Réouverture de la frontière Burkina-Côte d’Ivoire : ouf de soulagement à Yendéré et Niangoloko

La circulation est redevenue dense sur le tronçon Niangoloko-frontière de la Côte d’Ivoire, depuis l’ouverture de la frontière ivoirienne.

La République de Côte d’Ivoire a rouvert, le mercredi 15 février 2023, ses frontières terrestres avec les pays voisins, après une période de fermeture d’environ trois ans, à cause de la maladie à coronavirus. Les transporteurs, les voyageurs et les populations rencontrés, ce vendredi 17 février 2023 à Niangoloko, à la frontière du Burkina et la Côte d’Ivoire, se réjouissent de cette ouverture. Dans le contexte d’insécurité, les acteurs demandent aux autorités burkinabè de renforcer les contrôles des passagers et des véhicules à l’entrée du pays des Hommes intègres.

Les signes de la réouverture de la frontière de la République de Côte d’Ivoire avec le Burkina Faso, le 15 février 2023, sont déjà perceptibles lorsqu’on emprunte l’axe Niangologo-Yendéré-frontière Burkina Faso-Côte d’Ivoire sur la Route nationale 1 (RN1). En effet, le trafic a repris de plus bel. Dans les deux sens de ce tronçon, l’on rencontrait, ce vendredi 17 février 2023, soit trois jours après la réouverture, des cars, minicars et tricycles, passagers à bord qui vont et viennent de la Côte d’Ivoire.

Ils se disputent désormais cet axe qui, depuis 2020, était seulement emprunté par des véhicules de transport de marchandises autorisés à traverser la frontière. A Niangoloko, les tricycles qui accostaient les passagers pour les faire traverser la frontière moyennant 15 000 ou 20 000 F CFA ont presque disparu, désengorgeant ainsi le centre-ville où la circulation est devenue beaucoup plus fluide. A Yendéré, au Burkina Faso comme à la Léraba en Côte d’Ivoire, les barrières sont ouvertes au gré des mouvements des véhicules.

Au poste de police de Yendéré au Burkina Faso, les flics ont repris véritablement service et s’affairent aux contrôles des voyageurs qui partent ou rentrent de la Côte d’Ivoire. Ce 17 février 2023, de nombreuses compagnies de transport burkinabè n’ont pas encore démarré leurs activités en direction de la lagune Ebrié. Selon ce chef de gare qui a requis l’anonymat, sa compagnie attend de redéployer son dispositif pour se mettre au service des passagers.

Pour lui, il est difficile de reprendre du coup les activités après près de trois ans d’interruption. Pour l’instant, c’est la société CTROF qui a été l’une des premières compagnies à traverser la frontière ivoirienne dès son ouverture. Son chef d’agence à Niangoloko, Daouda Maïga, s’est dit satisfait de voir enfin la frontière ivoirienne ouverte. « Nous sommes contents de l’ouverture de la frontière de la Côte d’Ivoire. Nous avons envoyé notre premier car le 16 février 2023. J’ai moi-même suivi le car jusqu’en Côte d’Ivoire pour voir ce qui va se passer sur le trajet.

Nous n’avons pas eu de difficultés sur la route. Tout s’est bien passé », souligne Daouda Maiga. A l’entendre, les compagnies de transport n’ont pas encore déterminé les prix de leurs tickets. Mais à la compagnie CTROF, il faut débourser, pour le moment, la somme de 22 500 F CFA pour se rendre à Abidjan à partir de Niangoloko. Daouda Maïga a appelé les deux pays (Côte d’Ivoire et Burkina Faso), liés par l’histoire, dit-il, à prendre des mesures pour faciliter le déplacement des populations.

Des traversées sans difficulté

Le transporteur, Sié Hien, affirme avoir traversé la frontière ivoirienne sans problème.

Comme Daouda Maïga qui dit être allé en Côte d’Ivoire sans difficulté, Sié Hien, conducteur d’un minicar, a fait le sens contraire. Il confirme cette facilité de rentrer et de sortir de la Côte d’Ivoire. M. Hien rassure que la traversée s’est passée sans aucune difficulté. « Le voyage entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso s’est bien passé. Nous avons traversé la frontière ivoirienne sans problème.

Nos parents pourront voyager tranquillement maintenant », se réjouit Sié Hien. Un des passagers de ce car, Ousmane Ouédraogo, a abondé dans le même sens. « Nous avons quitté Abidjan pour le Burkina Faso. Nous n’avons pas eu de problème sur le trajet. Nous souhaitons que cela continue », lance-t-il. Si les deux voyageurs n’ont pas relevé des difficultés à la frontière ivoirienne, ce n’est pas le cas pour ce passager, Boureima Kaboré qui vient de fouler le sol burkinabè.

