Les autorités de la Transition semblent être décidées à assainir les finances publiques. Conformément à l’annonce du chef de l’Etat, Paul-Henri Sandaogo Damiba d’auditer la gestion de l’administration publique, l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) a donné le ton. Le lundi 11 avril dernier, au cours d’une conférence de presse, le patron de l’institution, le contrôleur général d’Etat, Philippe Néri Kouthon Nion, nouvellement investi dans ses fonctions, a déballé sa stratégie pour traquer les mauvaises pratiques dans la gestion de la chose publique.
Pour un début, 140 structures publiques sont dans le viseur de l’ASCE-LC et va concerner la présidence du Faso, la Primature, l’Assemblée nationale et six ministères dont ceux des Infrastructures, des Mines et Carrières, des Finances. Selon le contrôleur général d’Etat, les audits vont concerner, entre autres, la gouvernance, les marchés publics, l’utilisation du carburant et de lubrifiants et les frais de mission à l’intérieur ou à l’extérieur du pays.
Pour cette première étape, 120 auditeurs seront mobilisés pour dénicher les failles de l’administration. Une réelle volonté dans la lutte contre la corruption ou une simple action de saupoudrage? Une question sur laquelle les Burkinabè seront certainement situés à l’issue des résultats qui sortiront de cette traque de la mal gouvernance. Cette croisade ne doit nullement se métamorphoser en une chasse aux sorcières. Elle doit être une occasion pour véritablement poser les jalons d’une véritable dynamique dans la lutte contre la corruption dans un pays où le phénomène a atteint un niveau systémique.
Les rapports du REN-LAC et de l’institut Free-Afrik montrent une baisse de la corruption à partir de l’insurrection d’octobre 2014 jusqu’en 2016 au Burkina. Malheureusement le constat fait par ces deux organisations est plus qu’interpellateur. A partir de 2017, le Burkina assiste à une montée vertigineuse de la corruption jusqu’à atteindre son taux le plus fort de l’ère Compaoré. La note d’espoir est que les soldats anticorruption disposent déjà d’un arsenal juridico-institutionnel de qualité pour réussir leur mission. Il reste à remuer le cocotier pour récolter les premiers fruits de leurs efforts.
Une fois le rapport disponible, les nouvelles autorités doivent rompre avec les vieilles traditions, celles qui consistent à faire dormir les dossiers dans les tiroirs. Les cas emblématiques doivent être transmis diligemment à la justice pour une suite à donner. Aussi le processus doit être suivi à la lettre par les Burkinabè épris de justice et de bonne gouvernance. Les nouvelles autorités ont aussi le devoir d’accompagner le processus en mettant à la disposition de l’ASCE-LC les ressources nécessaires à l’accomplissement de sa mission. C’est à ce prix qu’elles éviteront que l’éléphant tant annoncé arrive avec un pied cassé.
Abdoulaye BALBONE