L’apparition des jassides, ces insectes ravageurs, préoccupe le conseil d’administration de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB) qui, dans le cadre de son traditionnel suivi de la campagne, a visité un champ « victime », le jeudi 29 septembre 2022 à Bodialedaga à la sortie est de Bobo-Dioulasso.
Dans la zone SOFITEX, le cotonnier est « saigné à blanc » à la suite d’ une attaque d’insectes ravageurs appelés « les jassides » et qui ont littéralement « asséché» des hectares de coton semé tardivement. Face à cette apparition précoce desdits insectes, les espoirs des producteurs s’amenuisent peu à peu, alors que le défi était de relever le niveau de production cotonnière au cours de cette campagne 2022-2023. Sur le terrain, le jeudi 29 septembre 2022, le conseil d’administration de l’Union nationale des producteurs de coton (UNPCB) a constaté dans le village de Bodialedaga, commune de Léna, province du Houet, les dégâts infligés aux champs par les jassides. Pour le président de l’UNPCB, Nikiébo N’Kambi, c’est dans le cadre du suivi de la campagne que sa structure a effectué cette sortie-terrain afin de constater de visu les réalités que vivent les producteurs et apprécier la physionomie des champs. Pour lui, les jassides sont bien connus des cotonculteurs. Il a expliqué que leur apparition se faisait tardivement à un moment où les capsules du cotonnier ont commencé à s’éclater.
Mais, « ce n’est pas le cas cette année », a-t-il déploré. « Les jassides attaquent le cotonnier presque chaque année mais, ils venaient trouver les capsules à maturité. Mais cette année, ils sont venus précocement. Nous avions eu vent de leur apparition dans des pays voisins (Côte d’Ivoire, Mali) en début de campagne mais nous n’avons pas pu prendre des dispositions pour endiguer leur migration vers le Burkina du fait de la délicatesse de leur traitement », a expliqué M. N’Kambi. « Cette année, avec le soutien du gouvernement via des subventions qui ont permis la hausse du prix d’achat du coton graine, les producteurs de coton se sont mis au travail dans l’optique de reconquérir la première place du classement dans la sous-région et nous étions bien partis pour relever ce défi. Malheureusement, à l’insécurité sont venus s’ajouter les jassides qui ont détruit nos champs.
Les solutions envisageables
Tout est mis en œuvre pour trouver des solutions et nous espérons qu’elles seront efficaces. Fort heureusement que 60% des semis au Burkina Faso sont précoces donc moins touchés par les jassides, et nous gardons toujours l’espoir que nous ne serons pas très éloignés de nos objectifs », a-t-il affirmé. Le président de l’UNPCB a profité aussi de l’occasion pour encourager les producteurs de coton à tenir bon face à la situation et a exhorté les partenaires techniques et financiers à soutenir les efforts de résilience des producteurs face à cette situation difficile. Pour le coordonnateur de l’UNPCB, Hèrra Patrice Coulibaly, plusieurs messages de sensibilisation ont été distillés aux producteurs et les agents techniques- terrain de l’UNPCB sont à pied d’œuvre pour assurer un suivi de proximité. Il a également rassuré que l’UNPCB veille au grain et communique régulièrement sur les solutions envisageables. Chez le producteur Innocent Tiemtoré dont le champ a accueilli la délégation de l’UNPCB, c’est l’inquiétude. Va-t-il tomber en impayé ? s’est-il interrogé. En effet, sur son premier champ de 1,5 hectare, M. Tiemtoré a estimé que son rendement fait moins de 500 kg du fait des dommages infligés au cotonnier par les jassides avant même la phase de floraison.
« J’ai emblavé deux champs, un de 1, 5 hectare et l’autre de 3 hectares. Les années antérieures, je pouvais avoir un rendement de deux tonnes à l’hectare. Mais cette année, je ne peux que compter sur le deuxième champ de 3 hectares sur lequel j’ai fait des semis précoces, et qui a un peu échappé aux attaques », a-t-il déclaré. Pour la cheffe de production agricole au niveau de la région cotonnière de Bobo, Awa Traoré, l’ampleur des dégâts liés aux jassides peut être liée dans une certaine mesure à la pério- dicité des semis. Mais cette année, a-t-elle poursuivi, non seulement ils sont apparus plutôt mais en très grande quantité. De ce fait, a expliqué Mme Traoré, les traitements jadis n’ont pas pu contrôler les invasions et les semis tardifs ont été les plus touchés.
Wanlé Gérard COULIBALY