Délivrance des services publics de bases dans les communes : Les citoyens insatisfaits de l’offre des municipalités

Le secrétaire exécutif du CERA-FP, Hermann Doanio : « l’étude montre que l’Etat doit repenser le modèle de décentralisation, de transfert des compétences et des ressources afin de permettre aux collectivités d’avoir des pleins pouvoirs et des modalités flexibles d’exécution de leurs budgets ».

Le Centre d’Études et de Recherche Appliquée en Finances Publiques (CERA-FP), en collaboration avec ses partenaires, a présenté aux Organisations de la société civile les résultats d’une étude sur l’offre des services sociaux de base dans 34 communes du Burkina Faso, au cours d’un atelier national tenu le mardi 4 mars 2025, à Ouagadougou. Il ressort que la performance globale de la fourniture des services sociaux de base est faible, avec le secteur de la gouvernance qui enregistre la plus basse note (22,7/100).

Les populations de 34 communes des régions du Centre, Centre-Est, Centre-Nord, Centre-Ouest, du Centre-Sud, des Hauts-Bassins, du Mouhoun, du Plateau-Central, Sud-Ouest ne sont pas satisfaites de la qualité de la fourniture des services publics de base que leur offrent leurs administrations locales décentralisées. Ce constat ressort d’une étude réalisée par le Centre d’Études et de Recherche Appliquée en Finances Publiques (CERA-FP), avec l’appui de ces partenaires, sur la certification citoyenne sur la délivrance des services publics locaux dans les secteurs sociaux. Les résultats de cette étude a fait l’objet d’un atelier national de partage, tenu le mardi 4 mars 2025, à Ouagadougou.

Il ressort que le secteur de la gouvernance locale enregistre le niveau de performance le plus faible, avec un score de 22,7/100. En effet, dans la grande majorité des communes concernées (96%) par l’étude, la gouvernance est y faible. Ce qui dénote d’une crise de gouvernance nécessitant une action urgente et concertée. Et les scores les plus faibles ont été enregistrés au niveau de la participation, de la transparence, de la redevabilité.  Avec un score de 45,1/100 Tensobtenga est la commune où la gouvernance locale est la mieux appréciée. Elle est suivie par les communes de Gounghin (34,15/100), Bagré (32,65/100), Béré (31,85/100), et Poni (29,7/100). Ouagadougou  avec un score de (10,7/100), Dédougou (10,65/100), Dolo (9,5/100) sont les communes à plus faible niveau de gouvernance.

La santé, avec un score moyen de (67/100), est le secteur à plus forte performance en matière de fourniture d’offres de services, selon les enquêtés, et cela grâce à l’implication de l’État et des ONG, et à la politique de gratuité des soins. Dans ce secteur, la plus grande satisfaction réside dans la gestion administrative des services de santé (28,7/100). Quant aux points faibles, ils sont relatifs à l’accès aux services de santé (18,5), la qualité des prestations des soins (11,6) ; avec le point le plus critique au niveau de l’hygiène et confort (7,8).

Les bons et les mauvais élèves

Avec des scores supérieur ou égal à (72/100), les communes de Béré, Sapouy, Bagré, Andemtenga, Garango, Saponé, Guiba, Kaya, Gounghin, Tiankoura représentent les meilleurs élèves en matière de fourniture de services de santé. Dolo, Soaw, Tensobtenga, Yargo, Boni, Dédougou, Ziniaré sont les communes où les populations sont les moins satisfaites en matière de santé.

Les représentants de la société civile ont pris connaissance des résultats de l’étude sur la certification citoyenne de la Délivrance des Services Publics locaux dans 34 communes.

Avec des performances critiques (39,1/100), le secteur de l’éducation souffre d’un manque de ressources et de capacité, selon l’étude. Globalement, les usagers sont peu satisfaits des services d’éducation que leur offrent leurs communes. L’enquête révèle une satisfaction élevée en ce qui concerne les infrastructures (70,1) et la gouvernance des écoles (65,5) ; contre une faible satisfaction en matière de normes pédagogiques (23,6) et la carte éducative (24,9) et une très faible satisfaction dans les normes environnementales et sociales (11,4). Founzan (46,13/100), Saponé (46,13/100), Dialgaye (45,37/100), Kaya (44,27/100), Gaoua (43,82/100), sont les communes qui se sont les mieux illustrées en matière de délivrance des services publics d’éducation. Au bas du classement se trouvent les communes de Dano (31,2/100), Dédougou (28,55/100), Ziniaré (23,6/100).

Pour ce qui est du secteur Eau et Assainissement, avec une performance moyenne de 51,4/100, le point fort réside dans la gestion administrative de l’eau potable. La plus grande d’insatisfaction réside dans la gestion administrative de l’assainissement ; et le point critique dans la gestion des allocations budgétaires.  En matière de délivrance des services publics d’eau potable et d’assainissement, les communes les plus performantes sont (Saponé (64,5), Koupèla (60,1), Pâ (59,3). Les communes Moyennement Performantes sont Dialgaye (57,6) Dolo (50,7), Boni (50,4). Quant aux communes à faibles scores, on a Ouagadougou (43,5), Dédougou (42,7), Ziniaré (29,0). Pour le secrétaire exécutif du CERA-FP, Hermann Doanio, cette étude vise à permettre aux populations de se prononcer sur la qualité des services publics que les collectivités leurs fournissent. Il s’agit également de permettre de savoir comment les communes gèrent, planifient la fourniture de ces services aux populations.

Repenser la décentralisation

Pour l’amélioration de la qualité de ces services publics de base, l’étude a formulé des recommandations. Il s’agit, entre autres, d’investir dans la construction, la rénovation et l’entretien des bâtiments scolaires pour assurer un environnement d’apprentissage sûr, confortable et l’amélioration du rayon d’accès ; de dynamiser les structures associatives de gestion des centres de santé et leur imposer d’améliorer l’accessibilité des populations aux services de santé à travers l’amélioration de la qualité des routes, la mise en place des agents de santé à base communautaire, la construction et l’équipement de nouveaux CSPS, etc. Il est également recommandé de former le personnel communal et les acteurs locaux sur la gestion efficace des infrastructures d’eau et d’assainissement, de mettre en place des mécanismes pour assurer la transparence des décisions et des actions municipales, comme la publication régulière des comptes-rendus de conseils municipaux et des budgets.

L’étude montre que l’Etat doit repenser le modèle de décentralisation et de transfert des compétences et des ressources, afin de permettre aux collectivités d’avoir des pleins pouvoirs et des modalités flexibles d’exécution de leurs budgets, a indiqué M. Doanio.  « Les résultats que nous présentons aujourd’hui ne se limitent pas à des données statistiques ; ils représentent la voix des populations locales sur la qualité des services publics essentiels tels que la santé, l’éducation et l’approvisionnement en eau potable. Ces résultats sont un appel à l’action, une invitation à renforcer l’efficacité, la transparence et la qualité de nos services publics locaux », a conclu le Président du Conseil d’administration du CERA-FP, Yoropo Abdoul Dembélé.

 

Synthèse de Mahamadi SEBOGO

Windmad76@gmail.com

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