Détournement de deniers publics au ministère en charge de l’action humanitaire : les explications du procureur du Faso

Le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance Ouaga I, Blaise Bazié, a animé un point de presse sur le démantèlement d’un réseau de détournement de deniers publics au sein du ministère de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale, le vendredi 8 novembre 2024, à Ouagadougou.

A l’occasion de la traditionnelle montée des couleurs à la présidence du Faso, le 4 novembre 2024, le Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, annonçait qu’un réseau qui détournait des fonds publics a été découvert au sein du ministère de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale. Pour apporter des précisions sur cette affaire, le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga I, Blaise Bazié, était face à la presse, le vendredi 8 novembre 2024, à Ouaga-dougou. Selon Blaise Bazié, c’est à la suite d’une plainte du Directeur de la gestion des finances (DGEF) du ministère en charge de l’Action humanitaire, reçue le 8 octobre 2024 par le commissariat de police de l’arrondissement 4 de Ouagadougou que trois personnes ont été déférées à son parquet et placées sous mandat de dépôt. Il s’agit de Amidou Tiegnan, principal auteur et ses complices Salifou Ouédraogo et Philippe Bayoulou. Ces derniers sont poursuivis pour des faits de faux en écriture publique, d’usage de faux en écriture publique, de détournement de deniers publics, d’enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux.

« L’enquête ainsi ouverte a révélé que Amidou Tiegnan, gestionnaire de compte trésor intitulé « renforcement de la protection sociale (PRO-SOC) » et destiné à la prise en charge des Personnes déplacées internes (PDI), usait de manœuvres consistant à l’imitation et à la reproduction de signatures de ses supérieurs hiérarchiques pour émettre des chèques-trésors à son nom personnel ou à celui d’un complice qui recevait ensuite paiement aux fins de partage », a expliqué le procureur du Faso. Aussi, il a signifié que M. Tiegnan fabriquait, après cela, des états financiers fictifs pour dissimuler les écarts de compte. « L’évaluation du préjudice qui est toujours en cours, fait ressortir un montant de plus de trois milliards FCFA », a-t-il précisé.

Le 15 novembre pour le jugement du dossier

En outre, le procureur près le TGI Ouaga I a relevé que subséquemment à l’enquête de patrimoine ouvert à leur encontre, d’importants biens meubles et immeubles ont été saisis. Il s’agit, entre autres de voitures de luxe, des camions citernes, des cars de transports en commun, de plusieurs parcelles à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso et une ferme de huit hectares sis à Samandeni/Bama contenant des animaux d’attraction et de grande valeur tels que des canards sauvages, des grues couronnées et des paons.

« La valeur des numéraires saisis à ce stade est de plus de 166 millions FCFA qui seront déposés sur le compte d’attente de l’Agence nationale de gestion et de recouvrement des avoirs saisis ou confisqués. Pour les biens meubles saisis, constitués principalement de véhicules, la valeur est estimée à plus de 45 millions FCFA, selon les mises en causes. Celle des immeubles pourrait se situer à plus de 1 milliard de FCFA », a souligné le procureur Bazié. Par ailleurs, le conférencier a soutenu que tout comme M. Tiegnan, Stanislas Kinda a été aussi inculpé pour faux et usage de faux, détournement de deniers publics évalué à plus 578 millions FCFA commis au préjudice du Centre de Promotion de l’Aviculture et de la Multiplication des Animaux Performants. Il a été inculpé à la suite d’une plainte de l’agent judiciaire de l’Etat. A en croire M. Bazié, le juge d’instruction a été saisi pour des enquêtes plus approfondies contrairement au cas précédent qui est un cas de flagrant délit. Par ailleurs, il a invité toute personne ayant des informations utiles en lien avec ces faits ou tout autre fait infractionnel à les porter à la connaissance des autorités compétentes. Aussi, le procureur du Faso a indiqué que plus de 20 dossiers relevant du pôle économique et financier seront jugés d’ici la fin de l’année, au cours de deux sessions de jugement dont, la 1re se déroulera du 15 au 30 novembre 2024. A cette occasion, Amidou Tiegnan et ses complices seront jugés. A la question d’un des journalistes sur la période à laquelle les faits ont été commis par M. Tiegnan,
le conférencier a confié qu’elle s’étale de 2020 jusqu’à ce que les faits aient été découverts.

Cédric BOLOUVI

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