La ville de Béni dans la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC) n’a pas connu son calme matinal habituel. En effet, ce mardi 20 octobre aux environs de 4 heures, des hommes lourdement armés ont pris d’assaut la prison centrale de Kangbayi qui comptait 1447 détenus. Ce coup de force, digne du film « prison break » a permis à plus d’un millier de prisonniers de prendre la poudre d’escampette. Cette incursion inattendue attribuée aux combattants du mouvement d’origine ougandaise ADF (Allied democratic forces) par les autorités congolaises a été aussitôt revendiquée par l’organisation de l’État islamique (EI) à travers un communiqué publié par son « agence de presse » Amaq. L’opération qui s’est déroulée en deux étapes, selon le maire intérimaire de Béni, Modeste Bakwanamaha, a visé en un premier temps, la position de l’armée aux alentours de la prison. Un second groupe s’est par la suite attaqué directement au complexe carcéral en défonçant les principaux portails. De l’avis des responsables de la prison, les détenus étaient des combattants des Forces démocratiques alliées (ADF), des membres de milices Maï-Maï et des soldats des Forces armées congolaises (FARDC). L’on se souvient également qu’en 2017, au moins 900 prisonniers s’étaient également évadés à la suite d’une attaque menée par des combattants armés dans la même localité. Ces libérations en cascades du fait des autorités ou dues aux failles de la stratégie de défense n’augurent guère de lendemains meilleurs. Il est vrai que les autorités congolaises sont à la manœuvre pour tenter de ramener les détenus en cellules, mais tout porte à croire que les forces du mal ont bien préparé leur coup et sont en train de reprendre progressivement du poil de la bête. Et pourtant, ces groupes terroristes toutes tendances confondues avaient pris une belle raclée au Nigeria, au Tchad, en Côte d’Ivoire et dans une moindre mesure dans d’autres pays sahéliens. Aujourd’hui, ces groupes terroristes, acculés de partout ont compris qu’il faut reconstituer au plus vite leurs bataillons, récupérer les chefs de guerres et leurs maîtres à penser entre les mains de l’adversaire. Connaissant la nature insaisissable de l’ennemi, les troupes au front ne doivent pas dormir sur leurs lauriers après leur relative victoire sur le terrain. Le laxisme doit céder la place à une surveillance accrue des lieux de détention, des casernes et autres dépôts d’armes. C’est à ce prix que les Etats africains pourront engranger des batailles salutaires dans cette guerre asymétrique.
Abdoulaye BALBONE