Guinée : Une médiation à l’issue incertaine

La crise post-électorale qui se profile à l’horizon en Guinée inquiète la communauté internationale. Les affrontements entre forces de l’ordre et manifestants ont déjà fait 21 morts selon le gouvernement, une trentaine d’après l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le parti de Cellou Dalein Diallo. Pour tenter d’étouffer les foyers de tensions nés de l’élection présidentielle controversée du 18 octobre dernier, la CEDEAO, l’Union africaine et l’ONU ont dépêché une équipe, le dimanche 25 octobre à Conakry. Après avoir rencontré, le lundi 26 octobre, le président Alpha Condé, des responsables de la CENI, du gouvernement et du corps diplomatique, la mission conjointe s’est rendue au domicile de l’opposant Cellou Dalein Diallo. A l’issue des échanges, le président de la Commission de l’organisation ouest-africaine, Jean-Claude Kassi Brou, a expliqué que leur mission première est de stopper la spirale de violences. Cela doit passer d’abord par le rétablissement de confiance entre les acteurs. De ce fait, la délégation a encouragé toutes les parties à recourir aux institutions et dispositions légales pour résoudre les différends issus du scrutin. Dans la perspective d’un dialogue inclusif, la délégation a aussi exhorté les autorités guinéennes à lever les dispositifs sécuritaires particuliers mis autour de la résidence du candidat de l’UFDG, ainsi que des locaux de son parti, à la suite de sa déclaration sur les résultats de l’élection présidentielle.

Au regard des crises meurtrières périodiques auxquelles est abonné ce pays d’Afrique occidentale, l’on se demande quelles peuvent être les chances de cette mission dans la mesure où le ver semble être dans le fruit. En effet, dans une pareille situation où l’opposition et la majorité revendiquent, chacun de son côté, la victoire à l’élection présidentielle, l’on imagine que les médiateurs ont encore du pain sur la planche. Surtout que le vice-président de la CENI, Mamadou Bano Sow, vient d’enfoncer le clou, le 26 octobre dernier en soutenant que les élections ont été entachées d’irrégularités. Il recommande une reprise des élections dans la haute Guinée. Cette sortie médiatique a exacerbé la tension au sein de l’institution en charge des élections. Elle accuse M. Sow d’avoir, non seulement trahi son serment de droit de réserve, mais de s’adonner à une campagne politique en sa qualité de représentant de l’opposition. Un tel scénario était prévisible depuis l’intention du président sortant Alpha Diallo de briguer un troisième mandat.

Mais la communauté internationale a fait la sourde oreille en prétextant « la non-ingérence dans les politiques intérieures des pays ». Voilà qu’elle est obligée de jouer le rôle de médecin après la mort. Un rôle qui, du reste, n’est pas bien perçu par toutes les parties. L’opposant a ouvertement déclaré avant les discussions que ces émissaires se sont toujours rangés du côté d’Alpha Condé. Un tel scepticisme n’augure guère un avenir meilleur. Il appartient donc à l’ensemble des Guinéens de trouver des solutions à leurs préoccupations plutôt que de compter sur une médiation dont l’échec est programmé.

Abdoulaye BALBONE

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