L’huile de neem comme insecticide : Le rêve brisé d’un promoteur à Bobo-Dioulasso

Medicinal neem leaves with fruits

L’huile de neem est connue pour ses propriétés d’insecticide naturel à travers le monde. Elle est à cet effet utilisée contre les insectes ravageurs de cultures. L’unité industrielle « NANYI SARL », basée à Bobo-Dioulasso, avait placé son espoir dans sa production. Hélas ! Le manque de clients a contraint l’usine à mettre les clefs sous la porte.

« NANYI SARL » broie du noir depuis plus de deux ans. L’usine, spécialisée dans la production de l’huile de neem, a mis les clés sous le paillasson. Nous sommes à la zone industrielle de Kôdéni, un quartier de Bobo-Dioulasso. Ici, les clôtures des usines se côtoient. A moins d’un kilomètre de la route nationale n°7, qui mène à Banfora, trône un bâtiment au milieu des hautes herbes, qui commencent d’ailleurs à sécher, en ce début de saison sèche. Les portes sont hermétiquement closes. Une aubaine pour les insectes, rongeurs et autres qui y sont confortablement installés. Sur les trois presses, les toiles d’araignées et la poussière ont pris place. A proximité des machines, des sacs remplis de graines de neem sont superposés. De l’autre côté des presses, de l’huile stockée dans des fûts et bidons cherche toujours preneur.

Le grand magasin de stockage est quasiment vide. C’est le triste visage que présente l’usine « NANYI SARL », en cette journée du 31 octobre 2020. L’histoire de cette unité industrielle remonte à 2014, selon son promoteur, Dramane Ouédraogo. Bien avant, il dit tirer son inspiration de ses grands-parents. A l’entendre, lors de ses séjours au village, sa grand-mère utilisait les feuilles de neem pour chasser les moustiques, en les mettant dans le feu. Un geste anodin, pour lui, mais efficace, car, il permet de repousser les reptiles et autres insectes. « La case est ainsi libre pour passer une nuit paisible. Je me suis ainsi dit que l’huile de neem pouvait servir dans l’agriculture et autre chose », souligne M. Ouédraogo. Elle est effectivement connue à travers le monde pour son efficacité sur un certain nombre de ravageurs de cultures, notamment les cultures maraichères et autres, fait savoir docteur Antoine Waongo, entomologiste à l’INERA/ Ouagadougou. « C’est une évidence scientifique. Dans certains pays, on encourage l’utilisation des extraits aqueux à base de neem, l’huile de neem pour lutter contre les ravageurs des cultures maraichères, des cultures de façon globale. Alors, le potentiel insecticide étant reconnu, nous pensons que si derrière il y a une bonne politique, on peut aller vers l’utilisation de l’huile de neem dans la production agricole à grande échelle. Car son utilisation permet de minimiser les risques sur l’environnement. C’est un produit bio », explique le chercheur. Et de poursuivre qu’il y a ainsi moins de risque sur l’environnement, le producteur et le consommateur. Le docteur a même des douloureux souvenirs liés à l’utilisation des produits chimiques dans la production agricole. « Nous avons en effet vu ici des populations qui ont consommé des feuilles de niébé traitées avec des produits chimiques suivi de mort d’hommes. Cela s’est même produit à Dydir », souligne-t-il. Pour lui, l’utilisation des produits bio permet d’éviter de pareilles situations.

750 litres produits par jour

 C’est pourquoi M. Ouédraogo a nourri l’espoir d’apporter sa contribution pour la promotion d’une agriculture bio au Burkina Faso. Il se lance dans la production de l’huile de neem comme un insecticide. « C’est avec des partenaires chinois que nous avons pu mettre sur pied cette unité industrielle, sans aucun appui de l’Etat », explique-t-il. Les débuts promettent un lendemain meilleur. La production journalière est de 750 litres, si les trois presses sont en marche, précise le promoteur. Aussi, souligne-t-il, l’usine n’a jamais fonctionné toute une année. Mais cela n’a aucun lien avec le manque de la matière première. « Je vous rassure que la matière première est bien disponible », reconnait M. Ouédraogo. Des groupements de femmes partout au Burkina Faso collectent et vendent les graines de neem à l’usine. « Les femmes qui nous approvisionnent sont dans la zone de Kongoussi, Kaya, Koupela, Kombissiri, Bobo-Dioulasso et autres », précise-t-il. D’ailleurs, cette matière première permet aux femmes des groupements d’avoir un revenu, dit-il. Car, elles sont chargées de la collecte de la matière première. Et elles la cèdent à 150 F CFA le kilogramme. La disponibilité des graines de neem ne constitue donc pas un problème. La difficulté majeure ici, reste la mévente de l’huile. Les principaux clients, rappelle M. Ouédraogo, ont été des producteurs de cacao et café en Côte d’Ivoire. Ils l’utilisaient pour combattre les ravageurs des pieds de cacaoyers et caféiers. Pourtant, de son avis, sa cible était le marché intérieur. Avec la crise politique ivoirienne, son élan a ainsi été freiné. C’est le début de la descente aux enfers. Les difficultés d’écoulement de la production contraignent l’usine à mettre les clés sous le paillasson. Le rêve du promoteur et d’autres acteurs est ainsi brisé. Les partenaires décident aussi de rentrer dans leur pays, en attendant que les choses se normalisent. Il révèle que la société de distribution « Bio Trade Mark », basée à Ouagadougou, a approché les autorités. « Les dossiers sont au ministère en charge de l’agriculture, mais ils ne bougent pas. Les promesses de commande aussi n’ont jamais vu le jour », nous confie-t-il.

