Guerre russo-ukrainienne : un énorme enjeu économique

Le conflit post-soviétique que le monde entier observe aujourd’hui, avec crainte, est la guerre russo-ukrainienne, souvent appelée guerre d’Ukraine.
En plus d’être militaire et diplomatique, ce différend porte une casquette économique à y voir de près, bien qu’il traduirait une certaine volonté de la Russie de reconquérir des territoires du bloc soviétique avant sa dislocation en 1991.

En effet, l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) fut un grand ensemble qui a existé de 1922 à 1991, constitué dans les années d’après la révolution bolchévique d’octobre 1917. Elle était donc composée de la Russie, de l’Ukraine, puis de la Biélorussie et de la Moldavie ainsi que de l’Azerbaïdjan, de l’Arménie, de la Géorgie, du Kazakhstan, du Turkménistan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Kirghizstan. L’URSS, toujours dans sa volonté expansionniste, lors de la deuxième conflagration mondiale, avait annexé la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie.

Et, de nos jours, il n’est pas surprenant de constater que certains de ces Etats, à l’image de l’Ukraine appelée autrefois le “grenier russe’’, soient dans le collimateur ou le viseur de la Russie devenue une Fédération comportant encore des Etats comme la Biélorussie. En réalité, la Russie n’a jamais savouré l’effondrement du bloc soviétique entrainé par la guerre froide, un antagonisme né entre elle et les Etats-Unis en 1947, dans lequel chacun des deux camps tentait de prendre l’avantage sur l’autre tout en évitant un conflit armé direct.

Ainsi, l’offensive russe contre les territoires actuels qui ont basculé dans le camp occidental se justifie aisément de nos jours, d’autant plus que ceux-ci veulent se passer comme des points géostratégiques et militaires au profit de l’Occident pour tenir en respect la Russie. C’est pourquoi, Vladimir Poutine et ses alliés ne feront pas de cadeau à ces derniers considérés à ses yeux comme les derniers vestiges de la guerre froide qui affichent une certaine outrecuidance pour menacer directement la deuxième puissance militaire mondiale après le pays de l’oncle Sam, considéré comme la première.

Ni l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ni les grandes puissances qui la composent, prises individuellement, ne pourront faire fléchir la Russie qui disposerait d’une armada militaire aussi puissante sinon plus que celle de ses adversaires. C’est, d’ailleurs, ce qui explique les tergiversations de l’Europe occidentale quant au déclenchement d’une guerre ouverte avec la Russie, notamment concernant l’envoi de troupes au sol en Ukraine.

A ce propos, les pays occidentaux se montrent beaucoup plus prudents pour éviter une confrontation nucléaire qui détruirait l’humanité et dans laquelle, il n’y aurait ni de vainqueurs ni de vaincus. Notons que cette situation a aussi engendré des thèses et des théories les plus « fantaisistes » depuis le déclenchement des hostilités jusqu’à nos jours, élaborées par des experts et autres observateurs de la scène mondiale. Qu’à cela ne tienne, plus qu’une guerre d’hégémonie militaire et de reconquête, le conflit russo-ukrainien revêt un véritable enjeu économique pour la planète et les protagonistes eux-mêmes.

Que gagneraient alors les alliés de l’Ukraine dans le déclenchement d’une guerre directe avec la Russie ? Et pourquoi, ces derniers continuent-ils de soutenir l’Ukraine ? Tout porte à croire que c’est un paradoxe qui vaut son pesant d’or. En effet, les Etats-Unis et les démocraties occidentales savent très bien qu’une guerre surtout nucléaire avec la Russie est totalement absurde aux conséquences incalculables pour l’Ukraine et d’autres pays comme la Moldavie, la Géorgie, etc. qui sont, d’ailleurs, pressés de rejoindre l’OTAN pour espérer une large couverture militaire.

Mais, il ne faut pas se leurrer, les démocraties occidentales et les Etats-Unis veulent quelque part préserver leurs économies pour qu’un nouvel ordre économique mondial ne soit mis en place. Car, cette nouvelle donne si elle arrivait, va hisser pour un long temps, l’économie de la Russie et par ricochet, celle de la Chine au firmament économique avec un grand risque de voir le capitalisme actuel disparaître devant des systèmes économiques qualifiés souvent de socialistes ou collectivistes.

Et, face à une Russie qui est en train d’asseoir lentement mais sûrement sa suprématie en Afrique subsaharienne, les grandes nations occidentales n’ont d’autres choix que de continuer de soutenir l’Ukraine et tout autre pays qui sera attaqué par la Russie dans l’optique de préserver leurs économies d’un chaos irréversible. Déjà, la guerre russo-ukrainienne a entrainé une faiblesse des économies occidentales et du monde qu’il faut à tout prix résorber. En conséquence, faut-il faire la guerre pour mourir ou faut-il la faire pour vivre ?

La réponse à ce questionnement est évidente et sans appel au regard des nombreuses préoccupations économiques qui révèlent même la passion de l’Homme de vivre éternellement sur terre et qui a souvent envie de s’écrier avec le poète français Alphonse de Lamartine : «ô temps, suspends ton vol ! ». C’est fort de toute cette réalité que la Russie est opposée à l’Ukraine depuis pratiquement février 2014, à la suite de la révolution ukrainienne, avec l’annexion de la Crimée et d’autres territoires ukrainiens internationalement reconnus.

Ce bras de fer se poursuivra indubitablement entre la Russie et ses ex-alliés de l’ère soviétique tant qu’ils constitueront une menace grave pour la stabilité de la Russie. Et, c’est cela qui va toujours raviver les velléités économiques qui feront du conflit, ad vitam æternam, un enjeu économique de taille.

Boukary BONKOUNGOU

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