La Patrie reconnaissante

Le Conseil des ministres en sa séance du jeudi 4 avril 2024 a baptisé trois universités au nom de dignes fils qui ont laissé des empreintes indélébiles dans leurs domaines respectifs. Ainsi, l’université de Fada N’Gourma prend le nom de Université Yembila Abdoulaye Toguyéni avec pour sigle UYAT, l’université de Ouahigouya devient Université Lédéa Bernard Ouédraogo (ULBO) et l’université de Dédougou s’appellera désormais Université Daniel Ouezzin Coulibaly (UDOC). Le but est bien clair : « inviter les enseignants- chercheurs et les étudiants à incarner et à cultiver les valeurs défendues par des personnalités de haut niveau politiques ou scientifiques qui ont marqué l’histoire de la construction du Burkina Faso », selon le compte rendu du Conseil des ministres.
Après l’Université Joseph Ki-Zerbo, l’Université Thomas Sankara et l’Université Nazi Boni, ces trois universités publiques portent le nom d’illustres fils qui se sont donné corps et âme pour faire rayonner le Burkina Faso, dans leurs domaines de compétences respectives. Ces personnalités aux parcours inspirants doivent servir de modèle à toutes ces personnes qui arpentent les couleurs des grandes écoles. L’engagement sans limite de ces hommes, qui ont très tôt compris qu’une responsabilité s’assume avec conviction et détermination, doit servir de catalyseur aux générations futures.

Lédéa Bernard Ouédraogo, le « président » des « Six S » (Se Servir de la Saison Sèche en Savane et au Sahel), a contribué à lutter contre la désertification et à donner espoir à des millions de personnes qui vivaient des affres de la famine. Décédé le 25 octobre 2017, ce fondateur, en 1967, de la Fédération nationale des groupements
« Naam », avait fait du Burkina une terre d’exemplarité dans la lutte contre la sécheresse, faisant ainsi de la résilience son cheval de bataille.

Daniel Ouezzin Coulibaly, le politique, a bien marqué la lutte pour l’émancipation de son pays, la Haute-Volta, de son empreinte. Il n’a pas vu l’indépendance d’août 1960, pour être décédé le 7 septembre 1958, mais ses œuvres lui ont survécu et l’ont gravé dans les annales de l’histoire des grands hommes de ce pays. Patriote révolutionnaire et anti- conformiste, Daniel Ouezzin Coulibaly dont un lycée et un camp militaire portent déjà le nom, entre donc dans le cercle des grands hommes dont le nom sera inscrit sur les frontons de l’université de Dédougou, chef-lieu de sa région natale, la Boucle du Mouhoun.
Le Pr Yembila Abdoulaye Toguyéni, lui, (décédé le mardi 20 août 2019 à l’âge de 86 ans) fut le botaniste qui a esquissé des pistes de solution dans la lutte pour la préservation de la nature. Il savait aguicher et défendait avec volupté son domaine : la flore. Aujourd’hui, voir qu’une université porte son nom, est un clin d’œil à ses milliers d’étudiants pour suivre les traces d’un homme qui a vécu pour les autres.

Dans tous les cas, le gouvernement burkinabè, en faisant le choix de la réhabilitation de ses valeureux fils dans des domaines porteurs des germes du développement, met chacun de nous devant ses responsabilités. Il faut travailler au quotidien, sans relâche comme si demain sonnera notre fin. Et si tel est le cas, permettre aux autres de profiter et de nouer une nouvelle corde à l’ancienne que nous aurons laissée. C’est aussi cela le développement, une course de relai où chaque entité porte la responsabilité de celui à qui il remet le flambeau, et qui doit à son tour s’employer à mieux faire. Il est donc de la responsabilité de la génération actuelle de « dépasser » tous ces grands noms, de hisser plus haut le drapeau du Burkina, ou à tout le moins, de pousser le plus loin possible leurs travaux dans leurs domaines respectifs.

Ces baptêmes étaient donc les chainons manquants d’une belle reconnaissance dans la mesure où déjà, dans les universités, des professeurs admis à faire valoir leurs droits à la retraite ont leurs noms au fronton des amphithéâtres. Une belle reconnaissance de la Patrie à ses valeureux fils.

Assétou BADOH

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