COVID-19: une opportunité pour la confection des masques

Face à la pandémie du coronavirus au Burkina Faso, le gouvernement a adopté un plan de riposte en vue de permettre une reprise des activités pédagogiques, suspendues du fait de cette maladie. Dans ce sens, le département en charge de l’éducation a décidé de doter les élèves et le corps enseignant de masques, en collaboration avec des acteurs privés. Une initiative pertinente qui aura permis le sauvetage de l’année scolaire 2019-2020.

En dépit de la maladie de la COVID-19, les autorités éducatives du Burkina, sous les auspices du gouvernement, ont décidé, après moult concertations avec différents acteurs, de la reprise des activités pédagogiques et scolaires. L’objectif a été de permettre un achèvement de l’année 2019-2020, par une tenue sereine des examens de fin d’année. Ce, par la mise en œuvre d’un plan de riposte adopté à cet effet. L’un des pans de ce plan a été de doter les élèves et les acteurs du système scolaire de dispositifs conséquents en vue du respect des mesures-barrières prises contre la transmission du virus. Il s’est agi, entre autres, de cache-nez, de lave-mains et de savon. Pour la réussite de la mise en œuvre de cette politique, ont indiqué les autorités du ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales (MENAPLN), un partenariat a été conclu entre la Fédération nationale des tisseuses du Burkina d’un côté et, de l’autre, avec la Confédération nationale des couturiers. L’objectif étant de permettre à ces faitières de confectionner suffisamment, des masques pour les mettre à la disposition de chaque élève du pays pour la reprise des activités scolaires, dans le strict respect des mesures-barrières édictées par le ministère de la Santé.
Diversement apprécié par les parties prenantes, ce partenariat entre l’Etat et le secteur informel a, aux dires des autorités régionales en charge de l’éducation, valu son pesant d’or. L’initiative, en effet, selon elles, a permis le déroulement jusqu’à terme des activités pédagogiques. « Grâce à ce plan de riposte, nous avons achevé notre année scolaire malgré certaines réticences », a déclaré le directeur régional de l’Education préscolaire, primaire et non formelle des Cascades, Adama Emmanuel Traoré. Il a rappelé qu’au 1er juin 2020, jour qui avait été prévu pour la reprise des activités, les couturiers de la région n’avaient pas pu livrer les masques en nombre voulu, prétextant le manque de matières premières telles que les files.

36 125 masques livrés dans les Cascades

Mais, par la suite, a-t-il reconnu, « tout est rentré dans l’ordre » et les cache-nez ont été distribués à tous les élèves des Cascades. « Notre difficulté au départ était qu’il n’y avait pas assez de tisseuses dans la région», a justifié Sakoba Soulama, point focal de la Fédération des couturiers de Banfora. Mais, a-t-il poursuivi, avec la détermination de tous, les pagnes ont été disponibilisés et bon nombre de masques ont très rapidement été livrés aux directions régionales en charge de l’éducation. Selon Adama Emmanuel Traoré, la livraison faite par ces couturiers locaux, est évaluée à 36 125 masques dont 16 000 déjà distribués. Quant aux masques reçus du ministère, a-t-il poursuivi, ils se chiffrent à plus de 109 000 dont 101 000 ont été distribués. Au total, la région des Cascades, aux dires du directeur régional, a reçu près de 150 000 masques, soit un manque à gagner de 106, en perspectives à la prochaine rentrée (2020-2021). Pour y faire face, les couturiers locaux et les femmes tisseuses de la région ont rassuré que des dispositions sont prises pour la disponibilité des masques pour une reprise sereine des cours, en septembre prochain. « Il n’y aura pas de problème à la rentrée scolaire », s’est convaincu le point focal des couturiers des Cascades, Sakoba Soulama. Il s’est, par ailleurs, réjoui du fait que ce partenariat ait permis de soutenir financièrement ses collègues qui croupissaient dans la précarité.
Dans la région des Hauts-Bassins, Ouédraogo Aboubacar est le président de l’Association des couturiers, stylistes et modélistes du Burkina et point focal du partenariat entre le ministère en charge de l’éducation et la fédération des couturiers pour la confection des masques. Il a indiqué que près de 60 millions de F CFA ont déjà été payés aux couturiers des régions des Hauts-Bassins, des Cascades et du Sud-Ouest, dans le cadre de la confection des masques. Ce sont sept ateliers de couture de Bobo-Dioulasso, selon le directeur régional en charge de l’éducation préscolaire et primaire, Brahima Sanogo, qui se sont livrés à la confection des masques, en collaboration avec la Confédération des femmes tisseuses du Burkina. Il a cité Betsaleel Sarl, le camp militaire Ouézzin-Coulibaly, Céleste confection, Ivan Couture, Sanou Création et TAP Couture. Ceux-ci, a souligné M. Sanogo, ont pu confectionner et mettre à la disposition des deux directions régionales d’enseignement (primaire et secondaire) un total de 565 727 masques.