Qualité irréprochable

 Concernant la qualité de ses produits, M. Ouédraogo n’a aucun doute. « Nos produits sont bio. Il s’agit des pesticides utilisés dans l’agriculture, l’élevage, contre les puces. Dans l’agriculture, l’huile de neem est utilisée dans la lutte contre les insectes, le tourteau est utilisé comme fumier organique », explique-t-il. Les bienfaits de l’huile de neem pour la santé et l’environnement sont aujourd’hui prouvés. Le docteur Waongo indique que l’huile extraite à froid est plus efficace que celle extraite à chaud, selon des études qu’il a réalisées au laboratoire.

D’ailleurs, il mène des essais sur l’huile de neem de « Bio Trade Mark », la structure chargée de commercialiser la production de ladite usine. Ces essais portent sur les campagnes agricoles (2019-2020 et 2020-2021). Il s’agit de contrôler l’effet de trois principaux insectes nuisibles du niébé : les thrips des organes floraux, la foreuse de gousses, Maruca vitrata Fabricius et la punaise, suceuse de gousses. Deux villages de la commune de Korsimoro, dans la province du Sanmatenga, précisément Tansin et Tansobdogo, sont choisis pour les essais. Dans la commune de Guibaré, province du Bam, c’est le village de Yilou qui a été choisi. Au cours de la campagne 2019-2020, une seule application de l’huile de neem a été faite pendant la production. « Pourtant, ce qui est recommandé sur le niébé, c’est deux applications. Nous l’avons appliqué durant la formation des boutons floraux uniquement », fait savoir docteur Waongo. Malgré l’unique application, le docteur trouve les résultats encourageants. Il ressort de la première campagne « qu’en culture pure de niébé et lorsqu’on applique l’huile de neem, nous avons une réduction de 30 à 50% de la population des thrips. Ce qui n’est pas négligeable. Sur les autres insectes, il n’y a pas eu grand effet. Sur le rendement final, nous avons observé un gain de 18 à 25 % lorsque le champ est traité avec l’huile de neemSi on a obtenu ces résultats pour une application unique, nous allons aller à deux applications, notamment pendant la formation des boutons floraux et des gousses. C’est ce qui est recommandé dans la culture du niébé ».

Par ailleurs, selon le directeur général adjoint de « Bio Trade Mark », Seydou Sawadogo, la société de distribution est confrontée aux problèmes de débouchés. « Nous avons des particuliers qui viennent acheter l’huile pour d’autres usages », précise-il. Pour lui, « le vrai problème que nous avons au Burkina Faso, c’est l’innovation ». Beaucoup d’hommes ne savent pas qu’il faut innover, regrette M. Sawadogo. « Nos actions vers les responsables sont de demander d’aller vers l’agriculture biologique, écologique. Car aujourd’hui, on constate que les terres sont dégradées, et l’exode rural des jeunes est lié au manque de terres ; si nous développons l’agriculture par des moyens sains, les jeunes vont rester. C’est pourquoi nous travaillons pour que notre agriculture soit une agriculture du futur, qui lutte contre le changement climatique ».

Boubié Gérard BAYALA

gbayala@ymail.com

Encadré : S’orienter vers l’agro-écologie

« Il faut un lobbying. Car le monde est en train de s’orienter actuellement vers l’agro-écologie. Et qui parle d’agro-écologie parle d’utilisation de produits bio pour gérer les insectes ravageurs. Là j’insiste, l’utilisation des produits bio n’est qu’un pan de l’agro-écologie. Ce qui me concerne en tant qu’entomologiste, il serait intéressant qu’il y ait un lobbying pour faire la promotion des produits bio dans la lutte contre les insectes ravageurs  des cultures. Et l’huile de neem est un bon candidat. Car à l’international, ses propriétés d’insecticide sont reconnues et la plante a l’avantage d’être disponible localement. Les feuilles, les graines et autres parties de la plante peuvent être exploitées. C’est un candidat sur lequel on peut  tabler pour la lutte contre les insectes ravageurs de cultures. Mais, au-delà de l’huile de neem, il y a des extraits aqueux, des graines qu’on peut utiliser contre les insectes. Il y a aussi la macération à partir des feuilles. Il y a ainsi beaucoup de choses qu’on peut faire avec la plante ».

