Il paie la chambre de passe avec un faux billet

D.M., âgé de 31 ans et domicilié au secteur 23 de Bobo-Dioulasso, était devant les juges de la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance (TGI) de Bobo-Dioulasso, le vendredi 5 janvier 2024, pour répondre des faits de détention et usage de faux billet de banque. Les faits remontent au 28 novembre 2023, lorsque le prévenu s’est rendu avec une fille de joie dans une maison close de la ville de Sya. Selon le récit du mis en cause, il ignorait que c’était un faux billet. A l’écouter, c’est au moment de payer la location de la chambre que le gérant s’est rendu compte que le billet de 10 000 FCFA était faux. « J’ai ramassé le billet sous un manguier autour de 19 heures. Ensuite je me suis rendu à la maison close.

Mais je ne savais pas que c’était un faux billet », a-t-il expliqué aux juges. Il ne pourra pas accomplir la mission pour laquelle il est venu pour défaut de sous. Selon le procureur du Faso près le TGI de Bobo-Dioulasso, D.M., fait partie d’un réseau de falsification de faux billets et il s’agissait d’un coup d’essai. Tout compte fait, le parquet estime qu’à un certain moment le prévenu a su qu’il détenait un faux billet, mais il s’est entêté à vouloir l’utiliser. « J’ai eu des doutes sur le billet quand le gérant m’a dit d’attendre, il allait envoyer quelqu’un chercher la monnaie et quand la fille a refusé », a indiqué D.M. Leparquet a demandé au tribunal de le maintenir dans les liens de la prévention, de le déclarer coupable et en répression, de le condamner à 60 mois de prison dont 12 ferme et une amende de 5 millions FCFA avec sursis. Dans sa décision, le tribunal a renvoyé D.M. au bénéfice du doute.


“S’il vous plait, jugez-moi aujourd’hui”

B.A. est détenu à la maison d’arrêt et de correction de Bobo-Dioulasso. Le vendredi 5 janvier 2024, il était parmi les détenus à comparaître à l’audience du jour. Il est poursuivi pour avoir détourné de plus de 6 millions FCFA. A l’appel du dossier, la victime n’était pas comparante. Sentant que le tribunal allait renvoyer son procès, le prévenu a demandé la parole aux juges. « Je demande vraiment que vous m’aidiez. Ça fait plus de deux semaines que je suis détenu et la vie là-bas n’est pas facile. Je souffre beaucoup. S’il vous plait, jugez-moi aujourd’hui », a-t-il imploré. Il a même proposé qu’au cas où la victime serait d’accord, il continuera à travailler afin qu’on lui fasse des retenus sur son salaire jusqu’à l’épuisement de la somme détournée. Le tribunal n’a pas accédé à la demande de B.A. Il devra passer deux semaines de plus derrière les barreaux, car son jugement a été renvoyé au 19 janvier prochain.


Le criminel revenu sur les lieux du crime

Agé de 18 ans et se réclamant apprenti chauffeur, H.O comparaissait à la barre du TGI de Banfora, le 9 janvier 2024, pour des faits de tentatives de vols aggravés. En effet, H.O ferait partie d’une bande de délinquants qui cambriolent, notamment les boutiques par effraction. Selon le parquet, c’est sous la pluie que cette bande de voleurs passait à l’action. Ils font un trou à travers le mur de la boutique, pendant que l’un d’entre eux fait le guet. Dans la nuit du 12 au 13 août dernier, la boutique de T.O sera dans le viseur de la bande. Cette première opération va leur apporter un butin composé de sacs de riz, de bidons d’huile, du sucre, etc.