« La frontière est certes, ouverte, mais les tracasseries persistent. Nous continuons de payer malgré nos pièces d’identité et nos carnets de vaccination à jour. Il faut que nos autorités prennent des mesures pour mettre fin à ces pratiques », fulmine-t-il. Bamassy Soulama, conducteur de tricycle, confirme ces pratiques mais relativise néanmoins. « Au poste de contrôle, on paie seulement si la carte de vaccination n’est pas à jour », précise M. Soulama.

Le capitaine Lassina Sombié, chef de brigade du jour au poste de police de Yendéré invite alors les voyageurs à toujours se munir de leurs documents de voyage pour ne pas être confrontés à certaines difficultés, surtout en ces temps d’insécurité. Sur cette question sécuritaire, des transporteurs, des populations et des voyageurs font plusieurs propositions pour améliorer la sécurité. Ils ont demandé le renforcement des contrôles au niveau de la frontière.

Ces contrôles, suggèrent-ils, doivent s’étendre aux véhicules et aux bagages des passagers. Ils souhaitent que les autorités prennent des mesures afin que les tricycles et les motocyclistes ne transportent plus des passagers allant ou venant de la Côte d’Ivoire. « Avec ce contexte sécuritaire, il faut que nos autorités renforcent les contrôles au niveau des passagers, des cars et même des voies de contournement que certains empruntent.

Il faut aussi diminuer considérablement les contraventions afin d’inciter les voyageurs à passer par la voie normale au lieu d’emprunter les pistes », préconise Seydou Bako, habitant de Yendéré. Pour l’ex-Conseiller villageois de développement (CVD) de Yendéré, Seydou Soulama, l’usage des voies détournées a, en plus de l’insécurité, occasionné de nombreuses pertes en vies humaines pendant la fermeture des frontières.

« Le village a enregistré de nombreuses pertes en vies humaines parmi les passagers qui tentaient de traverser la frontière par des voies détournées. De la Léraba, en Côte d’Ivoire, jusqu’à Niangoloko, au Burkina Faso, nous avons connu beaucoup de morts. Cette réouverture va aider les voyageurs à mieux circuler », se félicite l’ex-CVD de Yendéré. Les jeunes et les femmes, poursuit-il, vont désormais mieux exercer leurs activités.

« Nous avons trop souffert de cette fermeture »

Les commerçants qui avaient déserté le poste de police de Yendéré sont de retour depuis la réouverture
de la frontière.

Pour le moment, ce sont les commerçants de Yendéré qui se frottent les mains à la faveur de la réouverture de la frontière ivoirienne. En effet, ils ont réinvesti de nouveau le poste de contrôle pour vendre leurs articles aux passagers. Ceux-ci avaient déserté les lieux quand la frontière avait été fermée. A Niangoloko comme à Yendéré, tous ceux qui tirent leur pitance de la frontière ont retrouvé le sourire. Est de ceux-là, Fatoumata Weremé, commerçante à Yenderé.

« Nous sommes très contents de la réouverture de la frontière. Nous avons trop souffert et avons eu beaucoup de problèmes depuis que la frontière est fermée. Nous allons maintenant reprendre nos activités et pouvoir s’occuper de nos familles. Nous souhaitons que la paix revienne au Faso », lâche Fatoumata Weremé, sous les applaudissements des autres commerçants qui se sont attroupés autour d’elle. « Nous sommes vraiment contents et souhaitons que nos affaires marchent », jubile une autre commer-çante, vendeuse de pain à Yendéré.

A Niangoloko, c’est le même enthousiasme du monde des commerçants. « Nous sommes contents de la réouverture de la frontière parce que les gens s’en sortaient difficilement depuis que la frontière est fermée. Certains commer-çants avaient même fermé parce que rien ne marchait. Je n’arrivais même pas à vendre un mouton par jour. Mais depuis l’ouverture de la frontière ivoirienne, le 15 février, j’arrive à vendre 1 ou 2 moutons par jour », fait savoir Mamadou Oroh, boucher.

Si les commerçants se réjouissent de l’ouverture de la frontière ivoirienne, ce n’est pas le cas chez les conducteurs de tricycles qui transportaient les passagers pour traverser la frontière. Ceux-ci ont vu leurs chiffres d’affaires considérablement baisser comme le témoigne Madou Traoré à Niangoloko. « Nous sommes contents de la réouverture de la frontière même si elle joue sur nos activités.

Les passagers ont beaucoup souffert pendant la fermeture. Nous transportions les voyageurs pour traverser la frontière entre 15 000 et 20 000 F CFA. Aujourd’hui, nous le faisons entre 2 000 et 5 000 F CFA parce que la route est maintenant libre. Nous n’avons même plus de clients comme auparavant », se désole Madou Traoré. Et selon une autorité à Niangoloko, il faut penser à une reconversion des conducteurs de tricycles, de motocyclistes et de tous ceux-là qui vivaient de la fermeture de la frontière afin de les occuper sainement pour qu’ils ne s’adonnent pas à d’autres activités illicites.

Adaman DRABO

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