 

Source : Docteur Antoine Waongo

B.B.G.

Encadré 2 : De mauvais souvenirs ! 

Des intoxications alimentaires ont fait des victimes en 2019 à Lapio, dans la commune de Didyr et Nayamtenga, dans la commune d’Andemtenga. Elles ont concerné 21 personnes d’une même famille, le 1er  septembre à Lapiou et 14 autres, le 9 septembre à Nayamtenga. Malheureusement, 13 personnes sur les 21, issues de la même famille, ont perdu la vie, suite à la consommation de mets locaux contaminés aux pesticides. A Nayamtenga, sur les 14 personnes cinq ont rendu l’âme. Aussi, l’intoxication alimentaire massive a été suspectée comme cause probable.

B.G. B.

L’entomologiste, Dr Antoine Waongo

«L’huile de neem extraite à froid est plus efficace que celle extraite à chaud»

 

L’entomologiste, Dr Antoine Waongo donne, dans cette interview réalisée, le 15 décembre 2020 à Ouagadougou, des résultats de ses essais sur l’utilisation de l’huile de neem extraite à froid pour lutter contre les principaux insectes ravageurs du niébé.

 

Qu’est-ce qui fait la particularité de l’huile de neem ?

L’huile de neem a la particularité de posséder à la fois des propriétés médicinales, cosmétiques, insecticides, etc. Cette dernière propriété est liée à l’existence, dans toutes les parties de la plante, d’une substance naturelle chimique appelée « azadirachtine », qui constitue le principal principe actif exploité dans la lutte contre les insectes ravageurs des cultures.

Cette huile a aussi la particularité d’avoir un large spectre d’action contre les insectes ravageurs qu’on estime à environ 200. Il a été aussi rapporté une efficacité de l’huile de neem sur les acariens, les nématodes, les champignons et les bactéries.

L’huile de neem, comme tous les bio-pesticides qui constituent d’ailleurs une des solutions alternatives aux insecticides de synthèse, est peu toxique pour l’homme et l’environnement. En plus, elle est surtout biodégradable.

 

Vous menez des études sur l’huile de neem pour lutter contre des ravageurs de cultures. Comment s’est fait le choix de l’huile de neem pour vos différents essais ?

Le Laboratoire central d’entomologie agricole de Kamboinsé (LCEAK) de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) basé au Centre de recherches environnementales, agricoles et de formation de Kamboinsé (CREAF-K) a pour vocation de développer et de proposer aux producteurs des méthodes de lutte saines contre les insectes ravageurs de cultures. Dans cette optique, les projets de recherche que nous mettons en œuvre dans la lutte contre ces ravageurs de cultures sont essentiellement basés sur l’utilisation des méthodes à faibles répercutions sur l’homme et l’environnement. C’est le cas des bio-pesticides comme l’huile de neem.

Dans le cadre du projet « Integrated Management of Major Insect Pests for Rainfed Crops in the Sahel » (SAHEL/IPM), financé par « McKnight Foundation », et dont l’objectif est de développer des technologies agro-écologiques pour réduire les dégâts des principaux insectes ravageurs du mil, du sorgho et du niébé en vue d’augmenter d’au moins 40% les rendements de ces trois cultures pluviales, nous avons identifié l’huile de neem comme étant un bon candidat.

Trois raisons ont guidé ce choix : la communauté scientifique est unanime sur l’efficacité de l’huile de neem sur plusieurs insectes ravageurs ;  les résultats satisfaisants obtenus de nos travaux antérieurs sur l’impact de l’huile de neem extraite à chaud et à froid sur les principaux insectes ravageurs du niébé en condition de laboratoire et au champ ; et enfin la disponibilité de la matière première pour l’extraction de l’huile de neem, c’est à dire les graines.

Parmi tous les promoteurs de bio-pesticides au Burkina Faso, l’entreprise Bio Trade Mark  nous proposait de l’huile de neem pure, extraite à froid. Nous avons vérifié cela en visitant leur unité d’extraction. C’est une entreprise de la place qui se caractérise par de nombreuses collaborations avec la Direction de la protection des végétaux et du conditionnement (DPVC) du ministère en charge de l’agriculture pour la diffusion des biopesticides. L’huile de neem que nous utilisée est vendu sous le nom commercial de KaaKiBioNeem.

Au cours de la campagne agricole 2019-2020, nous avons testé l’efficacité de cette huile contre trois principaux insectes nuisibles du niébé en champ en particulier les thrips des organes floraux Megalurothrips sjostedti Trybom (Thrisanoptera : Thripidae), la foreuse de gousses Maruca vitrata Fabricius (Lepidoptera : Crambidae) et la punaise suceuse de gousses Clavigralla tomentosicollis Stal (Hemiptera : Coreidae).