Gonflés à bloc par cette prouesse, ils vont encore tenter de rééditer l’exploit dans la même boutique. Cependant, la bande avait oublié que leur victime qui n’avait pas encore digéré ce vol était sur ses gardes et s’était approprié l’adage qui dit « le criminel revient toujours sur les lieux du crime ». Effectivement, au cours des rondes qu’il s’était imposé, quelques jours plus tard soit dans la nuit du 25 au 26 août, il prend D.O.A, un de la bande en flagrant délit dans sa boutique. Jugé et condamné, c’est D.O.A qui a revélé l’existence de la bande dont fait partie H.O et qui n’était pas à son premier forfait dans cette boutique. C’est d’ailleurs après une courte cabale que H.O a été arrêté et avait reconnu en enquête préliminaire et devant le procureur, son implication dans les deux faits.

Cependant, lors des débats contradictoires à la barre, H.O et D.O.A qui comparaissaient en qualité de témoin, ont fait bloc et ont tous balayé du revers de la main, les faits. Ils sont restés mordicus sur les positions nonobstant l’insistance du parquet par rapport à leurs dépositions en enquête préliminaire et devant le procureur. D.O.A est resté très stoïque en répétant qu’il a fait ces aveux sous l’effet des sévices corporels. « Mais quand le procureur vous a reçus, est-ce qu’il vous a menacés ou frappés ? », lui a demandé le parquet. En réponse, il dira « non ». Et au procureur de demander pourquoi il a réitéré les mêmes aveux ? « Je me suis dit que je recevrais les mêmes sévices si je ne passais pas aux aveux », a-t-il déclaré. Aux termes des débats, le procureur a requis 5 ans de prison, dont 3 ans ferme et une amende de 500.000 FCFA assortie de sursis contre H.O. Le délibéré est prévu le 16 janvier 2024.


Un vol avec « professionnalisme »

S.N.A, âgé de 21 ans, est orpailleur dans une cité voisine de Banfora. Il a comparu le 9 janvier 2024 à la barre du TGI de Banfora. En effet, ce dernier était poursuivi par le parquet pour des faits de soustraction frauduleuse d’un sac à main contenant des numéraires se chiffrant à 200 000 FCFA au préjudice d’une employée d’une structure de transfert d’argent. Le prévenu a sans détour reconnu les faits, mais a déclaré qu’il voulait de l’argent pour aller soigner sa fille malade parce que “les temps étaient durs”. Motif que le parquet a balayé du revers de la main, car dépourvu de preuve.

A en croire son récit, S.N.A a filé sa victime durant trois jours avant de passer à l’acte. Du recit des faits, il connaît le chemin qu’emprunte sa victime, lorsqu’elle ferme son magasin la nuit à la descente. Il sait également que cette voie est empruntée par les usagers. Le premier et le deuxième jour, il suit la fille, mais ne passe pas à l’acte. Dans son guet le troisième jour c’était aux environs de 20 heures, lorsqu’il apercevra la fille qui venait de fermer son magasin et il savait bien qu’elle avait de la liquidité parce qu’elle devait aller verser la recette du jour. Il se met aussitôt en branle en marchant devant sa victime et lorsqu’il s’aperçoit qu’il n’y avait plus de passant, il se jeta sur sa proie et retira son sac à main contenant le « fric ».

Prise de peur et de panique, sa victime s’est mise à crier de toutes ses forces. Heureusement que des usagers venaient d’arriver à leur hauteur et notre voleur « professionnel » fut intercepté par ces derniers. Après son récit funeste, le parquet rétorqua « vous avez agi avec professionnalisme ? Vous vous êtes formés avant de procéder à l’acte ? Vous avez subi une formation ? Avez-vous un maitre-voleur ? ». A toutes ces questions, le prévenu répondait par la négative.

Pour le parquet, il n’y a pas de doute possible, c’est un acte de pur vol et non un acte de nécessité. Quand bien même le parquet a reconnu que S.N.A est un délinquant primaire, il a aussi étayé sa dangerosité au regard de son mode opératoire. Ce faisant, le procureur a requis une peine d’emprisonnement de 3 ans et une amende de 500 000 FCFA ; le tout ferme. Il a été condamné par le tribunal à 36 mois de peine d’emprisonnement, dont 24 mois ferme et une amende ferme de 500 000 FCFA.

Rassemblée par

Noufou NEBIE et Mamadou YERE

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