Le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) a organisé un atelier régional de formation sur le journalisme d’investigation sur les crimes économiques et financiers, à l’intention d’une trentaine d’hommes et de femmes de médias des pays membres de la CEDEAO, du 2 au 4 août 2022 à Assinie, une ville balnéaire de la Côte d’Ivoire.
Chaque année, environ 3,7% du Produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique quitte le continent sous forme de fuites illicites de capitaux selon le rapport 2020 de la conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Selon le même rapport, ces flux concernent les pratiques fiscales et commerciales illicites et les activités criminelles telles que la corruption et le blanchiment de capitaux. En vue de renverser la tendance, le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) a décidé de s’appuyer sur les journalistes en les outillant sur l’investigation sur les crimes économiques et financiers. C’est dans ce sens qu’il a organisé du 2 au 4 août 2022 à Assinie en Côte d’Ivoire, une session de formation au profit d’une trentaine de professionnels de médias des pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Aux dires du coordonnateur de la communication du GIABA, Timothy Melaye, cette rencontre avait pour objectif de renforcer les capacités des participants sur les techniques de recherche d’information et d’investigation en lien avec la Lutte contre le blanchiment de capitaux et le Financement du terrorisme (LBC/FT). Et ce, en vue de les aider à mieux rédiger des articles sur la LBC/ FT et à mieux traiter les informations touchant aux crimes économiques et financiers dans leur pays. Elle a par ailleurs servi de cadre pour porter à la connaissance des hommes de médias les missions du GIABA dans l’optique de faire d’eux des « alliés sûrs » dans la mise en œuvre du mandat de l’institution qui est de renforcer les capacités des Etats membres dans la prévention et la LBC/FT. « Le GIABA seul ne peut pas réussir la LBC/FT. Le crime organisé est un phénomène qui ne connait pas de frontières et il est important que tous les Etats collaborent afin d’y faire face », a indiqué M. Melaye.
Un rôle incontournable
Il a par ailleurs traduit la reconnaissance de son institution aux autorités ivoiriennes qui ont permis et facilité la tenue de la formation sur leur territoire. Un appui tout à fait logique selon le représentant du ministre ivoirien en charge de la communication, par ailleurs président de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF-Côte d’Ivoire), le colonel-major Idrissa Touré, pour qui la lutte contre la criminalité économique et financière nécessite des efforts concertés, coordonnés, coopératifs et complémentaires au niveau de toutes les parties prenantes dont la presse. « Au regard de leur rôle incontournable dans les changements transformationnels, les journalistes sont des alliés sûrs à mettre à contribution dans la LBC/FT », a-t-il estimé. Pour lui, l’engagement des hommes de médias dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et les crimes subjacentes dont la corruption est d’autant plus important au regard des conséquences économiques du phénomène sur les Etats. En Côte d’Ivoire par exemple, a-t-il fait savoir, la corruption a fait perdre au pays environ 1 400 milliards de F CFA en 2019, soit 4% de son PIB et 64% du service de sa dette. Poursuivant, il a noté que le top cinq des départements les plus touchés par la corruption dans son pays sont la construction, la défense, l’intérieur, l’agriculture et les transports. Cette situation, à des degrés près, est pareille selon lui dans tous les pays de la sous-région et nécessite des actions plus accrues. Il a donc appelé au renforcement des instruments et mécanismes de promotion de la transparence, de la responsabilité et de la redevabilité dans les différents pays afin qu’ils soutiennent efficacement le développement.
Nadège YAMEOGO