Présidentielle nigérienne: Ce que proposent des candidats pour la sécurité

La question sécuritaire a été présente au cours de la campagne électorale pour la présidentielle nigérienne du dimanche 27 décembre 2020. Quelques candidats ont fait l’esquisse de solutions qu’ils entendent mettre en œuvre si toutefois ils parviennent au pouvoir.

A l’instar de ses voisins comme le Burkina Faso, le Mali, le Nigeria et le Tchad, le Niger est confronté à l’insécurité inhérente au terrorisme. Cette préoccupation a été au cœur des échanges lors de la campagne électorale pour la présidentielle du dimanche 27 décembre 2020. Chaque candidat a proposé son « remède » contre le fléau. Candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le Socialisme (PNDS-Tarayya), le parti au pouvoir, Mohamed Bazoum, compte sur son expérience et ses origines pour asseoir sa « vision pour la sécurité » au Niger et dans le Sahel. « Pour avoir été ministre des affaires étrangères et ministre de l’intérieur, j’ai une connaissance anthropologique de cet espace qui peut faciliter ma vision de la sécurité. Mes origines nomades et arabes peuvent faciliter le dialogue avec des pays comme l’Algérie, la Libye, le Soudan, le Tchad, le Maroc et la Mauritanie. Ma connaissance des gens du Nord Mali avec lesquels je partage aussi à peu près la même culture me parait être des atouts », a-t-ilconvaincu. La façon dont je peux parler aux gens de Kidal et de Ménaka, a poursuivi M. Bazoum, sera important. Mohamed Bazoum dont le slogan de campagne est « la continuité pour un Niger meilleur », a confié qu’il va consolider les acquis du président sortant Mahamoudou Issoufou dans le domaine sécuritaire. Cela à travers un renforcement des capacités des forces de sécurité intérieures nigériennes.  Allez-vous discuter avec les terroristes ? « Nous n’en avons pas. Les terroristes n’ont pas de revendications pour ce qui concerne le Niger. C’est un peu comme au Burkina. Il y a certes des Nigériens et des Burkinabè dans l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), mais c’est au Mali qu’il faut régler le problème », a répliqué Mohamed Bazoum.

« Réconcilier tous les Nigériens »

Le candidat du Mouvement national pour la Société de Développement (MNSD-Nassara), Seyni Oumaraou, a soutenu qu’il faut passer par la réconciliation de tous les Nigériens pour que la sécurité s’installe définitivement dans le pays. « Ce n’est pas du Niger que les djihadistes nous attaquent. Mais de toute façon, il y a des complicités internes qui facilitent leur accès à notre territoire. Si nous devons faire le développement, il nous faut d’abord assainir la situation et l’environnement. Ce qui veut dire qu’il faut d’abord réconcilier tous les Nigériens », a souligné le directeur national de campagne du parti, Moussa Harouna. Il a précisé que le candidat entend mettre l’expérience du MNSD quand il était au pouvoir des années 2000 à 2010 sous l’ère Mamadou Tanja. A l’époque, a-t-il laissé entendre, le pays a été confronté à une première rébellion. Grâce au leadership du défunt président, a affirmé Moussa Harouna, un accord de paix a été signé. « Quand la rébellion a resurgi encore, nous avons su ramener ces rebelles autour de la table de négociations et ils sont revenus dans les rangs. Nous saurons identifier ces quelques Nigériens qui ont pris goût à ce comportement, et de concert avec les pays voisins, les partenaires régionaux et internationaux, nous allons mener un travail de réconciliation », a argué le directeur national de campagne du MNSD-Nassara. Selon lui, le candidat Seyni Oumarou a la volonté de renforcer la coopération avec les Etats voisins pour mieux endiguer le terrorisme. « Tant que votre voisin n’est pas en paix, vous ne le serez pas. Il faut penser à pacifier l’ensemble de nos pays en impliquant surtout les populations frontalières. Il faut que ces dernières acceptent de vivre en paix qu’elles soient en Libye, au Nigéria, au Burkina Faso ou au Mali », a-t-il argumenté.

Mutualisation des efforts

Les Etats membres du G5 Sahel, a signifié M. Harouna, partageant le même espace, doivent avoir « une approche commune » du problème pour mieux le résoudre.

Le candidat du Rassemblement pour le Renouveau démocratique (RDR-Tchanji), Mahamane Ousmane, quant à lui, nourrit l’ambition de mettre fin à l’insécurité passer l’installation « d’une administration de proximité » en procédant à un maillage serré à même renforcer la présence de l’Etat à travers les services administratifs et techniques, et ceux de défense et de sécurité. Dans la même dynamique, il compte renforcer les mécanismes de coopération transfrontalière sur les questions sécuritaires. « Cette option est d’autant plus nécessaire que sans une présence efficace de l’administration et des FDS, l’exploitation durable des ressources minières dont regorge le pays deviendrait aléatoire », a indiqué l’ancien président du Niger. Le Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN-FA/Lumana) de l’opposant Hama Amadou qui a appelé à voter pour Mahamane Ouasmane promet d’envisager une stratégie commune avec son parti, le RDR-TChanji pour la sécurité du pays.

  « Cette solution passe par le renforcement des capacités de nos forces de défense et de sécurité et non par la sous-traitance avec des forces étrangères qui ont d’autres agendas que le nôtre.  Nous pouvons faire des coalitions, nous pouvons avoir de l’aide des uns et des autres, mais nous ne pouvons pas confier la sécurité de notre pays à des étrangers. Cela n’a aucun sens »,a martélé le directeur national de campagne du MODEN-FA/Lumana, Moustapha Barke.

Karim BADOLO

et Joanny SOW

(Depuis Niamey au Niger)

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