Le sourire, il n’y a rien de pire ! Derrière un sourire, il peut y avoir tout. On sourira toujours en vous empoisonnant et ne vous en faites pas, rarement c’est un inconnu. On sourira en vous donnant un mauvais conseil, le « conseil d’ami ». Le sourire qui rassure cache parfois le pire qui tue. Tu parles de confiance avec aisance et tu mets ta main au feu pour du peu, méfie-toi de ta foi en l’homme.
Ta femme t’ingurgitera des philtres d’amour pour te rendre sourd et aveugle, elle enduira son « piège » de miel pour mieux t’attirer, te retirer des tiens et te garder en laisse. Elle t’embrassera, le poison sur les lèvres ! Pourquoi c’est celle ou celui qu’on cajole et caresse qui griffe et mord dans le dos ? Ton frère, il a déjà confié ton nom aux montagnes et rivières pour la parcelle du défunt père, pour le cheptel et le champ vacant, pour l’entreprise orpheline…
Pourquoi les frères d’un même « ventre » peuvent-ils se détester et se jeter des sorts, au point de ne jamais se pardonner jusqu’au lit de mort ? Ils ont transmis la haine des pères aux fils et petits-fils. Mets toujours de l’eau dans ton vin et évite de tout dire, de tout faire, de tout montrer pour démontrer que tu n’as rien à cacher. La transparence met toujours à nu et un homme nu est un homme dépourvu.
Lui a toujours cru en son ami sans le moindre tamis, l’ami cachait l’ennemi, les meilleurs amis sont souvent les grands malheurs. Confie-toi toujours à Dieu, mais fie-toi le moins à l’homme. Nous vivons dans un monde d’inimitié, un monde immonde sans amitié véritable, un monde cruel où le frère poignarde le frère, où la sœur convoite à mort la sœur, un monde où le berger est plus rapace que le prédateur qui guette ; un monde où même la croix et le croissant servent de prétextes, d’excuses et de subterfuges. Même le nom de Dieu est troqué avec le mal.
Où allons-nous nous abriter loin du mauvais œil qui guigne ? Comment allons-nous faire pour reconnaître la bonne graine de l’ivraie. Plus rien n’est vrai, point de sincérité, aucune transparence. Nous sommes à l’ère du flou, au temps des loups violents au regard doux. L’être humain marche avec un venin au bout du chapelet, chaque incantation est teintée de tentation, chaque libation vient du sang de l’autre, même la prière au Dieu unique porte des traces de desseins iniques, le reste n’est que mimique et rythmique. Nous sommes dans le faux, à l’affût avec un faux, prêt à frapper sur le veau sans faute. J’aurais dû ne pas venir, refuser de naître dans ce merdier de « bêtes sauvages » féroces et véloces.
J’aurais dû me pendre au cordon ombilical pour échapper aux sourires jaunes et aux dents blanches de tous ces « cœurs noirs ». J’aurais dû repartir sans leur rien dire, sans même leur offrir le premier cri de vie. Hélas ! Ce pamphlet n’est ni une calomnie ni une parodie ; elle retrace la trame du drame humain, cet échec de la Création. Il y a des fois où vous avez envie de pousser des ailes et vous envoler loin. Il y a des fois où vous avez le sentiment d’avoir perdu votre temps ici-bas, dans la routine, au service du mal par indifférence, par ignorance ou par impuissance.
Peu importe la foi des âmes soumises, tant pis pour la luciole qui brille sans éclairer ; le juste est sacrifié, le tyran est adulé, l’innocent est condamné, le coupable est disculpé avec les honneurs, les victimes sont torturées, le bourreau est traité avec égard, le plus fort pille le faible, le riche exproprie la veuve et s’empare du grain de l’orphelin. Tout cela est injuste et méchant, mais reste juste et bon. La prochaine fois, évite la Terre, vise Mars ou Jupiter !
Clément ZONGO
clmentzongo@yahoo.fr