Lieutenant-colonel Thomas Savadogo, commandant de la Brigade des volontaires pour la défense de la patrie : « Nous sommes satisfaits de l’engagement patriotique des VDP »

Il y a un an, les autorités ont lancé le recrutement massif des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) pour appuyer les Forces armées nationales (FAN) et les Forces de sécurité intérieure (FSI) dans la reconquête du territoire national. A l’occasion, Sidwaya s’est entretenu avec le commandant de la Brigade des VDP, le lieutenant-colonel Thomas Savadogo. Dans cet entretien, il est revenu sur l’engagement populaire des VDP, leur prise en charge et les textes juridiques qui encadrent leurs actions.

Sidwaya (S) : Un an après l’engagement populaire des VDP, comment appréciez-vous leur contribution auprès des Forces de défense et de sécurité (FDS) dans la reconquête du territoire national ?

Lieutenant-colonel Thomas Savadogo (Lt-colonel T.S.) : Je voudrais avant tout propos vous dire merci pour l’opportunité que vous nous donnez de parler des actions des Volontaires pour la défense de la patrie. Comme vous le savez, les VDP (ndlr, Volontaires pour la défense de la patrie) agissent sur le terrain aux côtés des personnels des Forces armées nationales (FAN) et des Forces de sécurité intérieure (FSI) pour contribuer à la sécurisation du territoire national. Pour revenir à votre question, je puis vous assurer et vous dire qu’après à peu près un an de mise en œuvre, nous sommes satisfaits des actions et surtout de l’engagement patriotique des VDP qui, faut-il le rappeler, se sont engagés volontairement, un engagement qui est souvent allé jusqu’au sacrifice suprême. Je saisis cette occasion pour m’incliner devant la mémoire de ces vaillants VDP tombés sur le champ d’honneur, réaffirmer ma compassion et ma solidarité à leurs familles, et souhaiter un prompt rétablissement aux blessés. Les actions menées par ces VDP, que ce soit au niveau des communes ou que ce soit aux côtés des FAN et FSI, sont vraiment appréciées par les populations, et je peux affirmer que les autorités n’ont pas eu tort en décidant de leur recrutement massif.

S : Les conditions, en termes de ration journalière, primes mensuelles, équipements, sont-elles réunies pour les VDP ?

Lt-colonel T.S. : Le contexte est difficile mais des efforts sont faits pour leur assurer un minimum vital. Concernant les primes et les prises en charge, il y a des textes juridiques qui fixent les avantages financiers et en nature accordés aux VDP et les dispositions sont prises pour mettre en application ces textes. Cela concerne principalement les primes d’opérations qu’ils reçoivent mensuellement, la prise en charge des soins de santé, l’appui au fonctionnement des groupes communaux de VDP, l’allocation financière d’invalidité permanente, les frais d’inhumation et l’assistance financière des ayants droit lorsque des VDP perdent la vie sur le terrain d’opérations. Cependant, pour ce qui est des équipements, c’est un processus qui a un coût et comme vous le savez, le gouvernement a mis en place le Fonds de soutien patriote (FSP) destiné à financer les dépenses des VDP dont les équipements. Les actions entrant dans le cadre du FSP (ndlr, Fonds de soutien patriotique) sont régies par un manuel de procédure et ont débuté courant mois de mai 2023, donc le processus est toujours en cours. Il y a eu bien des équipements qui ont été déjà acquis et attribués aux VDP sur le terrain et d’autres sont en attente.

S : Le gouvernement avait lancé, du 24 octobre au 18 novembre 2022, un recrutement de 50 000 VDP dont 35 000 assignés dans les communes et 15 000 sur l’ensemble du territoire national. Au finish, l’on a pu enregistrer plus de 90 000 VDP. Mais à ce jour, à combien peut-on estimer le nombre de VDP ?

Lt-colonel T.S. : Comme vous le rappeliez, l’année passée, le gouvernement avait lancé un recrutement de 50 000 VDP, à savoir 35 000 VDP communaux et 15 000 VDP nationaux. A la fin, nous avons enregistré effectivement plus de 90 000 inscrits. A ce jour, nous pouvons dire que les effectifs escomptés ont été dépassés, parce que sur la base de 50 000 VDP, aujourd’hui nous sommes autour de 60 000 VDP qui combattent sur le terrain, au niveau des communes et aussi aux côtés des Forces armées nationales et des Forces de sécurité intérieure.

