Rénovation du stade du 4-Août : « Si nous forçons, ce sera du gâchis… », le ministre en charge des sports

Le ministre et ses collaborateurs en train de parcourir le stade pour toucher du doigt les réalités.

Le nouveau ministre des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi, Aboubakar Savadogo a effectué, hier 17 janvier, une visite du chantier des travaux de rénovation du stade du 4-Août. Après constat, le patron du département des sports s’est dit « affligé » au vu de l’état d’avancement des travaux de la réhabilitation du temple du sport burkinabè.

«Quand on vient voir ce qui se passe ici, en tant qu’amateur de sport, on est déjà affligé ». Tels ont été les premiers mots, hier 17 janvier, du ministre en charge des sports, Aboubakar Savadogo, aux entrepreneurs à l’issue de sa visite du chantier de réhabilitation du stade du 4-Août. La visite a démarré par la projection d’une vidéo du cabinet de contrôle GRETECH/CACI sur l’état des travaux de rénovation du stade. Agacé d’entrée, le ministre stoppera le présentateur Soumaila Sawadogo en ces termes : « Arrêtez le film et dites ce qu’on vous a dit de faire et ce qui ne va pas».

Les nombreuses questions du chef du département des sports ont été répondues sans conviction par son interlocuteur. Elles ont principalement tourné autour de l’éclairage, des écrans géants, des projecteurs, des vestiaires, des sanitaires, des sièges, etc. En réalité, rien n’est prêt à 100% aujourd’hui au stade du 4-Août, près de deux ans après le lancement des travaux. « Je présente toutes nos excuses au peuple burkinabè, aux amateurs de sport, aux supporteurs des Etalons, aux footballeurs parce que nous constatons qu’il n’est pas possible de respecter la date de mars pour que le stade du 4-Août puisse recevoir les Etalons.

Si nous forçons, ce sera du gâchis », a indiqué le ministre Aboubakar Savadogo. Selon lui, actuellement le gouvernement préfère une infrastructure bien faite avec le temps que cela peut prendre. Il y a, a-t-il souligné, des risques si les travaux se poursuivent aujourd’hui dans la précipitation. « Les gens vont faire pire que ce que nous voyons et la CAF ne va jamais valider l’infrastructure. Et le stade du 4-Août n’est pas seulement construit pour le football. C’est un stade omnisports. Il faut que l’on réfléchisse ensemble pour voir comment il pourra être disponible pour tous les sports », a-t-il prévenu.

Le ministre des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi était accompagné lors de cette visite, du président du Comité national olympique et des sports burkinabè (CNOSB), Jean Yaméogo ainsi que du président de la Fédération burkinabè de football, Lazare Banssé. La déception était également grande chez ces acteurs. « Depuis le début des travaux, tout est fermé. Il n’y a pas de maquette et personne ne voit ce qu’il y a à l’intérieur.

Je suis déçu. Nous ne sommes pas au bout du rouleau. Hormis les sièges sur les gradins, la configuration du stade n’a pas changé », s’est offusqué le président du CNOSB. Jean Yaméogo connait bien les lieux pour avoir géré le 4-Août pendant deux ans. Et pour lui, il est inadmissible que l’Etat engage des montants colossaux pour sa réhabilitation alors qu’il est difficile de connaitre exactement ce qui s’y passe.

Le stade du 4-Août, un symbole

« Les entrepreneurs doivent prendre conscience qu’il s’agit d’un bien du peuple. Les délais n’ont jamais été respectés. A un moment, ils ne voulaient même pas que quelqu’un visite le stade. Est-ce sérieux ? Il faut que cela s’arrête maintenant », a-t-il ajouté. Quant au président de la FBF, Lazare Banssé, il a avoué être animé par un sentiment d’inquiétude à l’issue de la visite. « Est-ce que le stade sera prêt avant six mois, un an ?

La réponse reste vraiment très mitigée. Nous n’allons pas remuer le couteau dans la plaie mais je pense que nous avons fauté dès le départ. Les acteurs n’ont pas été impliqués dans la mise en œuvre du projet. La FBF, par exemple, n’a jamais été impliquée. Ni dans le dossier d’appel d’offres ni faire des observations », a-t-il regretté. Comme solution en urgence, Lazare Banssé a suggéré sur place la mise en place immédiate d’un comité de suivi des travaux.

Il devra rapidement faire un point de la situation et évaluer tous les problèmes qui se posent. « Ces membres vont se réunir régulièrement. Et sa mise en place va mettre la pression sur les entreprises. Tout va être beaucoup plus transparent et désormais nous connaitrons les problèmes et nous les résolverons au fur et à mesure », a expliqué le président de la FBF. Cette proposition qui met en scène les acteurs du sport a reçu l’assentiment du ministre en charge des sports.

Le ministre Aboubakar Savadogo a alors indiqué qu’il ne fera pas du sensationnel en prononçant des sanctions ou en donnant une autre date pour la fin des travaux. Le chantier, a-t-il déclaré, sera prêt à la date à laquelle les techniciens et les acteurs indiqueront à son département. Mais en attendant, il a tenu à rappeler l’entreprise ce que ce stade représente pour le Burkina Faso. « Le stade du 4-Août est un grand symbole. Tout le monde sait ce qui s’est passé le 4 août.

Tout le monde sait ce que le 4 août a apporté à notre pays. Tout le monde sait que si le pays s’appelle Burkina Faso, c’est qu’il y a eu le 4 août. Tout le monde sait que si on nous appelle le pays des Hommes intègres, c’est qu’il y a eu le 4 août », a insisté le ministre des Sports. En rappel, le stade du 4-Août avait été suspendu en 2021 de toute pratique de sport par la CAF pour non-conformité aux normes requises.

Adama SALAMBERE

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