Le 4 septembre dernier a marqué le 78e anniversaire de la reconstitution de la Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso. Une date qui ne doit pas sombrer dans l’oubli car elle symbolise ce que le peuple voltaïque de l’époque a fait de plus noble. Dans un contexte colonial où, l’union et l’appartenance à un espace commun n’étaient pas des valeurs unanimement partagées, des hommes et des femmes ont exprimé leur capacité à taire les divisions pour défendre l’essentiel, la terre de leurs ancêtres. En 1932, l’éclatement de la colonie entre les pays voisins a été vécu comme une profonde blessure.
Quinze années durant, les Voltaïques ont subi l’humiliation, les corvées et l’arrachement identitaire. En dépit de tout, ils ont refusé la résignation. Des quatre coins du pays, s’est levée une clameur commune. Ensemble, ils ont lutté pour parvenir à faire renaître leur territoire. Le 4 septembre 1947, la Haute-Volta a retrouvé son intégrité. Une victoire collective, arrachée au prix du sacrifice et du patriotisme. 78 ans après, l’histoire bégaie, dans un contexte de lutte contre le terrorisme, un phénomène assimilable au néocolonialisme.
Depuis 2016, le Burkina Faso est de nouveau éprouvé avec une menace d’occupation des pans entiers de son espace territorial. Cette fois, pas par des décrets coloniaux, mais par la barbarie terroriste. Chaque portion du territoire affectée doit être reçue comme une mutilation du corps national. Comme hier, le pays est confronté à une épreuve existentielle. Comme hier, seule la mobilisation générale peut sauver la mère patrie.
Les Voltaïques de 1947 ont fait fi de leurs divergences et de leurs différences ethniques et religieuses. Ils se sont levés comme un seul homme, conscients que l’intérêt supérieur transcende les appartenances. Ils ont su écrire leur page d’histoire avec dignité et courage. C’est dire qu’il appartient à chaque génération d’endosser son fardeau. Le nôtre est de restaurer l’intégrité du territoire national et d’œuvrer à la souveraineté totale.
Toutes proportions gardées, la lutte que mènent aujourd’hui les trois pays sahéliens contre l’hydre terroriste s’inscrit dans la même dynamique que celle contre la traite négrière et la colonisation. Quand l’histoire semble se répéter, il appartient aux contemporains d’unir leurs forces pour répondre à son appel. La même flamme et le même devoir qui ont guidé les notabilités coutumières et les figures politiques de 1932 à 1947 doivent constituer une source d’inspiration pour l’ensemble des Burkinabè de nos jours.
Il est impérieux donc de convoquer l’engagement et la mobilisation de l’époque pour susciter davantage une prise de conscience individuelle et collective dans la reconquête nationale. Burkinabè, souvenons-nous de 1947 ! A l’ère où des forces obscures veulent déposséder les braves paysans de leurs champs, de nos sanctuaires et de leurs symboles, il n’y a pas d’autre issue que l’unité, la solidarité et le sursaut patriotique. Les Forces combattantes ne gagneront pas seules.
Chaque citoyen doit apporter sa pierre, qu’il soit fonctionnaire, agriculteur, étudiant ou commerçant. Chaque chef coutumier, chaque leader religieux, chaque intellectuel, chaque Burkinabè doit raviver la flamme. Hier, nos devanciers ont sauvé la Haute-Volta de l’effacement. Aujourd’hui, il nous revient de sauver le Burkina Faso du péril terroriste. L’histoire nous observe. Elle attend que nous soyons à la hauteur. Comme en 1947, écrivons ensemble la page de notre libération totale.
Par Assetou BADOH
badohassetou@yahoo.fr