S : On apprend parfois que certains VDP seraient des terroristes ou leurs collaborateurs infiltrés dans le dispositif militaire afin de fournir des informations à l’ennemi. Quelle est votre réaction ?

Lt-colonel T.S. : Vous savez, aujourd’hui avec les réseaux sociaux, il y a tellement d’informations qui circulent et il peut y avoir de fausses informations comme celles provenant de sources réelles. Mais, je voudrais dire qu’à ce niveau, pour le moment, nous n’avons pas pris de VDP qui soient de connivence avec l’ennemi. Et lorsque ces cas s’avèrent, l’on se réfère aux textes juridiques qui encadrent l’emploi des VDP. Indépendamment de ces cas, lorsque des VDP violent les textes juridiques, je veux parler notamment du statut du Volontaire pour la défense de la patrie et le code de conduite du VDP, des sanctions sont prises à leur encontre, conformément à ces textes.

S : D’autres citoyens continuent de demander un nouveau recrutement de VDP. Pensez-vous que cela est nécessaire ?

Lt-colonel T.S. : C’est toujours nécessaire parce que tant que nous n’aurons pas ramené la sécurité sur toute l’étendue du territoire, et s’il y a les moyens logistiques et financiers de recruter, de former et d’encadrer ces VDP pour qu’ils puissent vraiment agir sur le terrain, cela sera toujours nécessaire. Aujourd’hui, les populations expriment de plus en plus le souhait de s’engager comme VDP dans les villages et les communes et appellent à de nouveaux recrutements. Mais cela aussi a un coût parce qu’il faut non seulement payer les différentes primes, mais il faut aussi de l’armement, des munitions et d’autres équipements. En attendant, nous fonctionnons avec les effectifs actuels et en fonction des moyens mis à notre disposition et nous appelons les populations à une franche collaboration avec les VDP sur le terrain.

S : Nous sommes à l’ère des réseaux sociaux et il y a des gens qui s’exhibent sur ces réseaux. Il y a eu souvent des VDP qui ont fait autant, quels conseils avez-vous à leur endroit ?

Lt-colonel T.S. : Il faut dire que nous essayons de donner des conseils et d’encadrer les VDP de manière permanente. Ils ont été formés dans un contexte particulier pour répondre à des impératifs particuliers et un travail continu est fait en termes d’encadrement, de formation et de sensibilisation. Ce que je peux donner comme conseils, c’est que tout VDP est soumis au statut du Volontaire pour la défense de la patrie et au code de conduite du VDP. Il est important que les VDP puissent respecter scrupuleusement ces textes juridiques qui encadrent leurs actions sur le terrain. En tant qu’auxiliaires des FAN et des FSI, ils doivent obéissance aux règles militaires. Cela évite aussi d’exposer la vie des militaires et même des VDP qui travaillent avec eux. L’autre aspect, c’est de rappeler à la communauté nationale et internationale, que la mission du VDP est de contribuer au besoin par la force des armes à la défense et à la protection des populations et de leurs biens. J’invite donc les populations à soutenir les VDP, parce qu’ils travaillent pour elles. Je rassure que ces VDP ne sont pas des hors la loi, encore moins une milice. L’engagement et le sacerdoce du VDP sont mus par un humanisme profond qui lui impose le respect des droits de la personne et de ses biens. A ce titre, outre la formation militaire initiale qui leur est dispensée, ils reçoivent aussi des formations sur le respect des droits humains. Avec le ministère de la Justice et des Droits Humains, chargé des Relations avec les Institutions, et les partenaires techniques et financiers, comme le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, l’UNICEF et bien d’autres structures, ce travail de rappel et de veille se poursuit sur le terrain et nous sommes satisfaits des résultats.

Interview réalisée par Boukary BONKOUNGOU

Romuald OUALBEOGO (Stagiaire)

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