 

Dans quelle (s) localité (s), l’étude a-t-elle été menée ?

L’étude a été conduite dans les communes de Guibaré (province du Bam, région du Centre-Nord) et de Korsimoro (province du Sanmatenga, région du Centre-Nord). Dans la commune de Guibaré, les essais ont été implantés auprès de quatre producteurs du village de Yilou. Tansin et Tansobdogo sont les deux villages de la commune de Korssimoro, avec quatre producteurs par village. Au total, les essais ont été implantés auprès de 12 producteurs. Nous avons testé deux options à savoir : l’association culturale sorgho-niébé et l’huile de neem.

 

Pourquoi ces deux options ?

Nous avons déjà donné les raisons du choix de l’huile de neem comme option pour la gestion des nuisibles des cultures.

Pour ce qui concerne, l’association culturale sorgho-niébé, c’est une pratique qui est déjà utilisée par les producteurs et très répandues dans la zone d’étude et un peu partout au Burkina Faso. En plus de contribuer à réduire significativement les insectes ravageurs du niébé, l’association culturale sorgho-niébé permet d’améliorer la fertilité du sol, d’accroitre la production de graines par rapport à la culture pure sorgho ou niébé, etc.

Ces deux options ont été combinées dans une perspective d’une approche de gestion intégrée des insectes ciblés, qui du reste sont les plus dommageables de la culture du niébé.

 

Quels sont les chiffres obtenus ?

Une application de l’huile de neem à la dose de 2 litres par hectare au moment de la formation des boutons floraux a permis de réduire de 30 à 50% la population des thrips des organes floraux comparativement au champ non traité. En revanche, aucun effet n’a été observé sur la foreuse de gousses et la punaise, suceuse de gousses. Concernant le rendement grains, nous avons observé un gain de 18 à 25 % lorsque le champ était traité avec l’huile de neem.

Ces résultats préliminaires ont été obtenus avec une seule application de l’huile de neem au moment de la formation des boutons floraux.

 

Au regard des résultats obtenus, pensez-vous que l’huile de neem peut être utilisée pour la production agricole à grande échelle ?

Je dirai tout simplement que l’huile de neem est connue à travers le monde pour son efficacité sur un certain nombre d’insectes ravageurs de cultures, notamment les cultures maraichères et autres. C’est donc une évidence scientifique. Dans certains pays comme le Bénin, on encourage l’utilisation des extraits aqueux à base de neem, l’huile de neem pour lutter contre les ravageurs du niébé et des cultures maraichères. Alors, le potentiel insecticide étant reconnu, nous invitons les entreprises promotrices de ces bio-pesticides à travailler à l’homologation pour une approbation de mise sur le marché dans les 13 pays membre du Comité permanent Inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) dont le Burkina Faso. L’homologation est faite par le Comité sahélien des pesticides (CSP). Cette homologation est obtenue sur la base d’études scientifiques montrant l’efficacité biologique du produit contre des ravageurs ciblés. En plus de cela, il y a bien d’autres paramètres qui sont pris en compte pour l’obtention de l’homologation.

Pour nous, la mise à l’échelle passe donc par l’homologation de ces produits. Lorsqu’un produit qu’il soit bio ou non est homologué et disponible sur la place du marché, il est pris en compte dans le système national de vulgarisation à travers les services d’appui conseil du public et du privé.

 

Avez-vous en projet d’étendre l’étude sur des ravageurs d’autres spéculations ?

Oui, bien entendu ! Déjà à chaud, je peux vous dire que nous avons en vue d’évaluer l’efficacité de l’huile de neem sur les ravageurs du sésame, de la tomate et bien d’autres cultures.

 

Que faut-il faire pour vulgariser cette huile comme pesticide

Comme mentionné plus haut, l’homologation des bio-pesticides constituent une étape clé pour la vulgarisation.

Aujourd’hui nous sommes en plein dans la transition agro-écologique qui désigne un changement de modèle agricole pour mettre en œuvre les principes de l’agro-écologie. La diversification est essentielle à la transition agro-écologique. Il est connu de tous que les pesticides de synthèse ont un impact négatif sur la diversité biologique ce qui n’est pas le cas des bio-pesticides. Donc pour dire que si nous voulons entrer pleinement dans l’agro-écologie, il nous faudra travailler à mettre en avant les bio-pesticides dans la gestion des ravageurs de culture. A mon avis, nous sommes dans cette dynamique. Et pour s’en rendre compte, il suffit de regarder la mobilisation autour de la question de l’agro-écologie tant au niveau national, sous régional et international.

 

 

Interview réalisée par

Boubié Gérard BAYALA

gbayala@ymail.com