Dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 mars, l’armée ivoirienne a été la cible d’attaques d’hommes armés non encore identifiés qui ont occasionné des pertes en vies humaines et des blessés. La première attaque a été lancée aux premières heures de la journée du lundi 29 mars contre un poste avancé de l’armée à Kafolo, situé non loin de la frontière avec le Burkina Faso. La seconde, quant à elle, s’est déroulée à peu près au même moment, visant cette fois-ci un poste de gendarmerie à Kolobougou, dans le département de Téhini, plus à l’Est le long de la frontière avec le Burkina. Le bilan fait état de deux soldats tués à Kafolo, et d’un gendarme à Kolobougou et six blessés parmi les forces de sécurité ivoiriennes. Du côté des assaillants, trois ont été neutralisés et quatre interpellés.
Ces évènements montrent, si besoin en était, que le pays de feu Félix Houphouët Boigny est dans le viseur des groupes terroristes. Même si ces récentes attaques ne sont pas encore revendiquées, tout porte à croire qu’il s’agit des hommes rompus dans ce genre de combat. Selon une source sécuritaire ivoirienne, ces semeurs de troubles seraient une soixantaine d’hommes lourdement armés venus du Burkina Faso. En moins d’un an, cette même localité, Kafolo, a été la cible des forces du mal. La dernière attaque remonte à la nuit du 10 au 11 juin 2020 où l’armée ivoirienne avait perdu 14 de ses soldats. Une trentaine de combattants et d’individus suspectés d’être en connexion avec la Katiba Macina d’Amadou Kouffa, affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) avaient été arrêtés les semaines qui ont suivi la première attaque de Kafolo.
Parmi eux, l’un des chef-présumés, le Burkinabè Sidibé Ali, dit « Sofiane » dont l’arrestation avait été annoncée, le 25 juin par les autorités ivoiriennes. Les services de sécurité ivoiriens sont convaincus que l’attaque du lundi 29 mars a été, comme la précédente, perpétrée par les hommes de Sidibé Abdramani alias « Hamza », l’un des lieutenants d’Amadou Koufa. L’an dernier, M. Koufa avait appelé tous les « Peuls », et notamment ceux de la Côte d’Ivoire, à rejoindre son groupe. Pour de nombreux experts, le groupe s’est engagé dans une stratégie d’implantation sur le long terme. Dans ce cadre, le golfe de Guinée serait dans la ligne de mire avec la Côte d’Ivoire et le Bénin comme principales cibles. Ces attaques en terre ivoirienne ne présagent guère des lendemains meilleurs au bord de la Lagune Ebrié, d’une part, et, dans la sous-région, de l’autre. Les autorités en ont certainement conscience. Il revient donc au Premier ministre ivoirien, Patrick Achi et au ministre en charge de la défense, Téné Brahima Ouattara, nouvellement installés, de mesurer l’ampleur de la menace et de tuer à tout prix ce serpent de mer, au risque de lui ouvrir un « boulevard » vers les côtes martines.
Abdoulaye BALBONE