Un succès à l’actif des tisseuses

Les masques fournis par le gouvernement, eux, sont de l’ordre de 68 444 au total. « Au regard du rythme de production des masques, la région des Hauts-Bassins pourra fournir les deux masques par élève du primaire. Elle pourra, au besoin, servir les régions déficitaires avec le stock restant », a soutenu le directeur régional, affichant un optimisme pour la reprise des classes, dès le 1er octobre 2020.
Ce succès est à mettre également à l’actif de l’Union des femmes tisseuses de la région qui est dirigée par Djélia Sakandé, par ailleurs présidente de la Coopérative Faso textile (COFATEX). En effet, dans le cadre de la confection des masques contre le coronavirus, l’Union a pu livrer plus de neuf mille pagnes tissés aux différents couturiers qui étaient retenus. Toute chose qui, selon Mme Sakandé, a permis à sa structure de satisfaire la quantité commandée par le gouvernement. Pour elle, la production massive des masques a, non seulement, permis de limiter la propagation du virus, mais bien plus, a contribué à dynamiser son activité. Cela, au regard des montants qu’elle a perçus pour son association. « C’est vrai que c’est pour lutter contre une maladie. Mais, on peut dire qu’à quelque chose malheur est bon. Ça a donné du travail aux femmes », a-t-elle relevé. C’est donc à juste titre qu’elle a traduit toute sa reconnaissance au département du Pr. Stanislas Ouaro pour cette initiative qui, en plus d’être une mesure de résilience face à la crise sanitaire, a boosté un pan du secteur informel national.

Garantir le droit à l’éducation
des tout-petits

Dans le Sud-Ouest, ce partenariat entre le ministère en charge de l’éducation nationale et des faitières des tisseuses dans la région a aussi porté fruits. Mais, la contribution des tisseuses a été modeste, de l’avis de Judith Youl, présidente de l’Association Tew-Maalou et point focal de la confédération des femmes tisseuses. La raison, selon elle, est liée à la réticence des femmes au début de l’opération. Celles-ci, aux dires de Mme Youl, ne croyaient pas à la bonne volonté de l’Etat quant au respect de ses engagements. Et, c’est après qu’elles ont été mieux informées de la question que bon nombre de tisseuses se sont intéressées. C’est ainsi qu’elles ont pu rendre disponibles près de 1 500 pagnes aux couturiers de la région pour la confection des masques au profit des acteurs du système éducatif. «Dans toute la région, les femmes ont travaillé malgré le confinement », a indiqué madame Youl. En dépit de cette contrainte, le directeur provincial de l’Enseignement préscolaire scolaire, primaire et de l’éducation non formelle, Pooda Sié, intérimaire de la direction régionale, a signifié que les couturiers ont pu livrer trois mille masques. Au total, avec la dotation du ministère de tutelle, le Sud-Ouest, à en croire Pooda Sié, a reçu 41 570 masques qui ont pu être distribués aux deux ordres d’enseignement. Une quantité de masques, a-t-il relevé, qui aura permis à la région de s’inscrire dans la perspective du respect des mesures-barrières pour la reprise des activités pédagogiques et de garantir le droit à l’éducation des tout-petits. Du reste, l’ensemble des acteurs impliqués dans la confection et la distribution des masques ont souhaité plus de communication à l’effet d’être plus efficaces pour l’atteinte des objectifs du département en charge de l’éducation.

Soumaïla BONKOUNGOU

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