La liste des présidentiables pour le scrutin du 31 octobre en Côte d’Ivoire est désormais connue. Sur 44 prétendants au départ, ils sont finalement quatre à être autorisés à poursuivre la course pour la conquête du fauteuil présidentiel ivoirien. Ces heureux élus pour la phase finale sont le président sortant, Alassane Ouattara, l’ex-chef d’Etat, Henri Konan Bédié, l’ancien Premier ministre, Pascal Affi N’Guessan et le député Kouadio Konan Bertin, dissident du parti de M. Bédié. Ainsi en a décidé le président du Conseil constitutionnel ivoirien, Mamadou Koné et ses pairs. Parmi les 40 candidats, recalés par les juges du Conseil constitutionnel, figurent deux poids lourds de la scène politique ivoirienne. Il s’agit de l’ancien président, Laurent Gbagbo et l’ex-président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro. Cette décision des sages est perçue comme une pilule amère à avaler par les partisans des candidats malheureux.
Dès l’annonce du verdict, ces derniers ont exprimé leur ras-le bol dans plusieurs localités du pays. Et Dieu seul sait jusqu’où cette vague de contestations, qui souffle à nouveau sur les berges des côtes ivoiriennes, ira. Les populations ont encore les séquelles des crises de 2000, de 2003-2004 et de 2010-2011. Et pourtant un compromis politique aurait suffi pour détendre le climat socio-politique. En effet, le président Gbagbo a été acquitté par la Cour pénale internationale. La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), de son côté, avait aussi demandé la suspension du mandat d’arrêt international qui pèse contre Guillaume Soro, et la libération immédiate de ses proches. Le Conseil constitutionnel aurait pu saisir ces deux perches pour mettre en course ces deux mordus de la politique.
Loin de verser dans des arguments juridiques et au regard du passé douloureux de ce pays voisin, les sages auraient eu le mérite de réunir ses fils en conflit sur la même table. Ne dit-on pas qu’un mauvais arrangement veut mieux qu’un jugement bien rendu. Ce, d’autant plus que même la candidature de M. Ouattara n’est pas dénué de toute critique. Retenir la candidature du président sortant pour un troisième mandat à polémique et empêcher d’autres de se présenter à travers une interprétation « partisane » des textes n’est ni plus ni moins qu’une injustice.
Et si telle est le cas, les adversaires de M. Ouattara n’auront pas tort de penser à un arrangement politique entre le parti au pouvoir et le Conseil constitutionnel. Qu’à cela ne tienne, cette injustice n’est pas totalement consommée. Elle peut être encore corrigée à travers les voies de recours prévues par le législateur. C’est dans ce sens, que la CADHP a réaffirmé, hier mardi 15 septembre, auprès des autorités ivoiriennes sa demande de permettre à Guillaume Soro de se présenter à la présidentielle du 31 octobre. Il reste à espérer que cet appel sera entendu du côté de la lagune Ebrié.
Abdoulaye BALBONE