Se mettre au pas

Les corps des trois occidentaux (2 Espagnols et un Irlandais), abattus par des hommes armés dans la région de l’Est, ont été retrouvés et transférés à Ouagadougou dans la soirée du mardi 27 avril 2021. Les deux journalistes espagnols, David Beriain et Roberto Fraile et le militant écologiste irlandais, le PDG de l’ONG Chengeta Wild, Rory Young, avaient été enlevés lors de l’attaque de leur convoi, la veille, à quelques encablures de Pama dans la Kompienga. « C’est la pire des nouvelles », comme l’a dit le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, même si l’on apprend que la quatrième personne, un Burkinabè, élément des Forces de défense et de sécurité (FDS), aurait rejoint les rescapés, après s’être réfugié dans la forêt. Les trois occidentaux étaient rattachés à une équipe de formation qui, depuis septembre 2020, forme une brigade de lutte contre le braconnage. La formation était conduite par l’Irlandais et les deux journalistes réalisaient un documentaire sur une sorte d’exercice pratique avec les stagiaires sur le braconnage et le trafic illégal d’espèces sauvages.

Au-delà de l’émotion que suscite cette nième attaque meurtrière dans notre pays, il convient de se demander comment ces expatriés ont pu se retrouver dans une zone coloriée en rouge, depuis quelques années par les chancelleries occidentales, surtout que la mission leur aurait été fortement déconseillée par les autorités sécuritaires burkinabè. Dans une zone où les attaques terroristes sont fréquentes, la brigade mixte était-elle escortée par les FDS ou assurait-elle sa propre sécurité ? En tous les cas, la situation sécuritaire est si critique qu’il ne sert à rien de se jeter dans la gueule du loup. Sous nos tropiques, les « Blancs » sont les premières cibles des groupes terroristes qui, en plus de les tuer, aiment les prendre en otage pour les monnayer contre des rançons. Les cas sont légion et passer outre les consignes de sécurité édictées par les FDS, reviendrait à tenter l’expérience du suicide.

Cette tragique fin des trois occidentaux rappelle à tous, expatriés comme Burkinabè, que les consignes sécuritaires dans les villes et campagnes, les zones dites rouges, oranges et vertes, ne visent qu’à assurer notre sécurité. Victimes de cette barbarie sans visage, les FDS ont fait le serment de sécuriser le territoire, les populations et leurs biens. Du mieux qu’elles peuvent, elles se consacrent depuis six ans maintenant à ce sacerdoce périlleux, avec des résultats de plus en plus tangibles. Afin de les aider à nous protéger, le respect de leurs consignes s’avère donc indispensable. Cela prendra le temps qu’il faut, le Burkina Faso, avec le concours de tous, deviendra ce havre de paix d’antan et chacun pourra disposer de sa liberté d’aller et de venir. En attendant, il faut se mettre aux pas au risque d’en payer les frais.

Jean-Marie TOE

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