Editorial: Résilience à tout prix

Depuis 2016, le Burkina Faso connaît des attaques terroristes à répétition. Les hommes armés se sont pris au début à des édifices en plein centre de Ouagadougou. Il s’agit notamment du café-restaurant Cappuccino en janvier 2016, et par la suite, le café Aziz Istanbul en août 2017.

Jusqu’à cette époque, les Burkinabè étaient loin de s’imaginer que ce qu’ils voyaient était les prémices d’une longue et périlleuse « guerre » contre un ennemi presqu’invisible. « Les hommes armés non identifiés » ont, au bout de quelques mois, investi des zones du grand Nord du pays en perpétrant des attaques, des assassinats, des enlèvements et des enrôlements forcés ou volontaires des populations en leur sein.

Le Nord, l’Est, le Centre-Est et certaines autres localités ont été touchés par les attaques terroristes avec des actes quasi-quotidiens. Si bien que les Burkinabè se sont rendu compte que c’est une nouvelle donne avec laquelle il va falloir désormais composer. Certains ont fui les localités comme Tongomael, Nassoumbou, Arbinda (dans le Sahel) mais d’autres ont juré sur tout ce qui leur est cher que rien au monde ne peut les faire quitter leur terre natale.

« Je suis né ici…Je vais mourir sur cette terre, celle de mes parents et grands-parents ». Ces propos d’un vieil homme de Tongomael, interrogé par un journaliste de Sidwaya lors d’un reportage, en disent long sur la résilience de certains citoyens face à l’hydre terroriste.
Dans la région de l’Est également, des routes sont parfois minées avec des engins explosifs, des usagers de la route se voient retirer leurs véhicules, des dignitaires sont abattus chez eux avec des membres de leurs familles.

Mais des gens continuent d’y vivre et de vaquer à leurs occupations quotidiennes. Ils cultivent leurs champs, font paître leurs animaux, fréquentent les marchés. La même philosophie les anime tous : faire face à l’ennemi quel que soit le prix à payer. Et ils n’ont pas du tout tort car il ne sert à rien de fuir, même si l’on comprend aisément la peur qui règne à certains endroits du pays en ce moment.

Tout comme eux, des expatriés sont enlevés, maintenus en otage ou simplement abattus mais les sites miniers, les centres religieux et les lieux de charité continuent de fonctionner. Dans cette résistance, ils ont le soutien de l’Etat qui a initié des actions dans ce sens.

Il s’agit, entre autres, de la mise en place du Programme d’urgence pour le Sahel (PUS) qui devrait permettre de fixer les jeunes dans leurs localités à travers la création d’emplois. Cela devrait également ôter de leur esprit la tentation de se faire enrôler pour espérer avoir de l’argent pour subvenir aux besoins de leurs familles.

En sus, le gouvernement a instauré l’état d’urgence, en Conseil des ministres, le 31 décembre 2018, dans plusieurs provinces afin de donner plus de latitude aux Forces de défense et de sécurité (FDS) dans leur mission de protection des citoyens et de leurs biens. Ce volet est très important pour ramener la quiétude au sein des populations et des efforts doivent être davantage consentis pour mettre à la disposition des FDS, tous les moyens humains et matériels nécessaires à cet effet.

Demander aux populations de rester chez eux de 20h à 6 heures sans pouvoir effectuer des patrouilles régulières pour les protéger serait donner libre cours à l’ennemi dans ses besognes. Par ailleurs, pour impulser une nouvelle dynamique à la lutte contre le terrorisme, le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, a procédé à des réaménagements dans la hiérarchie militaire, de même que le Premier ministre Christophe Joseph Marie Dabiré en a tenu compte dans la composition de son gouvernement rendu public le 24 janvier dernier.

Lors de sa Déclaration de politique générale (DPG) devant l’Assemblée nationale, le 18 février 2019, celui-ci a d’ailleurs exprimé son optimisme : « Nous devons rester stoïques et déterminés à vaincre car, j’ai la conviction que nous avons le patriotisme dans nos veines, le courage, les moyens et l’opiniâtreté nécessaires pour être à la hauteur des défis posés par le terrorisme»

Daniel ZONGO
danielzong62@yahoo.fr