Il fallait s’y attendre. L’an III de l’accession de Roch Marc Christian Kaboré du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) au pouvoir, a donné lieu à des commentaires contrastés. Deux positions critiques se dégagent, relativement à ce parcours plus ou moins mouvementé. Pendant que certains voyaient le verre à moitié vide, d’autres estimaient qu’il était bien à moitié plein et qu’à l’allure des transformations socioéconomiques, il sera bientôt rempli à ras bord. Vérité en-deçà des Pyrénées, mensonge au-delà, dit le proverbe, si tant est qu’il y a du vrai et du faux dans ces prises de position. Avouer, en effet, que ces trois premières années auront été éprouvantes serait un truisme, à cause de la recrudescence du terrorisme dans le Sahel et à l’Est du Burkina. Cette dure réalité a contraint le régime Kaboré à revoir ses ambitions et à placer cette problématique, du reste mondiale, au centre de ses préoccupations.
Ce destin contraire imposé par les entreprises terroristes à la solde de forces rétrogrades, sans foi ni loi, n’a cependant pas empêché des avancées concrètes au plan socioéconomique et politique. Les lignes ont, manifestement, bougé dans un contexte d’adversité. Avec notamment des réformes institutionnelles et politiques, à la fois ambitieuses et cohérentes, entreprises dans le cadre du Plan national de développement économique et social (PNDES) pour, non seulement transformer structurellement l’économie du pays, mais aussi renforcer les fondements de la démocratie, en vue de faire du Burkina Faso un Etat où il fait bon vivre. Un inventaire exhaustif nous paraît, en la matière, fastidieux, tant le gouvernement s’est battu et continue de « mouiller le maillot » pour maintenir les grands équilibres macroéconomiques et tenir ses engagements dans un contexte de fronde sociale exacerbée et allant crescendo, avec 16 grèves et sit-in en 2015, 41 en 2016 et 68 en 2017 (Institut Free Afrik). Qu’il nous suffise de dire que la poursuite et l’amélioration de la mesure de gratuité des soins de santé pour les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes, la mise en eau du barrage de Samendéni ainsi que l’inauguration récente de l’échangeur du Nord, sont des signes palpables du désir de changer les conditions de vie des Burkinabè. Cependant, force est de constater qu’une certaine crispation sociale ne cesse de s’enraciner, comme si les Burkinabè, pourtant soucieux de défendre les valeurs d’unité, de progrès et de justice, se retrouvaient devant une contradiction qui ne cesse de les poursuivre : celle de devoir sans cesse contester les changements voulus et choisis. Il reste à intensifier la cadence pour consolider les acquis évoqués, avec notamment la transformation in situ de nos matières premières pour accroître la valeur ajoutée des exportations (rampe de lancement de l’industrialisation) et l’opérationnalisation de l’assurance maladie universelle, censée renforcer et élargir les filets de la sécurité sociale et assurer de meilleures conditions d’existence et de travail à tous. Plus que jamais dans cette dynamique, c’est donc maintenant que le « diesel » doit donner la pleine mesure de ses capacités pour faire taire définitivement ses contempteurs et se présenter en toute sérénité devant les compatriotes qu’il sert, de jour comme de nuit, avec fierté et abnégation, dans l’espoir de lendemains meilleurs.
Par Mahamadi TIEGNA