Kaboré, remplace Dr Maminata Traoré. Docteur lui aussi et spécialiste du changement climatique, le colonel Kaboré a d’ailleurs soutenu une thèse de doctorat unique en 2010 à l’université d’Abomey-Calavi au Bénin sur le thème : « Les stratégies communautaires d’adaptation au changement climatique : cas des bois sacrés dans le contexte socio-culturel moaga du Burkina Faso ».

Jean Emmanuel Ouédraogo : l’interviewer devenu interviewé ? Il est l’un des plus jeunes, sinon le plus jeune ministre du nouveau gouvernement. Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, connu du public burkinabè et surtout des téléspectateurs de la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB), a passé un an (septembre 2021) à la tête de la télévision nationale (RTB/télé) comme directeur avant de passer ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme. Conseiller en sciences et techniques de l’information et de la communication, il est aussi titulaire d’un Master 1 en médiation et management des conflits à l’université de Ouagadougou, puis d’une licence en sociologie de la même université. Rédacteur en chef de la RTB/télé de 2016 à 2021, ce journaliste, animateur de plusieurs émissions et présentateur a aussi assuré de grandes interviews avec des personnalités au sommet de l’Etat avant de « pondre » un édito d’une rare pertinence sur la situation qui a fini par emporter quelques semaines plus tard, le Président Roch Marc Christian Kaboré. Si pour l’instant aucune précision n’est faite sur le poste de porte-parole du gouvernement, cet interviewer (Emmanuel Ouédraogo) pourrait être l’interviewé des médias qu’il connait très bien.

Fatouma Bako, de la SCADD au PNDES Elle doit « aider » le ministre Nacanabo des finances à gérer le portefeuille du Budget, puisqu’elle est désormais ministre déléguée chargée de la question. Elle, c’est Fatoumata Bako/Traoré née en Côte d’Ivoire (Bouaké). Mme Bako est administrateur des services financiers (2004, ENAREF) et titulaire d’un DESS des hautes études en gestion de la politique économique (2009 à Abidjan en Côte d’Ivoire). Spécialisée dans le suivi des appuis budgétaires, suivi des reformes en finances publiques, suivi de programme et suivi des politiques publiques de développement, elle était jusqu’à maintenant, chef du département réforme des institutions et modernisation de l’administration publique au Secrétariat permanent du Plan national de développement économique et social (SP-PNDES) d’avril 2017 à octobre 2022. Elle a également fait valoir ses compétences au Secrétariat technique national de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (STN-SCADD), de 2013 à 2016.

Synthèse de Jean-Marie TOE

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