Le budget 2024 de l’Etat a été adopté, vendredi 15 décembre dernier, par les députés de l’Assemblée législative de Transition. Les recettes attendues sont de 3 019,1 milliards F CFA contre 3 694,6 milliards F de dépenses. Ce qui dégage un déficit de 675,5 milliards F CFA. Malgré tout, il y a des secteurs prioritaires, sinon névralgiques à qui devra revenir une part congrue de ce budget sans pour autant délaisser les autres. De toutes les façons, une économie dans une situation de crise sécuritaire a de tout temps fait la part belle à ces secteurs sans lesquels, la république s’écroule. C’est ainsi que la part allouée aux secteurs de la défense et de la sécurité est de 29,49%. Une attention particulière a également été accordée aux secteurs sociaux tels que la santé, l’éducation et le développement rural. Ainsi et hors financement extérieur, 330,6 milliards F CFA sont alloués à la santé, 729,6 milliards F CFA à l’éducation et 137,7 milliards F CFA, au développement rural.
« Les prévisions budgétaires traduisent l’ambition du gouvernement de financer durablement le développement malgré le contexte difficile auquel le Burkina Faso est confronté », se convainc le ministre en charge de l’Economie, Aboubakar Nacanabo qui précise que l’option de la Transition est de compter prioritairement sur les ressources propres pour financer la guerre contre le terrorisme et le développement qu’il veut endogène. Les investissements financés sur ressources propres se chiffrent à
1 017,6 milliards F CFA en 2024 contre 801,5 milliards F CFA en 2023, soit une hausse de 216,1 milliards F CFA. Et le gouvernement a énuméré des pistes pour amoindrir le fardeau du déficit. Dans son adresse à la Nation, lors des 63 ans de l’indépendance de notre pays, le Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, avait donné le ton en indiquant que chacun, à son niveau, sera patriotiquement sollicité pour accroitre l’opérationnel des Forces combattantes. Donc, pour donner une chance à la paix qui induira le développement du Burkina.
Rien de solide ne se fera au Faso sans les Burkinabè. Pour s’en convaincre, souvenons-nous des éléphants blancs où des investisseurs philanthropes qui venaient avec des projets, clés en main. Cette période est bien révolue et nous oblige à nous interroger sur notre contribution possible à réduire ce gap. En 2024, faudra-t-il donc nous attendre à des
« chirurgies sans anesthésie » dans les budgets des institutions ? Pour la patrie, pour la solidarité nationale, ce sacrifice ne sera jamais de trop. Ce déficit se ressent alors que certains partenaires dit traditionnels du Burkina Faso ont suspendu leur aide budgétaire. Les experts avaient d’ailleurs évoqué le côté dérisoire de cette manne qui, dans les faits ne représentait pas vraiment une contribution directe dans le budget qui avait cours, ni dans les prochains budgets. C’est dire qu’en vérité, les Burkinabè devront encore s’armer pour financer leur guerre et reconquérir leur paix, pour acquérir leur souveraineté, leur indépendance.
En adoptant à l’unanimité ce budget 2024 malgré le contexte qu’ils savent difficile, les parlementaires donnent un message fort qui peut s’entendre par une belle formule : « c’est difficile parce qu’on n’a pas essayé ». Et notre contexte le traduit si éloquemment dans cette guerre qui semblait perdue d’avance. A situation de résilience, un budget de résilience à porter par l’ensemble des citoyens, avec toutes les contraintes qui vont avec.
Assetou BADOH