1) Qu’est-ce qui vous a motivé à briguer la magistrature suprême ?
« L’engagement politique peut être une nécessité, mais ce n’est jamais une valeur » disait le journaliste et écrivain français Louis Pauwels. C’est un sentiment de révolte sur la gestion du pouvoir d’Etat lors des événements d’octobre 2014 qui a été l’élément déclencheur de mon entrée en politique.
Ma candidature pour la présidentielle découle de cette volonté de continuer à délivrer mon message de la nécessité de l’inclusion politique de tous les Burkinabè dans la gestion des affaires de l’Etat. La détérioration de la question sécuritaire est venue ajouter un autre motif à mon engagement.
2) Si vous êtes élu, quelles réponses allez-vous apporter aux difficultés dans les domaines suivants :
-terrorisme : sur la question du terrorisme ma position est claire, je vais négocier avec ceux qui nous attaquent. Je suis de ceux qui pensent que ce n’est pas à coups de canon que l’on triomphe d’une idéologie. Je pense être capable de ramener la paix et la sécurité en 18 mois par une approche holistique et inclusive.
-santé : dans le domaine de la santé, j’irai plus loin que la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les jeunes enfants. Mon objectif sera de pouvoir mettre en place un système d’assurance santé universelle pour tous les Burkinabè. Car je demeure convaincu qu’il y a assez de ressources pour le faire, mais c’est la volonté politique qui fait défaut. Je m’appuierai sur l’expérience de pays africains qui ont réussi ce challenge.
-éducation : il me semble que le système éducatif actuel est mal adapté aux besoins de l’emploi. Nous avons hérité d’un système élitiste qui privilégie les enfants issus de milieux aisés à qui on donne des prix d’excellence. Pour moi, ce ne sont pas les plus méritants car ils n’ont jamais connu ni la faim, ni la soif, ni la maladie.
Moi je mettrai en place des prix du mérite pour les élèves issus des milieux défavorisés. L’élève de Gaoua, de Yako, de Faramana ou de Pama, qui fait des kilomètres à pied pour se rendre en classe, souvent avec la faim et le palu, si cet élève réussit à décrocher son BEPC ou son Bac avec mention dans de telles conditions, il mérite d’être récompensé car pour moi, c’est lui le plus méritant.
-emploi : j’estime que le système ne fait pas assez pour pousser les jeunes vers l’entreprenariat. Un véritable changement de paradigme s’impose pour inverser la tendance : former les jeunes dans la culture de l’entreprenariat avec un accompagnement adéquat. Mais en attendant, un financement massif sera nécessaire pour des projets structurants. Je demeure convaincu que la démilitarisation sera source de créations d’emplois multiformes.
-corruption : j’ai toujours affirmé que l’on ne peut pas combattre la corruption en demandant aux nouveaux venus de ne pas voler, tout en permettant à ceux qui ont déjà volé de conserver leur butin. Je supprimerai l’ASCE- LC, pour mettre en place l’Agence de répression de la corruption (ARC), avec sous ses ordres une commission permanente de vérification et de contrôle des biens qui aura pour mission de faire l’inventaire de tous les biens mobiliers et immobiliers des citoyens.
Des agents seront formés à cet effet, notamment à l’IACA, l’académie internationale de lutte anticorruption à Laxenburg en Autriche. Tout bâtiment, tout véhicule, tout objet de valeur devra faire l’objet d’une vérification sur les sources de son acquisition, sous peine d’être saisi. Et n’oublions pas que le poisson pourrit toujours par la tête. Des têtes pourraient tomber, dans tous les sens du terme.
-eau et assainissement : je poursuivrai les efforts de sensibilisation dans le domaine de l’assainissement. Dans le domaine de l’eau, les sommes économisées sur les achats d’armes permettront de réaliser des mini-barrages et des forages partout dans le pays pour soulager les populations des campagnes.
-autonomisation de la femme : J’ai déjà annoncé mon intention de créer un ministère de la femme avec un personnel exclusivement féminin, de madame la ministre à l’agente de liaison. Je serai à l’écoute de ce ministère qui saura faire des propositions pour l’autonomisation de la femme. En outre, je suis le seul candidat qui a déclaré vouloir nommer une femme premier ministre pour 30 jours, le 8 mars de chaque année.
-monde rural (agriculture, élevage) : je suis fils de paysan, et lors du congrès de mon parti à Bobo, les symboles de mon investiture étaient composés d’une daba remise par un Bobo, d’un bâton de berger remis par un Peul et d’un chapeau de Saponé remis par un Moaga. C’est pour que je n’oublie jamais qui je suis, ni d’où je viens. Parfois, tout est dans les symboles.
3) Pourquoi c’est vous que les électeurs doivent choisir ?
Les Burkinabè ont tout essayé, sauf le pacifisme. Or, il est connu, la paix est mille fois plus rentable que la guerre. Je ne dis pas que je suis meilleur aux autres candidats, je dis simplement que je suis différent des autres candidats, car mon programme ne ressemble à aucun autre programme. Ma carrière de journaliste sur les questions de développement m’a beaucoup appris, j’ai compris que tout est possible, avec de la volonté politique.
4) Quelles sont les trois premières décisions que vous prendrez une fois au pouvoir ?
Ma toute première décision sera de signer un décret autorisant les banques et les institutions financières à débloquer la somme de un million de francs pour tout militaire blessé au front qui en fera la demande. L’Etat se portera garant de ce prêt, en attendant le résultat du référendum sur la grande réforme de l’armée.
La deuxième concernera mon départ à Djibo la ville martyr, pour deux semaines, et c’est à Djibo que je finaliserai la formation de mon gouvernement. L’idée sera de marquer un acte de souveraineté pour rappeler au monde entier que Djibo c’est au Burkina Faso, et pas ailleurs.
La troisième décision portera sur la réconciliation nationale. Aucune main n’est jamais de trop pour bâtir une nation. Et c’est ensemble que nous serons plus forts pour négocier la paix.