Le Noir et le Blanc

Je suis noir, du matin au soir je suis noir, ma peau est ma bête noire
Sur les murs de l’histoire, il y a trop de pages noires à voir, sans gloire
Je suis noir, dans les couloirs de mon être en désespoir, je cherche la lumière
Dans le noir, j’ai peur de me voir dans le miroir sans savoir être fier

Le noir, couleur de mes déboires, je broie du noir jusqu’au soir sans espoir
Le noir, touffu et confus, ils m’ont fait croire que je suis la honte de l’histoire
Le Noir, criminel des prétoires, animal cruel à abattre, le sang des hommes est rouge
Le Noir, ombre du mal en cavale, ta peine sera capitale, mon âme incolore se ronge

Il n’y a pas de vie sans couleur, le monde est une toile peinte en noir et blanc,
Dans les regards qui se voilent à peine, il n’y a que du noir d’ébène en grand
Ô juste ciel, pourquoi la vie est-elle si teintée à l’envi de couleurs et de goûts ?
Diantre, pourquoi l’humanité dans sa diversité est-elle hantée de douleur et de dégoût ?

A chaque fois qu’un Blanc tue un noir ou un nez gros, il lui fait la peau
A chaque fois qu’un Noir tue un Blanc, on lui tire son chapeau
Le jour où la peau des hommes n’aura d’échos sur le repos de leurs âmes
Le jour où le Noir et le Blanc effaceront les couleurs du malheur qu’ils blâment

Ce jour-là, un arc-en-ciel illuminera la terre et chacune de ses couleurs portera un message
Le message de la différence dans la déférence, loin de l’ignorance et de l’arrogance des âges
Ce jour-là, la race humaine ne sera ni aubaine ni vilaine, mais amène, sans gêne ni haine
La diversité du monde et l’adversité des hommes, une rivalité du comble, vaine et malsaine

Parce qu’aujourd’hui encore, la couleur de la peau peut conduire au mandat de dépôt.
Parce que de nos jours toujours, les couleurs de même race se rejettent dans le même pot
Parce que quelque part sur terre, des hommes sont traités de bêtes de somme par des hommes
Parce qu’ailleurs, des humains subissent les regards hagards et sans égard, pire le pogrom
Pour un monde en noir et blanc, halte au racisme !

Clément ZONGO

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