Dr Boblewendé Sakandé, promoteur de la clinique Philadelphie: « La baisse des coûts des médicaments et examens médicaux est une excellente mesure qui favorise l’accessibilité aux soins »

Médecin spécialiste en anatomo-pathologique, Dr Boblewendé Sakandé est le promoteur de la clinique Philadelphie qui a célébré ses 25 ans d’existence, du 5 au 8 juillet 2025, à Ouagadougou. Il revient, dans cette interview, sur ce jubilé, partage son analyse sur les différentes réformes entreprises dans le secteur de la Santé au Burkina Faso.

Sidwaya (S.) : La clinique Phila-delphie a 25 ans, cette année. Quel est le bilan des activités que vous avez organisées à cette occasion ?

Boblawendé Sakandé (B.S.) : Du 5 au 8 juillet 2025, nous avons organisé des conférences, des panels, une campagne de dépistage gratuit des cancers féminins, une collecte de sang, une foire d’exposition et un gala de clôture. Cette célébration
d’un quart de siècle d’existence de la clinique a donné lieu également à des discussions scientifiques intéressantes.

Celles-ci ont permis d’aborder notamment quatre sous-thèmes. Le premier a permis aux participants d’échanger autour des opportunités et des exigences de l’entrepreneuriat médical dans le respect du référentiel de qualité.

« De la pratique clinique à la responsabilité médicale : cas de la clinique Philadelphie » a été le deuxième sous-thème abordé lors de ces discussions. Dans le cadre des discussions scientifiques, nous avons discuté aussi de l’état des lieux, des défis et des perspectives de la prise en charge des cancers. Enfin, nous avons partagé avec nos convives l’expérience de la clinique Philadelphie en matière de prise en charge des urgences médicales. La célébration du 25e anniversaire a été l’occasion de dresser le bilan de notre parcours, de partager notre expérience médicale et entrepreneuriale et de renforcer notre contribution au système de santé national.

S. : Les panels ont constitué des temps forts de la célébration de l’anniversaire de la clinique. Quel était l’intérêt de ces communications ?

B.S. : Les différents panels que nous avons organisés répondaient au besoin des médecins et des autres promoteurs de cliniques, en témoignent leur participation et les retours positifs que nous avons reçus. L’un d’eux a porté sur notre contribution à la prise en charge de la dengue. Notre expérience est enrichissante, car en tant que promoteur privé, il faut faire de la prospective et c’est ce que nous avons fait. Huit ans avant l’épidémie de dengue au Burkina Faso, nous avions compris que ce n’était que la partie visible de l’iceberg. Il en a été de même pour la COVID-19. Le panel sur le certificat médical animé par les magistrats a permis aux participants de prendre connaissance des problèmes médicaux légaux que les cliniques rencontrent. Le professeur Nayi Zongo a donné une communication sur les défis et perspectives dans la lutte contre le cancer du sein au Burkina Faso. Nous avons partagé également notre expérience d’anatomopathologiste dans la prise en charge du cancer du sein car le diagnostic est l’un des pans de la prise en charge.

S. : De façon générale, quelles sont les difficultés rencontrées par les centres de santé privés ?

B.S. : Nous faisons face à plusieurs défis. Il s’agit entre autres, du
coût élevé des équipements et
des charges salariales et fiscales.
Par ailleurs, le manque d’assurance maladie généralisée limite l’accès des populations aux soins.

S. : Certains agents publics sont accusés de rediriger les clients vers les cliniques. Quel commentaire en faites-vous ?

B.S. : Ces pratiques sont à proscrire. A la Clinique Philadelphie, chaque praticien est sensibilisé dès son recrutement, car le patient doit rester libre dans son choix. Ayant moi-même travaillé dans le public, je respecte ce principe d’équité.

S. : Des textes limitent le nombre d’heures de prestation des agents de santé du public dans le privé. Appliquez-vous ces textes ?

B.S. : Absolument. Nous respectons scrupuleusement la réglementation. Le partenariat public-privé est nécessaire, mais il appartient à l’Etat de veiller à l’assiduité des agents dans leurs structures d’origine.

S. : Le gouvernement a décidé de la diminution des coûts de certains médicaments et examens médicaux. Quelle appréciation en faites-vous ?

B.S. : C’est une excellente mesure qui favorise l’accessibilité aux soins ! Nous saluons cette initiative et souhaitons qu’elle soit étendue. Toutefois, les cliniques privées restent confrontées aux prix élevés des équipements et aux retards de paiement des assurances, ce qui fragilise leur trésorerie.

S. : Quel est l’impact de cette décision sur les centres de santé privés ?

B.S. : Elle profite surtout aux patients à revenus modestes. Quant aux cliniques privées, elles poursuivent leurs activités, mais leur équilibre économique dépend toujours des réalités du marché et du paiement régulier des prestations par les assurances.

Interview réalisée par Nadège YE

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