Lazare Banssé a été élu, le samedi 22 août 2020 à Bobo-Dioulasso, président de la Fédération burkinabè de football (FBF) pour un mandat de quatre ans. Il a battu son challenger Amado Traoré avec 94 voix sur les 153 votants.
«La fumée blanche » est apparue après plus de 10 heures de travaux. Le comité exécutif sortant ayant tenu son Assemblée générale avec comme ordre du jour, le bilan de sa gestion à la tête de la faîtière du football burkinabè avant de céder la place à la commission électorale présidée par l’ancien président de la FBF, Zambendé Théodore Sawadogo, pour démarrer l’élection tant attendue. Le corps électoral est composé de grands électeurs (13 Ligues dont chaque bulletin compte triple), des électeurs de bulletins à deux voix (23 clubs de D1 masculins et féminins confondus) et les électeurs à bulletin qui compte pour une seule voix (les districts et les clubs de 3e division, soit 68 voix). Ainsi 153 électeurs sont convoqués et le vote se fait à bulletin secret.
Avant d’entamer le processus proprement dit, 10 minutes ont été accordées à chacun des deux candidats pour convaincre encore les électeurs hésitants. Pour être élu président de la FBF, il fallait obtenir la confiance de 50%+1 voix du suffrage, soit 77 voix. Au dépouillement la commission a débuté par les bulletins à une voix et c’est Banssé qui sort vainqueur avec 48 voix contre 20 à son challenger. Amado Traoré se rattrape au niveau des bulletins à 2 voix et l’emporte avec 15 bulletins (soit 30 voix) contre 8 bulletins (16 voix) à Banssé. Malgré cette réduction du score de Amado, la victoire se dessinait pour Banssé qui n’avait besoin, à partir de ce moment que de 13 voix pour célébrer sa victoire. Les plus avertis savent qu’au niveau des ligues qui comptent trois voix chacune, l’ancien PCA de l’EFO est largement favori, car 10 ligues sur 13 lui ont promis leur faveur. Effectivement aucune ligue n’a trahi la confiance du candidat
« rassembleur » qui veut « faire du Burkina Faso une grande nation de
football ». Après déjà 4 bulletins dépouillés en sa faveur, des scènes de liesses ont éclaté dans la salle.
Le dépouillement n’est pas terminé et Lazare Banssé est envahi par ses supporters. La sécurité intervient pour rétablir l’ordre. Le dépouillement se poursuit jusqu’à la fin et le résultat est sans appel : 94 voix pour Lazare Banssé contre 59 à Amado Traoré. La messe est dite. Le découragement se lit sur le visage du candidat malheureux. Le mentor de Banssé, le président sortant, Sita Sangaré, ne peut plus se tenir en place. Il crie victoire, les bras levés, tout en voulant courir. Ses gardes du corps l’en empêchent. Le calme revient dans la salle après des accolades çà et là.
Le candidat malheureux et le nouveau président de la FBF se distinguent par une chaude poignée de main. Fair-play, le PCA du SC Majestic, Amado Traoré, lâche : « Félicitations à Lazare Banssé. Les élections ont été bien organisées. Nous acceptons la défaite ».
Marquage à la culotte payante pour Banssé
Tout en remerciant la commission électorale pour son professionnalisme dans la conduite du processus électoral, Lazare Banssé a, tout d’abord, dédié sa victoire à son défunt directeur de campagne Moustapha Semdé. « C’est la victoire de Semdé », dit-il, avant de rendre un vibrant hommage à son mentor, le président sortant de la FBF, Sita Sangaré. Lazare Banssé a par la suite fait savoir que toutes ses portes sont ouvertes au camp Amado Traoré et a souhaité travailler avec eux afin de « faire du Burkina Faso, une grande nation de football ».
Lazare Banssé était, certes, favori de l’élection, mais il n’a pas baissé la garde durant les dernières heures. La perte par excès de confiance de la ligue régionale de football du Centre a été un enseignement pour lui et son équipe de campagne. Celle-ci a décidé de changer de fusil d’épaule en adoptant une stratégie de marquage à la culotte. Elle veillait au grain pour éviter toute trahison de dernière minute. A 72 heures du scrutin, le QG de Laza Banssé est installé dans un grand hôtel de Bobo-Dioulasso pour peaufiner les derniers réglages. Des rumeurs d’achat de voix circulent dans les coulisses. Mais c’est l’équipe de Téma Bokin (équipe de D2) qui fera l’actualité. Elle a failli ne pas voter, car ayant en sa possession respectivement deux mandats délivrés par le président (favorable à Banssé) et le PCA (acquis à la cause de Traoré). Finalement la commission juridique et des litiges a, semble-t-il, tranché en faveur du mandat délivré par le président du club.
En rappel, le vote s’est déroulé sous la supervision du Burkinabè Issa Sama, dépêché par la Confédération africaine de football pour la circonstance. Il dit être satisfait du bon déroulement du processus électoral au Burkina Faso, contrairement à certains pays africains.
Lazare Banssé dévoilera dans les jours à venir les membres de son comité exécutif afin de se mettre immédiatement à la tâche. Le chantier est gigantesque. Le premier défi est le début du championnat national de football de première division, dans la 2e semaine du mois de septembre, dans un contexte de COVID-19.
Adama SALAMBERE