Dans la course pour les vaccins contre la COVID-19, Cuba reconnu mondialement pour l’efficience de son système sanitaire, n’est pas en reste. L’Institut Finlay des vaccins a annoncé, la semaine dernière, que le pays mobilise ses capacités pour produire 100 millions de doses du vaccin injectable Soberana 02 contre le coronavirus. L’ambassadrice de Cuba au Burkina, Nadieska Navarro, donne des détails sur ce vaccin, dans cette interview.
Sidwaya (S) : Le directeur général de l’Institut Finlay des vaccins, Vicente Vérez Bencomo, a indiqué que Cuba va produire 100 millions de doses du vaccin Soberana 02 contre le coronavirus. Pouvez-vous nous dire davantage sur ce vaccin ?
Nadieska Navarro (N.N.) : D’abord, permettez-moi de vous expliquer que les centres de recherche scientifique de Cuba, en répondant à l’appel de notre gouvernement, ont commencé très tôt à travailler pour développer des vaccins efficaces contre la pandémie de la COVID-19. Comme résultat, Cuba a développé aujourd’hui quatre vaccins dénommés Soberana-01, Soberana-02, Abdallah et Mambisa. Chaque vaccin a des objectifs différents et a été conçu pour différentes phases de la maladie. Soberana-02 est la plus avancée dans son étape des essais cliniques. C’est un vaccin préventif, de sous-unités protéiques composés de la protéine du Receptor Binding Domain du SARS-COV-2, produite par biotechnologie, créé par l’Institut Finlay de vaccins (IFV) et le Centre d’immunologie moléculaire (CIM) du groupe BioCubaFarma.
Ce sont deux institutions très prestigieuses et reconnues au niveau international. La plateforme sur laquelle le vaccin est basé est bien connue et prédit une sécurité élevée avec très peu d’effets indésirables. Cela a été confirmé dans l’essai clinique de phase I conclu avec un total de 100 sujets. On vient de commencer l’essai clinique élargi à la de phase II, qui sera étendue à 900 personnes âgées entre 19 et 80 ans, tandis qu’en février un nouveau test avec la population pédiatrique est prévu, afin qu’il puisse également être administré aux enfants. La troisième phase interviendra après l’obtention des résultats de cette étape. Au cours de cette période, les autorités sanitaires prévoient inclure 150 000 personnes vulnérables et les résidents des zones à haut risque. Les études en cours permettent de prédire que le vaccin peut être utilisé selon des schémas de trois doses avec quatre semaines entre chaque application. Dans le cas de notre pays, la vaccination sera gratuite et on espère immuniser toute la population cubaine cette année.
S : En plus de Cuba, le vaccin sera envoyé à d’autres pays comme le Vietnam, l’Iran, le Vénézuela, le Pakistan et l’Inde. Est-ce qu’un pays africain qui en fait la demande pourrait en bénéficier ?
N. N. : Ce sont des pays qui ont montré d’abord un intérêt pour l’acquisition du vaccin, mais Cuba est ouvert à la demande de tous les pays intéressés. C’est pour cela, que nous sommes en train de mobiliser nos capacités pour produire 100 millions de doses du vaccin.
S : Dans quel sens votre pays pourrait-il aider le Burkina Faso à acquérir le vaccin contre la COVID-19?
N. N. : Nous allons présenter la fiche technique du vaccin avec toutes ses spécificités aux autorités sanitaires du Burkina Faso. Elles devront évaluer la convenance d’acquérir le vaccin et se prononcer. Notre ambassade est disponible pour assister et établir les contacts entre les institutions des deux pays. Nous sommes disposés à accompagner les démarches nécessaires en cas d’une demande de la partie burkinabè pour acquérir le vaccin.
S : Le directeur général de l’Institut Finlay des vaccins a affirmé que « la stratégie de Cuba pour commercialiser le vaccin est marquée à la fois par un profond souci d’humanisme et de santé mondiale». Est-ce à dire que le vaccin sera proposé à un prix accessible à tous ?
N. N. : Nous pouvons confirmer ce que le directeur de l’Institut Finlay a dit. Cuba poursuivra toujours l’objectif d’aider les populations d’autres pays, particulièrement des pays sous-développés. C’est une tradition cubaine d’être solidaire des autres pays. Dans ce cas-là, le but, c’est de garantir à ce que le vaccin soit accessible pour tous ceux qui en auront besoin.
Propos recueillis
par Karim BADOLO