Et si nous enfilions plutôt des gilets blancs ?

Quand dans une famille, les enfants ne s’entendent pas, se regardent en chiens de faïence et se détestent sincèrement, cette famille n’a plus besoin d’avoir des ennemis pour se soucier de son avenir. Elle est déjà sur la voie de la destruction, l’autodestruction ! Quand dans une famille, le riche benjamin empiète sur le droit d’ainesse du frère pauvre et foule au pied les principes de bienséance et de bienveillance qui vont avec, que faut-il vraiment attendre de la fratrie de l’incurie ? Quand dans cette même famille, les parents sont complices et complaisants envers leurs enfants nantis, puis négligents et indifférents envers les indigents, que y-a-t-il de plus urgent que l’argent ? Quand il y a une faille dans le mur, pourquoi s’étonner que le lézard s’y prélasse et s’y délecte ? Parfois, ce n’est pas parce qu’on a raison qu’on doit en abuser. Ce n’est pas parce qu’on est fort qu’on est à l’abri du tort. A chaque fois que je vois Iron Bibi, je vois la force. Une force qui défie même le monde. En effet, Iron Bibi est l’Homme le plus fort du monde dans sa catégorie sportive, mais c’est une force saine qui ne cherche pas à abuser des autres. C’est une force qui ne cherche pas à violenter les autres.

Même en état de self-défense, il doit certainement penser à la proportionnalité de sa réplique. Parce qu’on ne tue pas un moustique avec un canon même quand on subit la piqûre de la funeste bestiole. On peut donc être fort, détenir tous les records, mais rester humble. On peut être un agneau et avoir un cœur de lion. On peut être un lion et se comporter comme un agneau. Mais le plus important est que seule la sagesse est l’unité de mesure de la grandeur. Quand dans un pays comme le nôtre, la guerre nous ravit le sentiment d’appartenance à une seule Nation et nous divise, quel que soit le camp dans lequel nous sommes, c’est l’intégrité dans son intégralité qui en souffre. Quand dans un pays en crise comme le nôtre, on se fait la guerre en allant à la guerre juste pour satisfaire à nos guéguerres, finalement qui est le véritable ennemi de la Nation ? Il y en a même qui pensent qu’ils ont toujours raison, pendant que leur vis-à-vis trouve qu’ils ont toujours tort. Dans ce tohu-bohu national, il n’y a point d’arbitre, malgré les méfaits qui entachent la partie. Dans les tribunes sombres des radicaux supporters convaincus, pendant que les uns prient pour la victoire, les autres invoquent les déboires en fonction de leurs espoirs ou de leurs ressentis. On ne peut pas prier pour la paix en ayant des attitudes ou des comportements belliqueux. On ne peut pas se combattre et en découdre avec l’ennemi. Et parlant d’ennemi, on peut cacher un ennemi en soi sans le savoir. Il suffit de voir en l’autre l’axe du mal absolu pour se rendre compte qu’en réalité, c’est la poutre de notre œil qui nous barre la vue sur les qualités des incriminés aux abois.

L’exubérance de l’égo conduit au chaos, parce que l’égo est la seule prison où le prisonnier est son propre geôlier. Mais comment faire pour sortir de l’ornière quand nos contradictions cachent nos intentions de sédition ? Comment brandir sa bonne foi quand nos avis sont vissés dans le moule du manichéiste qui peint tout en noir en se prévalant d’être dans la lumière ? Etre toujours d’accord et être toujours contre sont les deux extrémités de l’absurdité. Le patriotisme ne se proclame pas et l’apatridie ne se décrète pas. Quand on aime son pays on le traite avec attention comme on prend soin d’une partie de soi ; on s’oublie même pour laisser être la patrie. Quand on ne l’aime pas, on peut tout faire pour paraître dévoué à sa cause, mais à l’épreuve des actes, trahira la parodie. Nous devons mener le combat en nous-mêmes, étouffer les échos de l’égo qui nous hallucine la raison. Il faut se départir de l’ire qui attire le pire sous la case ancestrale.

Il faut avoir le courage de se surpasser, de se dépasser pour oser embrasser celui ou celle qui nous a embarrassé ou tracassé. Il nous faut inventer notre voie, celle de la paix qui se conquiert plus qu’elle ne s’acquiert. Il faut faire le saut périlleux qui sauve dans l’antre de la fratrie du doute en osant croire que la chute se fera dans les mains des siens. Il faudra ôter le gilet rouge qui renvoie au sang, suscite et incite à la violence pour enfiler le gilet blanc de la paix qui appelle à la tolérance malgré les différences. La rancœur et la rancune ne sont opportunes dans notre infortune actuelle. C’est une question d’abandon de soi. C’est une question de volonté. C’est une préoccupation vitale. Dans le panier à crabes, il y aura toujours des crocs-en-jambe de petits esprits malfaisants. Mais, il faudra savoir les tenir en laisse en avançant de pied ferme, sans perdre pied, l’arme au pied. Nous sommes les grains d’un même panier et rien ne sert de chercher à séparer le bon grain de l’ivraie. A l’épreuve de la plongée des dignes, les légèretés de l’intégrité flotteront sur l’aire de vérité. On peut toujours donner une chance à la paix des cœurs sans manquer de fermeté contre les trouble-fêtes qui s’entêtent !

Clément ZONGO clmentzongo@yahoo.fr

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